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BIBLIOTHÈQUE BRITANNIQUE;
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Extrait des ouvrages Anglais, Français , Allemands et
ltaliens , et des Transactions des Sociétés savantes , EN DEUX SÉRIES, INTITULÉES: LITTÉRATURE ET AORMEN CES LTeNLTrS:
rédigé à Genève,
PAR UNE SORA DE LETTRES.
TOME PREMIER.
NAOLECF-ELE LUB: SR IE:
EFFFTÉRATURE
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:_ À GENÈVE, De l'Imprim. de la Brscrornéque BRITANNIQUE.
1816.
AVIS
DES RÉDACTEURS.
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Dés circonstances dans le détail desquelles il seroit superflu d'entrer, et qui n’ont point dépendu de nous , ayant retardé de trois mois entiers l'arrivée de la. fonte des carac- tères destinés à ce Recueil, sous son nou- veau titre, ce retard forcé a donné à l’opi- nion d'un assez grand nombre d'abonnés le temps de se manifester, sur les convenances du changement que nous avons annoncé dans le Prospectus de la BIBLIOTHÉQUE UNIVERSELLE. Nous avons recu à cet égard plus de signes
de regret qu'on ne nous a donné d'encou-
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rasemens. On a semblé partager des craintes que nous avions déjà concues; celle de nous voir forcés , par l'extension de notre plan, à perdre en profondeur ce que nous gagne- rions en surface ; celle d'entrer en lice, et peut-être en lutte inégale, avec des Recueils : périodiques estimés; celle de devenir moins libres dans notre choix; celles enfin, qui sont assez naturelles dans toute entreprise dont les chances se calculent diflicilement. Nous ne savons pas même sil y a lieu d’in- terprêter à faveur ou défaveur de la forme annoncée , l'empressement avec lequel on nous demande aujourd'hui, plus que dans aucun temps antérieur , des. collections en-
tières de la BIBLIOTHÉQUE BRITANNIQUE.
Ebranlés, mais non convaincus par ces considérations , nous publions provisoire- ment sous le titre annoncé, le premier ca- hier de chacune des deux divisions de cette nouvelle série de notre Recueil. Le résumé
que contiennent ces deux cahiers, pourra
C6.) convenir à l'ancien titre , comme au nouveau, si, après avoir donné à la réflexion tout le temps nécessaire, nous nous décidons à re- prendre le premier. Toutefois, dans cette dernière supposition, nous ne retournerions point au système d'après lequel nous n’ad- mettions dans la BIBLIOTHEQUE BRITANNIQUE que les productions d’origine anglaise; nous y introduirions, dans l’occasion, celles des autres pays; mais en conservant toute notre liberté de choix, et en ne consultant, pour notré distribution, que l'abondance relative . des matériaux que nous aurons à mettre en œuvre, et le degré d'intérêt que chaque objet nous semblera mériter.
Genève, le x1.er Mai 1816.
P.S. Ceux de nos äbonnés qui auroient une préférence décidée pour lun, ou pour l'autre des deux Titres entre lesquels nous hésitons, sont priés de vouloir bien prendre la peine de nous renvoyer, sous bande, celui
des deux qui n'aura pas leur approbation.
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APERÇU 1 “DES
RecHgncHEs ET DES DÉGOUVERTES RÉCENTES DANS LES ScrENcEs ET LES Ans.
A L'ENTRÉE d'une carrieré, à quelques égards nouvélle pour nous, par l'étendue qu’élle recoit du plan nouveau de ce nait, il nous semble utilé et cônvenablé! d8 fixer notre point de départ en commercant par un exposé sommaire de l'état actuel des Sciences et des Arts, dont nous avons occupé pendant vingt années les spa dé la Bibliothèque Britannique. En procédant ainsi, nous ob- tenons encore l'avantage de conserver d'entrée à notre travail lun des caractères qui lui a valu quelque faveur pendant cette longue période , c'est-à-dire , là forme un peu didactique sous laquelle nous nous étions imposés le devoir de présenter les recherches et les découvertes, à mesure que le temps les faisoit naître dans cette contrée d'outre-mer, dont les productions nous ont sur-tout occupés. Ce premier Cahier de la division des Sciences de la BIBLIOTHÉQUE UNIVERSELLE sera donc .entièremént destiné à l'exposé rapide des acquisitions récentes de la science ; et sur-tout pendant l’année qui vient d'expirer. . On peut considérer z'Ixsrrrur Royaz de France, et Îles Socrérés Rovazes de Londres et d'Edimbourg comme des foyers principaux , où les lumières se concentrent et d'où elles rayonnent , on peut dire aujourd'hui sur tout
Sc, et arts. Nouv. serie, Vol, 1. N°. 1. Janv, 1816, À
$ APERCU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
le globe. Les Mémoires de ces deux Compagnies savans tes et les “verbaux de leurs séances renferment les élémens principaux du compte qué nous allons rendre ; et nous les puiserons sur-tout dans ces deux sources. Il n'en est pas ainsi de l'Allemagne et de l'Italie ; la république des sciences et des arts n'y a point de ca- pitale; et chaque université, dans ces contrées, a un droit presqu’égal à être considérée comme centre d'ac- tion. Mais les communications y sont ouvertes et faci- les ; et un nombre de Recueils périodiques y procure aux lumières une circulation rapide , rendue plus active encore en Allemagne par les mouvemens du commerce, qui, dans ce pays, regarde les alimens de la pensée, et les produits de la presse comme des objets de pre- mière nécessité, et sur lesquels il étend son domaine et jusquà ses spéculations.
FRANCE,
Le souvenir si récent des convulsions qui ont tour» menté ce,beau royaume pendant l'année 1815 , ne sem- bleroit pas laisser d'espérance pour une récolte scienti- fique. Il nous paroît intéressant de signaler le caractère historique de cette année si mémorable pour la France; ét d'opposer aux funestes résultats qu'on pouvoit en re- douter, les progrès réels des sciences et des arts , dans le même pays et dans le même intervalle. Rien ne relève mieux le bienfait de la civilisation et n'en donne une plus juste mesure que ce singulier contraste. Voici les deux faces du tableau , esquissées en peu de traits, et de main de maître (1).
_+ Encore une année de dévastation et de terreur ! La discorde ensanglantant de nouveau notre patrie,
(2) Mr. le chevalier Cuvier. Annalyse des travaux de la Classe des Sciences maïh, et phys. de l'Institut Royal de eg pendant l'année 1815e
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 3
Texistence de ce beau royaume remise en question ; le repos et la fortune des plus paisibles citoyens un mo: ment sans protection et sans garantie ; d'innombrables armées inondant nos provinces, s'emparant de nos villes, ressaisissant violemment , au milieu d'une capi- tale conquise, ces trésors des arts , accumulés naguères par d'autres violences : telles ont été , pour les plus innocens , les suites d'un trop coupable attentat. Mais, les sciences consolent et tranquillisent : aujourd'hui tous les peuples les respectent : au milieu du tumulte des armes nos Archimèdes n'ont rien à redouter de ces sol- dats éclairés , à qui leurs noms et leurs travaux sont connus , et qui se réjouissent de pouvoir devenir un ins- tant leurs disciples. Peut-être même, est-ce aux mo- mens les plus terribles , que , réfugiés dans les profon- deurs de la méditation , se dérobant dans l’exaltation de leur esprit aux horreurs qui les environnoient , ils sont arrivés quelquefois aux combinaisons les plus heureuses, aux découvertes les plus fécondes. On verra du moins, que la liste des travaux de cette année, ne le cède en rien à celle des temps les plus paisibles. »
SCIENCES PHYSICO-MATHÉMATIQUES.
* Axazvse arrziQuée. Îl sera difficile, pour ne pas dire impossible , de donner, dans les limites auxquelles nous sommes forcés de nous astreindre , une idée du beau travail de Mr. La Place sur le flux et reflux de la mer. Nous nous bornerons aux résultats principaux.
Le phénomène des marées en général étoit connu des anciens et n'avoit pu. échapper aux habitans des côtes de l'océan. Ils avoient même entrevu certaines va- riations ou périodes, dans l'intensité du phénomène ; mais on n'a eu , sous ce dernier point de vue, d'ob- servatiôns exactes et suivies que celles que l'Académie des sciences ft entreprendre, au commencement du
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4 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
dernier siècle , au port de Brest, très-favorablement CCR tué, et où les marées sont considérables. En 1806 on y: a commencé, à la demande de Mr. La Place, une nou-
velle série d'observations qui doivent être continuées pendant une périede entière de la révolution des nœuds : de l'orbite lunaire (environ dix-neuf ans ) ;on en a déjà
à-peu-près la moitié, et on peut établir une comparai-
son entre des résultats observés, à un siècle de dis-
tance. ;
On sait que les marées sont dues à un ensemble très- compliqué résultant de l'action de deux corps, le soleil et la lune , sur la masse mobile des eaux qui recou-, vrent les trois quarts du globe. Les positions des deux. corps attirans relativement à la masse attirée changent continuellement, et les effets changent avec elles ; il s'a- git de démêler l'influence de la distance , de la direc-. tion plus ou moins perpendiculaire , de l'action cons- pirante ou opposée de ces corps, dans les résultats qu'ils produisent; et jamais questions plus difficiles n'ont occupé un géomètre plus digne de les méditer avec succès.
Il résulte d'abord de son examen , que les hauteurs actuelles des marées dans le port de Brest surpassent d'un quarante-cinquième environ , les hauteurs détermi- nées par les observations anciennes ; une portion de cette différence peut être due aux erreurs des obser- vations ; et le reste à un changement séculaire dans: Jaction du soleil et de la lune. :
On sait que les hautes et basses marées suivent , à, un intervalle de temps plus ou moins distant, le pas- sage au méridien , de la lune , dont l'action est trois fois. plus grande que celle du soleil. Bernoulli attribuoit une partie du retard à l'inertie des eaux , et une autre
partie au temps que l'action attractive de la lune em-.
ployoit peut-être pour le transmettre à la terre. Mr. La Place a reconnu par l'ensemble des phénomènes cé» P :
- DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 5
lestés, que l'attraction se transmet avec une vitesse in- comparablement supérieure à celle de la lumière même.
Nous avons dit tout-à-l'heure que le rapport de l'ac- tion de la Inne à celle du soleil , pour élever les eaux, étoit environ celui de 3 à 1. Les observations semblent montrer que les circonstances locales accroissent dans le port de Brest, ce rapport, d'une quantité égale à 6,1335 de l'action totale de la, lune sur l'océan. Il y a 14 à parier contre 1 que cette quantité nest pas em erreur de sa moitié.
Mr. Là Place canclut de ce rapport rectifié, que la masse de la lune est égale à ;;,; de celle de la terre; d'où résultent 9",65 pour le coëfficient de la nutation, Maskelyne avoit trouvé 9",60.
On sait que la parallaxe du soleil, ou Fangle sous lequel on. verroit , de. cet astre , le demi diamètre de la terre, est le seul moyen de déterminer la distance de notre planète; distance qui, d'après l'une des belles lois de Kepler, donne la elef de toutes les autres , dans le système solaire. Cette importance explique les sacri- fices que firent les Souverains en 1761 et 1769 pour en- voyer, dans des stations favorablement choisies sur le globe, des astronomes à ‘portée d'observer deux pas- sages de Vénus devant le soleil, phénomène plus pro- pre: qu'aucun autre à. faire obtenir cette détermination d'une. manière directe. Toutes ces observations, conve- nablement discüutées et calculées, ont montré: que cette parallaxe n’est ni au-dessous de 8,50 ni au-dessus de 8",70. Il reste donc, sur la distance du soleil à la terre, et par conséquent sur les dimensions absolues du sys- tême solaire , une incertitude de --, c'est-à-dire, de: huit cent mille lieues, environ , sur cette distance de la terre au soleil, qu'on prend ordinairement pour unité. : La théorie lunaire donne la parallaxe du soleil d'une: manière indirecte : d'après les calculs de: Mr. La Place elle se trouve égale à 8,59: Mr. Ferrer a ohtenu le
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même résultat par une nouvelle discussion des obsere vations du passage de Vénus en 1769. Cette quantité est bien voisine du milieu entre les deux limites que nous venons d’assigner à l'incertitude sur cet élément de première importance. '
APPLICATION DU CALCUL DES PROBABILITÉS À LA PHI- LOSOPHIE NATURELLE. Dans son beau et profond travail sur la Théorie analytique des probabilités Mr. La Place, avoit eu sur-tout en vue les applications dont cette théorie étoit susceptible dans la recherche des lois des phénomènes naturels : il y en a deux principales ; 1.° la détermination du résultat moyen le plus avantageux, c'est-à-dire, qui donne le moins de prise à l'erreur, dans la comparaison d'un nombre d'observations. 2.° La pro- babilité que l'erreur de ce résultat est comprise dans des limites données. Nous avons offert, tout-à-l'heure , un exemple de l'application de la théorie à ce dernier cas; le Mémoire dont nous parlons actuellement en renfer- me deux autres ; lun relatif aux valeurs des masses de Jupiter, de Saturne et d'Uranus ; l’autre a pour ob- jet la loi de variation de la pesanteur: voici br pr détails à ce sujet.
Par un travail très- considérable sur les mouvemens de Jupiter et de Saturne, Mr. Bouvard a trouvé la masse de cette dernière planète, en y comprenant ses satel- dites et son anneau, égale à :-;;: de celle du soleil. Mr. La Place trouve , d’après ses formules de probabi- lité, qu'il y a onze mille à parier contre un, que l'er- reur de ce résultat n’est pas de --- de sa valeur. Il trouve plusieurs milliards à parier contre un, que l'erreur fi- nale n'est pas de -. Mr. Bouvard a trouvé la masse “de Jupiter et de ses satellites égale à ---- de celle du soleil ; et Mr. La Place montre qu'il y a un million à parier contre un, que ce résultat n’est pas en erreur d'un centième de sa valeur. Il y a quelque chose de très-satisfaisant pour l'es- prit , lorsqu'il est forcé à conserver un certain doute , d'en
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- DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. »
sonnoître précisément la mesure et les limites ; car la portion en-dehors de ces limites est alors équivalente à la certitude morale. ;
La seconde application de la méthode de Mr. La Place a lieu sur trente-sept observations de la longueur du pendule à secondes, choisies depuis 67° de lat. bor. jus- qu'à 51° de latitude australe. La loi de variation de la longueur du pendule isochrone , qu'elles donnent , est ä-peu-près la plus simple ; celle du carré du sinus de la latitude. Mr. Mathieu a trouvé que la longueur du pendule à secondes à l'équateur étant prise pour l'u- nité, le coëfficient du terme proportionnel au carré du sinus de la latitude est = 0,00551. D’après les formules de probabilité appliquées à ces observations, il y a 2127 à parier contre un, que le vrai coéfficient est com- pris dans les limites de cinq ,et de six, millièmes.
Voici un résultat géologique qui ressort de ces cal- culs. Si la terre est un ellipsoïde de révolution, le coëf- ficient 0,005 répond à l’aplatissement -2-; « il ya 4254 à parier contre un, dit Mr. La Place, que l'aplatissement est moindre ; il y a des millions de milliards à parier, que ce coëfficient est moindre que celui qui répond à l'homogénéité de la terre , et que les couches terrestres augmentent de densité à mesure qu’elles s'approchent du centre. La grande régularité de la pesanteur à la sur face prouve qu'elles sont disposées symétriquement au- tour de ce point. Ces deux conditions, suites nécessaires de l'état fluide , ne pourroient pas évidemment subsister pour la terre, si elle n'avoit point existé primitivement dans cet état, qu’une chaleur extrême a pu seule don- ner à la terre entière. »
Qui auroit jamais imaginé que la théorie et les ex- périences du pendule fourniroient un jour à la théorie Plutonique de notre globe l'une des inductions les plus fortes en sa faveur ? On a ici: l'un des exemples les plus frappans de l'enchaînement qui existe entre les
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8 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
sciences en apparence les plus distantes, et des secours mutuels qu'elles peuvent se prêter quand ces rappro- chemens sont dirigés par des esprits supérieurs.
Les calculs qu'on appelle aussi supérieurs, continuent à se développer entre les mains des géomètres Français. Mr. Legendre a publié la cinquième partie de l'ouvrage auquel il a donné le titre modeste d'Exercices du cal- cul integral; et elle ne sera pas la dernière. Poursuivant les conséquences des principes qu'il a posés , il ajoute dans celle-ci au nombre des équations dont l'intégrale sera possiblé ; il facilite et étend les applications de ces calculs par l'évaluation exacte , ou approchée , de di- verses sortes d'intégrales définies; il explique une erreur remarquée dans un résultat d'Euler; il montre en par- ticulier , que les fractions continues ne doivent être em- ployées qu'avec de grandes précautions, et en s'assurant que dans chaque cas la quantité nécessairement omise dans le terme auquel on s'arrête n'influera pas sensi- blement sur la valeur totale de la fraction; il paroît préférer à l'emploi de ces fractions dans le caleul inté- gral, l'usage des suites, qui en représentent la valeur terme à terme, et sur le retour desquelles il-démontre des théorèmes importans. Il donne une extension re- marquable aux méthodes de La Grange pour dévelop- per en séries convergentes l'arc dont la tangente est don- née en fonction rationnelle des sinus et des cosinus d’un autre are indéfini. Enfin, il met au jour une nouvelle espèce de transcendantes qui ont plusieurs belles pro- priétés et dont on peut faire de nombreuses applica- tions à la théorie des perturbations des planètes; il cal- cule des exemples jusques à huit et treize décimales , et indique les différentes routes qui peuvent conduire au même point; attention d'autant plus utile , que les calculs sont plus longs et plus difficiles.
Dans un mémoire d'analyse pure, Mr. Ampère a dé- montré un théorème d'où l'on peut déduire toutes les
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. $
“lois de la réfraction ordinaire et extraordinaire. Mr. La Place avoit déjà ramené cette singulière duplication des images qu'on observe dans le carbonate de chaux et d'autres substances transparentes, à un principe unique , celui de la moindre action. Mr. Ampère a démontré identité de ce principe, et d’une construction analogue à celle que Huyghens a donnée pour un cas parti- ‘culier, celui où la loi de réfraction extraordinaire ne dépend que d'un seul angle. De ce même théorême ; cet habile géomètre déduit une construction applicable à tous les cas où l’on connoît la vitesse de la lumière; ‘en fonctions de deux angles qui en déterminent la di- rection , et par laquelle on obtient le rayon refracté quand on a la direction du rayon incident.
- Entre tous les objets des recherches physiques, ceux qui offrent le plus de prise aux procédés et aux appli” cations mathématiques sont certainement la lumière , et le calorique. La subtilité prodigieuse de ces émanations» leur mouvement rectiligne, leur rapidité extrème, les ‘rapprochent en quelque degré de ce pur idéal qui fait Tessence des conceptions mathématiques. Mr. Poisson l'un des plus jeunes et des plus profonds géomètres de l'Institut, a repris cette année une question qui avoit fait ‘en 1812 le sujet d'un prix remporté par Mr. Fourrier membre de l'Institut d'Egypte, sur le mode de distribu- tion de la chaleur dans les solides. Il regarde comme constantes trois quantités très-distinctes ; la capacité de ‘calorique de la matière dont le corps est composé ; la faculté conductrice proprement dite de cette même subs- tarice ; et le coëfficient à appliquer à la température, dans l'expression du rayonnement extérieur. Le problème se divise ensuite en deux parties : dans la première l'au- teur recherche les équations différentielles desquelles dé- pend la distribution de la chaleur dans l'intérieur , ou à la surface du corps ; la seconde , qui est purement ana- lytique , comprend l'intégration de ces équations, et
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la détermination des fonctions arbitraires contenues dans leurs intégrales, d'après l’état initial du corps et les con- ditions de sa surface. I} suppose implicitement, dans tout ce travail, une action à distance entre les molécules d’un solide diffé. remment réchauffées ; demande que nous ne sommes pas disposés à lui contester , et qu'il n’étend pas au-delà d'une sphère d'action aussi petite qu'on voudra. Si l'étendue de cette action entroit dans le domaine des sens il y au- Foit à faire aux calculs certaines modifications que l’auteur promet d'indiquer. En partant de ces données il trouve, pour le mouvement de la chaleur dans un corps de figure quelconque , la même équation que Mr. Four- rier a donnée dans sa pièce couronnée, et qui est commune à tous les points du corps. L'auteur en pré- sente une autre, générale comme la première ; à la- quelle Mr. Fourrier étoit aussi arrivé par une autre ‘voie, et qui se rapporte exclusivement aux points rayonnans à la surface. | Pour intégrer ces équations, Mr. Fourrier avoit em- ployé une méthode semblable à celle que Daniel Ber- mouilli avoit jadis appliquée aux cordes vibrantes , et contre laquelle Euler , d'Alembert, et La Grange avoient “élevé des. objections qu'on pouvoit reproduire contre Mr. Fourrier; dont toutefois les résultats étoient exacts, ainsi que Mr. Poisson s'en est assuré, et le reconnoît “expressément dans son Mémoire. ; Le même géomètre s'est occupé avec succès de la théorie difficile des ondes, sur laquelle l'Institut a pro- -posé une question , objet d'un prix à adjuger cette année 1816. Il ne suppose pas de percussion ; mais la simple rétraction brusque hors du fluide, d'un solide -qui y -étoit plongé. Il se forme autour de l'endroit qu'il oc- “cupoit, des ondes, dont il s'agit de déterminer la pro- pagation , soit à la surface, soit dans l'intérieur de la masse fluide. Mr. Poisson n'a considéré que le cas où
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. T1
les agitations de l'eau sont assez petites pour qu'on puisse négliger le quarré et les puissances supérieures, des vitesses , et les déplacemens de molécules. Il sup- pose la profondeur de l'eau constante dans toute son étendue. Il atraité aussi le cas d'un canal vertical, d’une largeur constante, et d'une longueur indéfinie. * La comparaison des mesures barométriques des hau- teurs avec leurs niesures géométriques est encore un de ces exemples intéressans de l'alliance des sciences na- turelles aux sciences exactes. Dans le cours d'un im- mense travail de nivellemens barométriques exécutés aux environs de Clermont-Ferrand , Mr. Ramond a saisi Voccasion de comparer ses résultats sur quelques points, avec ceux obtenus pour les mêmes sommets dans de grandes opérations trigonométriques exécutées par Mr. Broussard , chef de bataillon du génie , dans le départe- ment du Puy-de-Dôme. Il en est résulté l'accord le plus satisfaisant dans les hauteurs déterminées par les deux méthodes. Pour le Puy-de-Dôme en particulier , la différence de leurs résultats ne s'est pas élevée à un mètre; et pour le Puy-de-Sancy , à deux décimètres seulement , sur une hauteur de 843 mètres. Au moyen de stations intermédiaires bien exactement déterminées, Mr. Ramond a obtenu les hauteurs de quatre - vingt montagnes, et de deux cents points les plus remarquables de cette contrée. Combien ne seroit-il pas à désirer que cette topographie verticale ; la plus intéressante sous le rapport du climat et de la géologie , fût avancée et soigné par tout comme elle l'a été dans l'Auvergne pa* l'excellent physicien et naturaliste dont nous venons d'in: diquer les travaux !
Les recherches de Mr. Biot sur la lumière ont cons tinué d'enrichir l'optique cette année. Nous allons es- sayer d'en donner un apercu, en remontant à l'origine “des phénomènes aprofondis.
* Lorsqu'un rayon de lumière pénètre dans ‘un cristal
#2 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
dont la forme primitive n’est ni l'octaëdre régulier , ni le cube , ‘on observe en général qu'il se divise en deux “faisceaux inégalement réfractés. L'un se nomme le fais- eau ordinaire , parce que sa déviation a lieu dans tous les corps transparens; l'autre est dit extraordinaire ; par- ce que sa loi est différente et plus compliquée. Il ré- sulte , comme on sait, de ce double effet deux images dans le spath dit d'Islande, soit le carbonate de chaux homboïdal. Huyghens avoit déterminé la loi de la ré- fraction extraordinaire par. une construction ingénieuse ‘et exacte.
Mr. La Place , appliquant à ces découvertes les moyens supérieurs de l'analyse, en a déduit l'expression géné- rale de la vitesse des particules lumineuses qui compo- sent le faisceau extraordinaire. Cette expression indique qu'elles sont séparées par une force émanée de l'axe du cristal , et qui, dans le spath d'Islande , est répulsive.
Ici commencent les découvertes les plus récentes de Mr. Biot. Il a trouvé que dans un grand nombre de cristaux à double réfraction le rayon extraordinaire est atire vers Taxe, au Hieu d'en être repoussé ; ce qui di- vise ces cristaux, sous ce rapport, en deux classes, l’une à double réfraction attractive, autre, à double refrac- tion reépulsive ; c'est à cette dernière qu'appartient le spath d'Islande ; et le cristal de roche est compris dans la première classe. Les formules de Mr. La Place s'ap- pliquent également à l’une et à l'autre.
Antérieurement, et sous le rapport de la polarisatiori de la lumière, dont nous parlerons bientôt , Mr. Biot avoit aussi découvert une opposition singulière dans ce genre d'influence , selon la nature des cristaux qui l'exer- cent; il avoit désigné ees deux influences agissant en
sens opposé, sous les épithètes de polarisation quartzeuse et polarisation berillee, parce que le quartz et le béril en offroient les exemples les plus caractérisés. Cette» découverte se he à celles sur la réfraction » €n -tant
DANS LES SCIENCES ET: LES: ARTS | 13
tœuil trouve que tous les cristaux doués de la polari- sation quartzeuse sont attractifs; et que tous ceux qui exercent la polarisation bérillée -sont répulsifs: Ainsi, de même qu'il y a deux électrieités , deux magnétismes, il faut reconnoître aussi deux forces polarisantes op=' posées. :
,Continuant ses . recherches, sur la polarisation de la
lumière , et s’occupant de cet effet produit à la surface
des métaux, Mr, Biot a découvert que le même métal, .
selon qu'il est poli au marteau, ou par le frottement, produit, sur,la lumière réfléchie , des effets qui s'exer-
cent dans. des sens :différens. Il en résulte dans certains.
cas , des couleurs , qui suivent la série des anneaux CO-
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lorés de Newton ; l'étude et l'exposition de ces effets.
divers a fait l'objet d'un grand et subtil travail de l’au- teur , recherche que la nature du sujet ne nous permet que d'indiquer.
: Ce même géomètre physicien a reconnu dans cer- tins fluides très-transparens tels que l'huile de téré-
benthine , une influence polarisante très-remarquable, et,
tout-à-fait analogue. à ce qui se passe dans les plaques de, cristal de aie coupées perpendiculairement à l'axe ;
mais cette influence a une intensité beaucoup moindre. :
Divers fluides fléchissent la lumière dans des sens difs
férens toutes choses égales, La térébenthine, et l'huile;
de laurier la détournent de droite à gauche ; l'huile de citron et l'alcool camphré la font passer de gauche à droite. On peut, en les mêlant en proportions conve- nables , neutraliser les effets.
. Enfin , Mr. Biota découvert une nouvelle espèce d’an- -neaux colorés qui sobservent dans les plaques de spath d'Islande taillées perpendiculairement à l'axe de cristalli- Sation. Le système de ces anneaux a ceci de particu-
lier , quil est.divisé comme en quatre quadrans , par,
les quatre branches d'une grande croix noire ; ces bran- ches , à mesure qu'elles s ‘éloignent de l'axe, vont en s'éta-
1Â APERCU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
lant comme les queues des comètes , et leur direction ést- parallèle et perpendiculaire au plan primitif de polarisa- tion du rayon incident.
Parmi les Mémoires présentés à la première classe de l'Institut , et qu'elle a approuvés, il faut distinguer celui qui renferme l'exposé des opérations exécutées dans les départemens du Haut et du Bas-Rhin pour servir de fondement à la carte de l'Helvétie et à la mesure du parallèle de Strasbourg à Brest , par Mr. Henri, colonel, et Mr. Delcross , capitaine au Corps royal des Ingénieurs- géographes. Jetons un coup d'œil rapide sur les travaux géodésiques qui se sont exécutés avec une admirable persérérance et un immense développement, dans ces mêmes contrées que la guerre travailloit,et souvent désoloit tour-à-tour ; ce parallélisme de la dévastation et de la conservation, cette présence simultanée du désordre et de l'ordre , est encore un des traits qui caractérisent le degré actuel de civilisation de l'Europe, et qui est évidemment l'effet de la culture des sciences réelles, des arts utiles et de l'influence que ces perfucdonnenisns de l'esprit exercent sur les peuples, même à leur inscu.
Tout le pays limité par la Meuse et le Rhin est au jourd'hui couvert d'un rézeau de triangles qui se rat- tâchent d'une part au grand travail de la méridienne de Paris , conduit de Dunkerque aux isles Baléares, et d'autre part, aux opérations géodésiques exécutées en Hollande par le général Kreyenhoff. Il ne manque qu'un petit nombre d'observations astronomiques, à la déter- mination exacte d’un arc du méridien de Groningue # Trêves , et du parallèle de Dunkerque à Cologne.
On a, au dépôt de la guerre, la triangulation com plète de la Souabe et de la Bavière. Ces deux canevas, liés entr'eux, se rattachent encore à ceux de la’ Bohème, de Saltzbourg et de l'Autriche, exécutés par des Ingé- nieurs autrichiens. Une grande base , mesurée dans les ehvirons de Munich, et de nombreuses observations
a DANS LES SCIENCES ET LES ARTS Lu
astronomiques faites à Vienne , et au château de Ho- henstein , fixent l'échelle de tous ces travaux, et la po- sition rigoureuse d'un nombre prodigieux de stations.
Un réseau trigonométrique qui embrasse la plus grande partie de la Westphalie et de la Basse-Saxe se lie aux opérations géodésiques de la Hollande. On à mesuré un arc du méridien , de Cassel à Copenhague, et un arc du parallèle d'Amsterdam ; il ne reste à déterminer bien exactement que les longitudes et latitudes des points ex trèmes.
On a une triangulation de l'isle d'Elbe, qui se rats tache à celle qui fut exécutée en Corse et sur les côtes de Toscane en 1789, et elle s'appuie sur des observa+ tions astronomiques faites à Porto-Ferrajo. |
Un grand réseau trigonométrique qui embrasse la Lombardie et le Piémont, et atteint les Alpes vers lé petit St. Bernard , se lie à six bases mesurées et vérifiées à Turin, à Milan, à Padoue, au Tagliamento, à Ri- mini, et à Rome. On a des observations astronomiques exactes faites à Milan, Rimini, Rome, Venise, St Salvador; et un nombre de données pour la mesure d'un arc du parallèle qui s'étend de Turin jusqu'au fond de l'Adriatique. $ ‘ À cette triangulation se lie celle des Apennins , de Mondovi à Savone; celle de la Savoie est mise en com: munication avec la grande méridienne de France, au moyen d'un réseau provisoire qui va du Mont-Blanc au Mont-d'Or en Auvergne ; et on a de très-bonnes obser- vations astronomiques faites à Genève, à Lyon, et à : Clermont , stations principales dans ce réseau. On va joindre Brest et Strasbourg par une chaîne de trian- gles bien choisis, qui s’appuyera d’une part sur la base d'Ensisheim près de Colmar, et de l'autre sur une base qu'on mesurera dans les environs de Brest.
Cette base d'Ensisheim a été mesurée avec trois des gègles de platine qui ont servi aux bases de Melun et de
x6 APERÇU DES DÉCOUVERTES RECENTES
Perpignan , avec les mêmes attentions et le même succéé Sa longueur, à la Reupéqunre de 130. R. est de 0771,2 t C'est la plus grande qui äît été mesurée. Elle se lie à une. base de 7749,5 t. mésurée près de Darmstadt, par MM. Eckardt et Schleyermacher. Cette dernière , conclue de. la première par le calcul de la suite de rranglés qui les unit, ne diffère de la mesure réelle que de = de mètre, C'est-à-dire , environ 8 pouces; on seroit tenté d'attribuer au hasard cet accord si remarquable,si on n’en. avoit d'autres exemples. IL s'est trouvé le même , à très- peu près, entre les bases de Melun et de Perpignan liées entr'elles par une chaîne de 64 triangles; celle de: . Bavière , séparée de la base d'Ensisheim par une suite de 24 triangles, et conclue de celle-ci, ne surpasse la me- sure réelle que de -;; de metre. Enfin, la base d'Ensis- heim, jointe à celle de Melun par une série de 75 triangles, établis par des observateurs différens, qui ont employé des instrumens de dimensions et constructions diverses, a donné celle-ci différente seulement de 1",34 de sa mesure réelle. Ces rapprochemens procurent à l'en semble de ces beaux résultats un caractère de certitude mathématique qui en double le prix, en même temps qu'ils donnent la mesure du talent et de la persévérance des géomètres qui ont attaché leurs noms à ces travaux, auxquels il ne manque pour être apréciés que d'être mieux et plus généralement connus.
SCIENCES PHYSIQUES.
Carwre. Les sciences ont leurs révolutions, comme Îa politique : on auroit cru qu'à la suite de celle qui changea de nos jours la face de la chimie et donna à cette science , des bases, et un système régulier, devoit succéder un long calme; il n'en est rien : depuis deux ans, le principe oxigène , qu'on avoit présenté comme
générateur exclusif des acides, se voit enlever cette pré- rogative
* DANS LES SCIENCES ET LES ARTS, 17 Yogative par d'autres principes acidifians , qui n'ont avec Jui d'autre rapport que cet effet commun ; tels par exem- ple que l'hydrogène, qui uni à certaines bases, consti- tue ce qu'on appelle aujourd'hui des kydracides. Ce com- posé, qui précipite le fer en beau bleu, et qu'on a nommé acide prussique parce qu'il entre dans la composition du bleu de Prusse , a été analysé l'année dernière par Mr. Gay-Lussac, qui a justifié le soupcon de Mr. Berthollet qu'il ny entroit point d'oxigène, malgré ses propriétés d'acide, Après l'avoir uni au mercure, à l'état de prus- siate, Mr. G. L. a décomposé ce sel par l'acide hydro- chlorique (muriatique); et obtenant l'acide prussique pur , il lui a reconnu diverses propriétés singulières , et en particulier une extrême volatilité. Il la décom- posé à l'état de vapeur, par la combustion électrique, avec addition de l'oxigène nécessaire, qu'il a défalqué ensuite : etila trouvé ces proportions simples dans les volumes des composans de cet acide, savoir : un volume de car- bone, un demi volume d'azote, et un demi volume d'hydrogène. Ces volumes donnent en poids, d'après la densité relative de ces trois vapeurs
44,39 de carbone. 51,71 d'azote.
3,90 d'hydrogène.
Acide prussique 100
on peut remarquer en passant, que l'influence acidifiante de l'hydrogène doit être bien énergique. puis qu la pro- portion de moins de 4 pour : elle rend acide un com- posé de carbone et d'azote.
. Cet hydracide est le premier dont le radical se soit trouvé décomposable. L'épithète de prussique ne conve- nant plus à ce radical depuis que sa composition n'est plus une énigme , M. Gay-Lussac lui a donné le nom de cranogène( produisant du bleu ); et l'acide prussique s'ap-.
Se. et arts. Nous. série. Vol, 1. N°, 1, Jans,1816. B
18 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
péllera dorénavant hydrocyanique ; les sels qu'il former# avec diverses bases seront des hydrocyanates ; et les. combinaisons de son radical, des cyanures. Le bleu de Prusse ordinaire est, selon Mr. Gay-Lussac , plutot un cyanure de fer , qu'une kydrocyanate.
Le cyanogène a des propriétés fort remarquables. Sa densité, à l'état de gaz, est presque double de celle de l'air commun; 1l a une odeur particulière, et très-vive ; il donne à l'eau une saveur piquante, et il brûle avec une flamme couleur de pourpre. L'eau en absorbe une fois son volume, et l'alcool vingt-trois fois. Il n'y a là pourtant qu'un volume de carbone, sur un demi d'azote, l'un et l’autre à l’état de vapeur.
A la suite ‘d'un travail étendu sur les oxalates Mr. Dulong, professeur à Alfort près Paris, a trouvé que lorsque ces composés ont le zinc ou le plomb pour base ils ne sont pas de vrais oxalates, mais des combinaisons de l'acide carbonique et du métal, combinaisons aux- quelles il propose de donner le nom générique de car- bonides. Il croit aussi que l'acide oxalique devroit chan- ger de nom, et s'appeler d'après sa composition bien établie , acide hydrocarbonique.
Il faut ajouter aux faits déjà connus sur l’action chi- mique de la lumière, les suivans, découverts par Mr. Vogel : l'ammoniaque et le phosphore , qui ne s’attaquent point dans l'obscurité , dégagent sous l'influence des rayons solaires , du gaz hydrogène phosphoré , et dé- posent une poudre noire composée de phosphore et d'ammoniaque intimément combinés. Le phosphore et la “potasse s'unissent à-peu-près de même dans les mêmes circonstances. Les effets varient aussi selon la couleur des rayons; les rouges sont sans effet sur une solution de sublimé corrosif dans l'éther, tandis que les bleus comme aussi le faisceau complet , la déco mposent.
Mr. Chevreul , attaché au muséum d'Histoire naturelle de Paris, avoit reconnu dans ce quise passe entre l
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS, 19
potasse et les graisses, à la formation des savons, une action qui produit dans les élémens de la graisse, de nouvelles combinaisons, d'où résultent des substances comme nouvelles. Deux de ces composés , l’un qu'il a appelé margarine, V'autre, qui est une sorte d'huile, acquièrent les propriétés des acides. L'auteur, poursui- vant son travail en 1815, a découvert que la soude, les terres dites alkalines, et divers oxides métalliques pro- duisent sur les graisses le même effet; mais que la magnésie et l'alumine, qui s'unissent aussi avec les graisses, ne les décomposent pas. L'auteur a déterminé la capa- cité de saturation de la margarine et de la graisse fluide par les alkalis ; et l'ensemble de ses recherches sur un objet qui intéresse éminemment les arts et l'économie domestique a réuni l'utilité pour la science, à celle que Montaigne appeloit l'utilité de l'usage.
On sait que dans certaines circonstances les cadavres enfouis se convertissent en une substance analogue au savon. En l'analysant par les acides, Mr. de Fourcroy en avoit retiré une substance qu'il avoit crue identique avec celle qu'on retire des calculs biliaires de l'homme, et du blanc de baleine. Mr. Chevreul a trouvé que l'ingrédient tiré des calculs ne donne pas de savon, mais bien le blanc de baleine.
Il sort de l'écorce des büches de hêtre exposées à l’humi- dité une exudation jaune orangé, contournée comme du vermichel. En l’analysant, Mr. Bidault de Villiers y a trouvé un ingrédient analogue au gluten, et qui donne au feu beaucoup de carbonate d'anmoniaque, et une huile fétide. Ces caractères rapprochent cette substance des matières animales ; il seroit possible qu'elle eût avec elles un rapport d'origine.
L'état d'isolement de la France pendant vingt ans l'a- voit forcée à suppléer par les produits de son sol, à un nombre d'objets essentiels de consommation , que le
commerce ne lui fournissoit plus, Cest dans ces cir- B 2
20 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
constances que la chimie s'est sur-tout distinguée paf les secours puissans qu'elle a fournis; elle a enseigné à extraire du sel marin, la soude, base des savons et des verres ; à former de toutes pièces l'alun et les vitriols ; à fixer des couleurs jusqu'alors fugaces ; à remplacer par du bleu indigène celui de l'étranger; à produire avec la garance un rouge presque égal à celui de la coche- nille; enfin, à extraire d'une racine qui croit dans le climat de la France ce même principe sucré dont on attribuoit la production exclusive au célèbre roseau de la Zdne-Torride.
Quoique cette découverte aît perdu de son intérêt de circonstance, quelques-unes des exploitations auxquelles. elle avoit donné lieu peuvent encore soutenir la concur- rence des sucres d'Amérique ; telle est en particulier cette entreprise qu'on doit à Mr. le comte Chaptal, dont les sa- vantes instructions, qu'il a mises à la portée de tousles fabricans, conserveront au continent d'Europe cette in- dustrie , tout au moins curieuse , et qui pourroit un jour lui redevenir précieuse.
L'un des membres les plus savans et les plus laborieux de la section de chimie de l'Institut , Mr. Thenard , est à la veille de publier le quatrième et dernier volume de son Traité de Chimie. Ce grand ouvrage est complet sur la science, et l'amène à jour.
Les belles recherches de Mr. Th. De Saussure notre savant compatriote, sur l'absorption des gaz par les subs- tances solides et liquides, quoique moins récentes que celles qui font l'objet de ce résumé, doivent être rap- pelées , comme ayant essentiellement contribué à l'avan- cement de cette branche de la science. Elles l'ont con- duit à cette conclusion, savoir, que l'absorption des gaz par les solides poreux dépend de l'attraction capil- laire. Le charbon tient le premier rang parmi ces ab- sorbans ; il prend jusquà go fois son volume de gaz ammoniacal. L'eau diminue la faculté absorbante des
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 21
solides ; il se dégage de la chaleur dans l'acte de l'ab- sorption; deux gaz absorbés ensemble se condensent plus que chacun séparément ; toutefois cet acte ne les com- bine pas. L'auteur a examiné aussi la faculté absorbante des liquides ; et il a trouvé ( en opposition à la théorie de Dalton ) que divers liquides avoient des facultés ab- sorbantes différentes ; que l'eau absorbe les divers gaz , en proportions très-variées ; enfin , que la quantité d’un certain gaz qui se dégage de l’eau saturée , lorsqu'on met en eontact avec elle un autre gaz, n’est pas telle que Mr. Dalton l'avoit présumée.
Puysique. Il n'est pas difficile de s'apercevoir qu'en France cette branche importante des sciences naturelles a perdu de son lustre, et qu’elle y est actuellement moins cultivée , et avec moins de succès que jadis. Nous croyons entrevoir une cause de cette décadence ; c'est que l'attrait même de cette étude , les expériences plus ou moins surprenantes auxquelles elle donne lieu et qui frappent le vulgaire , ont fait tomber la science en mauvaises mains; on l'a dégradée, en convertissant de prétendues lecons, en spectacles, qui ne présentent que des objets de surprise, sans théorie raisonnée et sans utilité ; on y va chercher l'amusement des yeux, on en revient ébloui, mais non instruit.
Cependant, de bons esprits cherchent à lutter contre cette influence. La physique expérimentale a été main- tenue long-temps par Mr. Charles, à la hauteur d’une véritable science ; et la cessation de ses Cours a été en France l'une des principales causes de cette dégrada- tion que nous déplorons. Un ouvrage qui vient de pa- roître (1) nous semble très-propre à remettre la physi- que à sa place, et à lui rendre son importance dans la série des études de la jeunesse. Celui qu'on attend de
© QG) Essai d'un Cours élémentaire et général des sciences phy- siques ; par Mr. Beudant, prof. de l’université royale. Paris 1813:
se APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
Mr. Biot l'élèvera plus haut, et l'y maintiendra par. cette alliance intime avec les mathématiques, dont ce savant géomètre s'est montré si souvent le négociateur habile et heureux. On trouve aussi de la bonne phy- sique dans le travail présenté à l’Institut par MM. Dulong et Petit, sur la dilatation des solides et des liquides, et des fluides élastiques à de hautes températures. Deux méthodes différentes se sont accordées pour montrer que la dilatation du mercure dans le verre est croissante, comparativement à celle de l'eau ; mais la différence n'est bien sensible qu'au-delà du terme de l'ébullition. Là, le thermomètre à mercure s'élève plus que celui d'air, qui, par exemple, ne monte qu'à 291; quand celui à mercure est à 300 degrés centigrades.
Ces auteurs ont découvert, non sans quelque surprise, que, dans les hautes températures, la dilatation des métaux suit une marche plus rapide que celle du thermomètre à mercure. À 300 du thermomètre d'air, le thermomètre métallique marqueroit 320. Cet effet peut provenir en grande partie de ce que le verre qui contient le mer- cure participe à cette plus rapide dilatation des solides.
C'est donc à l'air qu'il faudra dorénavant recourir, comme fluide thermométrique exact, dans les hautes températures ; et on revient ainsi, après un siècle et demi , au fluide qne Drebbel, l'inventeur du thermo- mètre, avoit choisi comme thermoscopique ; ce fluide possède un autre avantage, la rapidité des indications.
C'est encore une recherche précieuse pour la science que celle de MM. Arago et Petit sur les puissances ré- fractives et dispersives de certains liquides, et des va- peurs qu'ils forment. Car la théorie de la réfraction est l'une des branches les plus importantes de l'optique, à cause de son influence dans l'astronomie. Ces habiles physiciens ont trouvé que les vapeurs ont une force re- fringente sensiblement moindre que celle des liquides qui les ont formés.
‘DANS LES SCIENCES ET LES ANTS. 23 Ts ont aussi étudié les rapports du pouvoir dispersif avec la densité; et ils ont trouvé que dans les change- mens de celle-ci, le pouvoir dispersif diminue dans un plus grand rapport que la force refringente. Les faits ont amené les auteurs à des suppositions qui ten- droient à diminuer la simplicité et la vraisemblance de la théorie newtonienne; mais ils ont soin de dire et répéter , quavant de rien décider sur ce point , ül faut examiner avec beaucoup de soin les changemens que les forces refringentes des corps subissent , soit par les variations de densité , soit par l'effet de la combi- naison. Minérarocre Er Géorocrs. Les basaltes, les vacques , { grau-wacke des Allemands) les trapps , ces roches, dont les extrêmes diffèrent sensiblement, mais dont les nuan- ces intermédiaires sont imperceptibles, occupent depuis long-temps les géologues. La même cause semble avoir présidé à la formation de ces pierres ; mais cette cause est- elle ignée, aqueuse, ou mixte? Trois systèmes naissent de ces trois suppositions ; chacun a ses partisans, quelques- uns très-ardens , et plus ou moins intolérans. Mr. Cordier , l'un des élèves les plus distingués du savant Dolomieu , et aujourd'hui Inspecteur des mines , et correspondant de Finstitut, a imaginé des moyens ncuveaux pour résou- dre cet important problème. À L'analyse chimique ne peut rien apprendre à cet égard, parce qu'elle ne donne que le tableau et les proportions des élémens primitifs de ces roches, et qu'elle n'ensei- gne rien sur le mode de juxtà-position des ingrédiens secondaires et visibles qui résultent de l'union chimique de ces élémens; et c'est là pourtant qu'il faut chercher les données. Mr. Cordier a imaginé , dans ce but, une sorte d'analyse mécanique , qui consiste à réduire en très- petits fragmens telles des espèces minérales dont on peut soupconner la présence dans les roches qu'on veut exa- miner; à bien étudier les caractères physiques de ces
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parcelles, et leur manière de se comporter individuel. lement au chalumeau. On pulvérise ensuite les roches qu'il est question d’analyser, on choisit les fragmens di- vers que cette pulvérisation détache , et on les soumet aux mêmes épreuves que l'on à fait subir aux fragmens analogues de substances bien connues.
Les laves proprement dites , soumises à cette miné- ralogie microscopique , ont offert un petit nombre de combinaisons, dans lesquelles dominoient tantôt le fel. spath , tantôt le pyroxène , alliés de fer titané. À ce composé se joignent souvent l'amphibole , l'amphigène , le mica , le péridot , et le fer oligiste.
Les pâtes basaltiques proprement dites , paroissent avoir la même constitution; et les scories se composent aussi de grains divers, des mêmes espèces que les masses qu'elles recouvrent. Selon l'état plus on moins vitrifié de ces scories elles demeurent stériles , ou bien leur surface se recouvre de la plus belle végétation. Les ob+ sidiennes , c'est-à-dire , les verres volcaniques parfaits, ne diffèrent point des roches précédentes par leur com- position, mais uniquement par les accidens de leur tissu ; on retrouve les mêmes élémens jusques dans les sables et les cendres volcaniques.
Mais lorsque Mr. Cordier est arrivé aux trapps , aux cornéennes , aux pétrosilex, qu’une ressemblance forte, et comme de famille , avoit fait comprendre parmi les basaltes , le fil de l’analogie s'est rompu, et on n'a re- connu aucun des caractères de ceux-ci dans les roches anciennes qu'on vient de nommer; leur analyse mé- canique est comme impossible à cause de leur homogé- néité ; et l'analyse chimique ne leur donne pas les mèê- mes composans ; le fer titané entr'autres, ne se montre point dans ces dernières.
Quant aux cristaux renfermés dans les laves, Mr. Cordier croit qu'ils se sont formés en même temps que le reste de la masse s'est durci ou coagulé,
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 25
Un jeune minéralogiste aussi zélé qu'instruit, Mr. Menard de la Groye, a étudié avec le plus grand soin en 1812 et 1813 les phénomènes du Vésuve , et il en a dressé un journal , qu'il a entremélé d'idées ingé- nieuses.
Dans l'éruption de 1794 , le cône du volcan s'affaissa -de plus de quatre cents pieds ; et depuis cette époque, toutes les éruptions se sont faites par son sommet; le cratère s'est peu-à-peu rempli , et il pourroit finir par se combler, et faire ainsi disparoître le signe qu'on regarde comme caractéristique d'un volcan. C'est ce qui est arrivé au petit volcan en miniature qu'on voit près des bains de Bertrich dans le pays de Trèves. On y trouve une coulée de lave poreuse , sans apparence de cra- tère; nous en avons recueilli sur place plusieurs échans tillons , que nous conservons dans notre collection.
Ce sont des vapeurs acides, et non du soufre, qui donnent aux scories du Vésuve ces couleurs vives qui les font prendre de loin pour des gazons en fleur. Les exhalaisons les plus ordinaires sont celles de l’acide mu- riatique ; et les concrétions les plus communes, celles du sel commun.
Cependant il y a des volcans où le soufre domine ; l’auteur en forme une classe ; dans l'autre, c'est l'acide muriatique. Îl ne reconnoït pas d'autres variétés ; le Vé- suve est dans la seconde. ,
Les fumées qu'on voit sortir des laves couiantes sont purement aqueuses; la chaleur de ces laves ne suffit pas à charbonner jusqu’au centre les troncs d'arbres quelles enveloppent ; mais la durée de cette chaïeur est prodis gieuse ; ce qui fait croire à l’auteur qu’elles portent en elles-mêmes le principe de leur échauffement, et quik se renouvelle de lui-même pendant une période plus ou moins longue (1).
G) Mr. Moricand , de Genève , amateur distingué de miné-
‘5 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
Le même auteur a examiné en géologue le volcan éteint de Beaulieu, à trois lieues d'Aix en Provence, Il croit que cette petite montagne est le produit d’une éruption sou-marine , sur laquelle la mer a continué long-temps après, à déposer du calcaire; De Saussure et Faujas ont partagé cette opinion.
On trouve là, parmi de nombreuses empreintes fos- siles , des animaux composés d’une sorte de corselet et d'un abdomen dont les seomens sont divisés chacun en trois lobes; d’où on les a appelés entomolites, et érilobites,. Mr. Brogniart, membre de l'Institut, les a étudiés , et en a reconnu sept espèces , appartenant à quatre genres, et tous dans la classe des crustacées, et de ceux dont les branchies sont à découvert. Ces co- quillages sont dessous tous les antres , et par conséquent les plus anciens ; ils disparoissent dans les couches su- périeures, où ils sont remplacés par des crustacées plus semblables à ceux que la mer nourrit aujourd'hui.
Dans un Mémoire sur les mines de houille-de France et sur les progrès de leur exploitation , Mr. Cordier a montré que depuis vingt-cinq ans leurs produits ont plus que quadruplé. Cet ouvrage est accompagné d’une carte fort intéressante.
Encore des pierres tombées de l’atmosphère! aux en- virons de Langres; toujours semblables aux précédentes. Mr. Vauquelin, qui à analysé un nombre de celles-ci, a remarqué qu'une partie de la silice y est en combi- maison avec la magnésie ; que le fer y est quelquefois sulfuré, et que le chrome s'y montre en molécules assez grosses.
ralogie, et ami de Mr. Menard , l’a accompagné dans quel-
gues-unes de ses excursions ; et ilen a rapporté dans sa palrie
une collection très-intéressante de laves choisies dans des cou-
lées de date certaine, et dont les caractères sont} très-variés ,
depuis le basalte le plus dense et le plus terreux jusques à la P P P Jusq
F once et à l'obsidienne,
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. | 2%: Boranique. Mr. Delabillardière , qui a déjà publié un ouvrage intéressant sur les plantes quil a recueil- lies à la nouvelle Hollande , s'occupe maintenant dé celles de la nouvelle Calédonie qu'il a aussi visitée. IL, y à trouvé entr'autres, vingt-neuf espèces de fougères, dont douze sont nouvelles pour les botanistes. Ses des- criptions sont accompagnées de figures très-exactes.
La lentille d'eau ( lemma }) ce végétal qui verdit en été la surface des eaux dormantes ,. étoit encore pew connu sous le rapport de sa fructification. Mr. de Beau- vois a montré que sa fleur est hermaphrodite , à enve- loppe d’une seule pièce, à deux étamines qui se déve= loppent successivement , à style unique. L'ovaire con- tient d’une à quatre semences , qui germent , de ma- nière que la radicule et la plumule se détachent de la première feuille’ qu'elles ont produite, et la laissent pousser à elle seule , des racines et autres feuilles.
In tenui labor. Les conferves , ces filamens qui pro duisent cette espèce de feutre végétal qu'on trouve aussi dans les eaux dormantes, ont occupé de nouveaw le savant botaniste Genevois , Mr. Vaucher; il avoit découvert que , dans la variété qu'il a désignée par l'épithète de prolifere, la multiplication sopéroit par des renflemens ou nœuds. Il avertit, qu’il ne faut pas confondre avec ces filets, qui naissent de la plante même , certaines conferves qui s’attachent sur d’autres, en facon de parasites. Qui auroit cru qu'on trouvât à vivre sur ces filets microscopiques !
Au demeurant, Mr. Le Clerc de Laval remet en ques- tion le mode de propagation des conferves dites proli- fères , et fait sortir des nœuds féconds un globule isolé qui se fixe au premier corps qu'il rencontre. Il donne le nom d'aufarcite à ce genre, que Mr. Desvaux avoit précédemment nommé oyrinus. Les botanistes choisi- ront entre les trois dénominations.
Mr. de Cassini a publié successivement trois Mémoires sur les synanthérées, où fleurs composées. Et d’après ses
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observations sur leur corolle, il divise cette famille en dix-sept tribus naturelles , à chacune desquelles, à l’ins- pection d’un seul fleuron de ces composés , on peut aîtribuer la plante qui le porte.
. Mr. de la Peyrouse a donné un Mémoire sur quatre plantes des Pyrénées , qui appartiennent au genre des wrobus , et dont deux étoient nouvelles pour les bota- nistes. Mr. Desvaux a subdivisé les genres cerastium et arenaria, comme aussi la grande classe des crucifères si nombreuse en espèces. Mr. Kuhnt, botaniste Prussien, a entrepris une nouvelle classification des gramens en dix tribus bien caractérisées.
L'influence affirmée par les uns, niée par les autres, des fleurs d’épinevinette sur le blé voisin d'elles a fait Yobjet d'une expérience de Mr. Yvard ; le blé planté autour d’un buisson d’épinevinette a été rouillé, tandis que le reste du même enclos est demeuré intact. Il se- roit à desirer que cette maladie du blé n'eût pas d'au- tre cause ; mais il existe des cantons entiers de blés rouillés , sans épinevinette dans leur voisinage.
Notre célèbre compatriote, Mr. De Candolle, corres- pondant de l’Institut, a montré, dans un Mémoire sur Vergot des graminées, que cette excroissance vénéneuse n’est autre chose qu'un champignon parasite , du genre des sclerotium. 1 croit que dans les endroits où cette maladie est commune on devroit obliger les proprié- taires à fournir chaque année une quantité convenue de blé ergoté, qu'on brüleroit sur le champ.
Il a encore prouvé, d'après l'herbier de Linné, que le joli sous-arbrisseau connu dans les jardins sous le nom de corchorus juponicus, n'est ni un corchorus, ni même une tiliacée , mais qu'il appartient à la famille des rosacées , où Linné l'avoit déjà placé sous le nom de rubus japonicus. Mr. De Candolle prouve qu'il forme un genre nouveau intermédiaire entre les ronces et les spirées et le nomme kersa, du nom du jardinier Kerr, qui l'a introduit en Europe,
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 29
Ceux qui connoissent les ouvrages de ce savant na- turaliste ont eu plus d'une occasion de le louer du parti qu'il a su fort ingénieusement tirer des aberrations ou monstruosités qu'on rencontre souvent dans le règne organique , pour l'étude même des lois régulières auxquelles cette partie vivante de la création est subordonnée. Les fleurs dites doubles, sont toutes dans ce cas; et elles montrent des transformations d'organes. Dans certaines variétés d'anemones ; les pistils se changent en pétales; les étamines se transforment aussi par leur filet, ou par leur anthère seulement ; et ainsi, l'ancolie donne aux fleuristes deux sortes de fleurs doubles très-différentes. L'auteur conclut de ses observations nombreuses et vas triées, que les pétales ne sont pas des organes spéciaux dans les fleurs, mais un certain état des étamines. Dans certaines fleurs l'avortement des organes sexuels n'oc- casionne pas de transformation, mais il augmente outre mesure le volume de certaines parties colorées, comme dans l'hortensia et la boule de neige. Enfin l'auteur, par une méthode de son invention, analogue à celle que Mr. Haüy a imaginée pour classer les variétés des cristaux , ramène toutes ses fleurs monstrueuses à des lois certaines et à une nomenclature simple et pré- cise.
Dans un Manuel à l'usage des amateurs de champi- gnons , Mr. de Beauvois a cherché à les mettre en garde contre les dangers auxquels ils s'exposent, et à leur in- diquer les précautions préservatrices.. Le plus sûr sera toujours de bannir tout-à-fait de la cuisine, cette plante, qui n'y est au fond qu'un luxe dangereux.
Un ouvrage marquant vient de paroître sur la phy- siologie végétale et sur la botanique , en deux volumes avec un volume de planches (1). L'anatomie des végé-
mr eo fete eee pme ee (1) A Paris chez Magimel, libraire ; rue Dauphine.
30 . (APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
taux, leurs fonctions, leurs produits, la variété de strucs ture de leurs diverses parties, tout y est clairement ex posé, par Mr. de Mirbel, son auteur, et rendu comme palpable par un grand nombre de belles figures, qu'il a dessinées avec beaucoup de talent. On y trouve une histoire intéressante de la science et des hommes qui lui ont fait faire le plus de progrès. L'ouvrage est ter- miné par une nouvelle exposition des caractères des fa- milles naturelles. Nous en rendrons compte.
ZooLociE , ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. On auroit pu craindre que le temps et les soins qu'exigent des fonc= tions administratives élevées et importantes n'enlevassent Mr: Cuvier à la science , qui lui doit tant de progrès, et qui lui a procuré tant de renommée. Mais il n'a point cessé de la cultiver. Il a étendu ce système de rapprochemens sur lequel repose son anatomie compa- rée, jusques à la comparaison des opinions des anciens, avec certaines observations modernes sur quelques ani- maux. Îl a montré que le lynx de Pline n'est pas notre loup-cervier, mais le caracal des pays chauds ; que le leon-crocutte, et le catoplepas ne sont que le gnou de l'intérieur de l'Afrique ; et que des cinq unicornes que les anciens ont prétendu exister, les quatre premiers ne sont que le rhinocéros, diversement défiguré par les relations des voyageurs. Il a prouvé aussi, que l'aspic d'Egypte n’est autre chose que la vipère à large col, colu. ber haje, décrite par Geoffroi dans son grand ouvrage sur JEgypte. Les anciens avoient donné le nom de dauphin à deux poissons très - différens ; l'un est bien le dauphin actuel ; mais l'autre étoit un squalus ou chien de mer.
Mr. Cuvier a aussi continué ses recherches sur l’ana- tomie des mollusques, et il a lu à l'Institut un Mémoire sur les anatifes et les balanes; et un autre sur plusieurs genres de coquillages, voisins des patelles , des osca- brions, et des haliotides. Ces derniers paroissent être des bermaphrodites complets, comme les huîtres et tous les
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bivalves. Il a donné aussi un Mémoire sur les ascidies, sorte de mollusques enveloppés d'une croûte cartilagt- neuse fixée aux rochers, et pourvue de deux ouvertures, dont l’une fait fonction de branchies, et l’autre donne issue aux œufs et aux excrémens. Ces animaux ont d'ailleurs un cœur, un foie , et un système nerveux assez semblable à ceux des autres mollusques.
De ces ascidies on passe naturellement à des aggrégae tions animales qu'on avoit jusqu'à présent. confondues avec les alcyons, c'est-à-dire des assemblages de polypes dont la nutrition se fait en commun. Mr. Savigny a découvert des composés analogues formés par de vérita- bles ascidies réunies en masse par une chair commune, Il y a observé assez de formes différentes pour en faire jusqu'à huit genres. Les uns se forment en étoiles; les autres en cylindres creux; les autres en une espèce de lanterne conique d'où partent huit bras. Toutes ces grandes masses animées et demi transparentes portoient chez les anciens le nom d'orties de mer libres.
Mr. Lamourous, professeur d'histoire naturelle à Caen, a présenté à l'Institut un grand travail sur tous ces z00- phyles composés , et sur les polypiers en général; il en a formé près de cinquante genres, répartis en dix fa1- milles , dans lesquelles il a distingué cinq cent soixante espèces, dont près de la moitié sont nouvelles.
Les variétés indéfinies et toujours merveilleuses de l'organisation animale se développent sans limites à me- sure qu'on l’étudie de plus près.
Mr. Le Clerc a découvert, et nommé déflugie un petit animal microscopique , à peine du diamètre d’une dixième de ligne, enveloppé d'un étui, qui s'enduit d'un sable très-fin et d’où il fait sortir des espèces de bras dont le nombre , la forme, et les proportions varient presque à sa volonté. Il paroït avoir beaucoup d'analogie avec le proteus de Roesel,
Notre compatriote, le professeur Jurine, correspone
32 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
dant de l'Institut, avoit découvert, et nommé psi/e de. bosc, un insecte hyménoptère qui porte sur l'abdomen une corne relevée qui se prolonge en avant jusques sur la tête. Mr. Le Clerc a reconnu que cette corne est la gaine de la tarière dont d'autres hyménoptères sont éga- lement pourvus. Cet insecte appartient au genre diapria de Latreille. |
Ce dernier naturaliste a donné à l'Institut la descrip- tion détaillée de certains crabes de la Méditerranée, dont les yeux sont portés par un long tube à deux ar- ticulations ; ensorte que l'animal les meut comme les branches d’un télégraphe. Mr. L. en fait un genre sous le nom d’hippocarcinus. Mr. Leach, naturaliste anglais, dé- crivoit à-peu-près dans le même temps ces espèces sous le nom générique d'homolus.
Dans un grand travail de Mr. Savigny sur les insectes, il a montré qu'il existoit une grande analogie dans les fonc- tions, entre certaines machoires comme surnuméraires, et les pieds ; de manière que ces organes alternent souvent dans leur action , comme machoires et comme pieds. Ses observations sur cet objet sont très-originales.
Mr. Delabillardière a observé dans ses ruches un fait qui n'avoit pas échappé au célèbre historien des abeiïlles , Huber, correspondant de l'Institut. Le massacre des mâles dure quelquefois plusieurs semaines, quand Îles ruches sont foibles; et même dans celles où il n'y a plus de reines, ou dans celles où la reme ne produit que des mâles , ceux-ci sont tout-à-fait épargnés. La présence de ceux-ci en nombre dans une ruche doit ètre pour les cultivateurs un signe qu'il n'y a point à attendre de nouveaux essaims,
Le même naturaliste a constaté par des observations suivies, que l'insecte qui imite le bruit d'un balancier de montre, etqu'on croit vulgairement être une araignée, est la vrillette; et qu'elle fait ce bruit, non point en
greusant Je bois, mais en le frappant. Mr,
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS 53
Mr. du Trochet a fait un grand nombre d'observa- tions et de rapprochemens entre les animaux vivipares et les ovipares à l'égard de la structure et des développe- mens de l'œuf dans ceux-ci , et des organes qui en tien- nent heu dans les autres. Il à aussi étudié les têtards et découvert que leur peau et leur queue ne s’enlèvent point comme on le croyoit, pour laisser paroître la grenouille ; mais que la peau , après avoir été percée par les pattes, forme , en se desséchant, une sorte d'é- piderme ; et que la queue est entièrement résorbée.
Mr, Gosse, encore l’un des correspondans Genevois de l'Institut, avoit remarqué qu’une déglutition d'air pro- voque le vomissement , et il avoit employé ce procédé pour se procurer le suc gastrique sur lequel il a fait de cu- rieuses expériences (1). Mr. Magendie a constaté par des expériences directes , que les nausées produisoient toujours des mouvemens propres à faire pénétrer l'air dans l’æsophage, et à le contraindre à descendre dans l'estomac.
Mr. Montègre a donné à l'Institut un Mémoire sur l'art du ventriloque ; il y explique non-seulement les procédés par lesquels on peut modifier diversement le son de sa voix, mais encore tous les artifices par .les- quels on peut tromper les auditeurs sur la direction des sons et sur la distance d'où ils partent. Le fameux ventriloque , Mr. Comte, l'a beaucoup aidé dans cette
recherche. Mépscve Et Cairurere. Mr. Percy a tenté, sans
succès ces greffes animales , ces rajustemens après des amputations graves , dont nous avons cité plusieurs exem-
{1) Mr. Gosse a succombé le 14,. février à une attaque de paralysie qui l'avoit frappé cinq semaines auparavant. Sa mort est une grande perte ‘pour les sciences et les arts économiques, Il laisse un fils qui se distingue dans les études médicales.
Sc. et arts, Nouv, serie. Vol, 1. N°, x. Janv. 1816. G
34 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
ples dans la Bibliothèque Britannique ; mais il n'en nié point la possibilité ; au contraire il encourage les chirur- giens à tout essayer pour rendre enfin vulgaire, si cela æst possible, une opération qui semble , au premier coup d'œil , contrarier toutes les idées que nous nous faisons de l’économie animale dans nos espèces.
Les deux dernières parties du Traité général des poisons , par Mr. Orfila, jeune médecin Espagnol, ont été présentées à l'Institut avant d'être livrées à la presse. L'auteur y traite des poisons végétaux et animaux, quil divise (avec Mr. Fodéré) en poisons acres, narcotiques , narcotiques acres, et septiques. Les premiers produisent une vive inflammation locale, qui exerce sur le cerveau une action sympathique d’où résulte la mort. D'autres sont absor- bés, et agissent directement sur le cerveau. L'opium commence par stupéfier, et provoque ensuite des dou- leurs aigues et'de grandes convulsions. L'eau distillée de laurier cerise injectée dans les veines , même à petite dose ,est mortelle. Les solanum sont peu nuisibles dans nos climats; et c'est probablement pour les avoir con- fondus avec la belladonna qu'on a cru le contraire. Les acides, l'eau , et les boissons mucilagineuses employés contre les narcotiques, accélèrent la mort; mais l’eau acidulée est très-utile après que lé poison à été rejetté par Témétique. L'infusion de café, et la saignée le sont éga- lement.
Parmi les narcotiques acres se trouvent l’upas, le cam- phre, l'éther, etc. Le camphre, avalé ou injecté, agit sur le cerveau et sur la moëlle, et produit médiatement l'asphyxie. L'introduction de l'air dans les poumons est atle contre tous les poisons qui occasionnent l'asphyxie.
L'auteur a terminé son ouvrage en décrivant les ma- ladies .spontanées qu'on pourroit confondre avec l'em- poisonnement; telles que l'indigestion, le cholera-mor- bus, etc. et il donne les moyens de reconnoitre la na- ture d’une substance vénéneuse introduite dans les in*
“Dans LES SCIENCES ET LES ARTS! 85 estins, malgré les altérations qu'elle peut avoir subies ; Cest là le problème le plus important de la médeciné légale ; sa solution , juste et certaine , peut sauver bien des innocens , et faire punir bien des coupables. Parmi œeux-ci il s'en est trouvé qui, par un art diabolique, ét pour livrer aux tribunaux des innocens , objets de leur haine , avoient introduit le poison après la mort. L'auteur donne les moyens de découvrir une pareille atrocité. Ses recherches sur les poisons l'ont occupé trois années entières.
ANGLETERRE.
Ce ne sera pas la Bibliethèque Britannique seule, qui nous fournira les élémens de l'exposé que nous allons donner des progrès récens faits, en Angleterre, dans les sciences et les arts. Un nombre d'articles plus ou moins intéressans , où n'ont pu y trouver place , ou nous ont échappé dans la foule; nous chercherons à en remettre quelques-uns en ligne.
SCIENCES PHYSICO-MATHÉMATIQUES.
DEscrIPTION D'UN INSTRUMENT ARITHMÉTIQUE , etc. par le Dr. Rocer (1). Cette invention ingénieuse nous semble ‘avoir un double mérite ; celui de substituer à un tra. vail de tète souvent impossible aux calculateurs non exercés, et toujours plus ou moins fatiguant et long, une opération simple et courte, qui dispense d'écrire aucun chiffre, et donne un résultat suffisamment exact Mans la plupart des cas; l'autre, de fournir aux arith- méticiens les plus habiles un moyen prompt et sûr de vérification , dans des opérations toujours plus ou moins sujettés aux erreurs de plume.
(1) Transact. philos, de la Soc. Roy.de Londres, 1813. Part, I, C2
36 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
La machine de Pascal , celle de Leïbnitz , et d'autre$z construites sur le même principe, avoient, outre un volume embarrassant, l'inconvénient de ne s'appliquer qu'aux simples opérations d'addition et de soustraction ; et de ne pouvoir donner ni des produits, ni des quo- tiens; et bien moins encore de se prêter à l'élévatiom aux puissances et à l'extraction des racines; opérations, qui, même dans les procédés les plus abrégés de la= rithmétique ordinaire, sont plus ou moins laborieuses et sujettes à erreur.
La découverte des logarithmes a fourni, comme on sait, des secours ‘puissans pour ce genre d'opérations. Cette invention , long-temps arithmétique pure , étoit de. venue comme physico-mathématique , par son application à une échelle, où division, particulière, connue sous le nom de Gunter, son inventeur, et qui facilite sin- gulièrement la #ultiplication et la division des nombres. L'instrument imaginé par le Dr. Roget étend cette ap- plication graphique des legaritkmes jusques à l'élévation aux puissances, et à l'extraction des racines, de divers degrés. Cherchons à en donner une idée à ceux de nos lecteurs qui ne connoissent des logarithmes que leur admirable propriété de convertir les "ultiplications . et divisions en simples additions ou soustractions de deux nombres, et de simplifier , à-peu-près au même degré, les calculs exponentiels.
L'échelle de Gunter n'est autre chose qu'une ligne, choisie d'une longueur convenable, et divisée de ma- nière, quà partir de l’une de ses extrêmités, où l'on place l'unité, la distance de chacune des divisions, transportée sur une échelle de parties égales , y répond ‘au logarithme du nombre que portoit cette division; de manière que la comparaison des deux échelles présente toujours un moyen graphique et prompt d'exécuter les règles de proportion; l'opération est encore facilitée, dans celles de çes échelles de Gunter auxquelles on à
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 37 appliqué à la division logométrique une règle à coulisse qui remplace le compas ; de manière que, dans toutes Les positions de cette règle mobile , contre la fixe, toutes des fractions dans lesquelles, prenant pour numérateur urs nombre porté sur la règle fixe , et pour dénominateur le nombre qui lui correspond exactement, sur la coulisse dans une position quelconque de celle-ci, toutes ces frac- #ions sont égales. Or onsait que de ë = 5 découle la pro- portion A:B::C:D; c'est-à-dire, qu'on peut résoudre ainsi toutes Îles règles de trois.
Ce principe est d’une application si féconde , qu'on J'a employé pour résoudre les questions relatives aux rapports des mesures de différens pays ; à ceux des monnaies, des poids; aux arbitrages des changes; et jusques aux résultats des analyses chimiques. C'est aw Dr. Wollaston qu'on doit cette dernière application, au moyen de l'appareil qu'il a nommé les equivalens chi- miques.
Il manquoit à cet emploi graphique et si commode des logarithmes un moyen mécanique de les multiplier ou diviser eux-mêmes par un nombre donné, opération qui correspond, comme on sait, à l'élévation aux puis- sances:, et à l'extraction des racines ; ear le double du logarithme d'un nombre est le logarithme de son quarré ; le triple, celui de son cube; de même que k moitié du logarithme d'un nombre est celui de sa racine quarrée ; le tiers, celui de sa racine cubique , etc.
L'instrument imaginé par le Dr. Roget mesure ow donne les puissances | précisément comme l'échelle de: Gunter donne les simples rapports. IL est difficile dans un résumé , d'expliquer nettement le mode d'applica- tion du principe, on ne peut qu'essayer d'en donner une idée: Dans les calculs des exposans on arrive aux logarithmes des logarithmes; ceux-ci sont dits /ogome- triques. Le nouvel instrument présente ces quantités. La goulisse porte les exposans, et l'échelle fixe les puis,
38 APERÇU DES DÉCOUVERTES. RÉCENTES
sances correspondantes : ainsi, par exemple, lorsque l'us nité, ou l'index de la coulisse répond à la division mars quée 3 sur la règle fixe, on trouve vis-à-vis du nombre 2 de la coulisse, le nombre 9 ( quarré ou seconde puis sance de 3); vis-à-vis du nombre 3, le nombre 27, (son cube ou sa troisième puissance); et 81, sa qua- trième puissance, vis-à-vis du nombre 4, etc. ensorte que, pour trouver une puissance demandée, d'un nom- bre donné, il suffit d'amener l'index, ou l'unité de la coulisse, sous ce nombre marqué sur la règle fixe, et de regarder où répond sur celle-ci la division de la cou- lisse qui appartient au nombre donné. De même, en placant le nombre de la coulisse qui représente le degré d’une racine demandée, sous un nombre donné sur la règle fixe, l'index de cette même coulisse se trouve répondre à cette racine, du degré requis. Eten général, quelle que soit la racine qui répond à l'index de la cou- lisse, dans une position donnée, on a sous Les yeux toute la suite des puissances de cette racine, et des ex- posans qui leur correspondent; lors même que ceux-ci sont fractionnaires, et même incommensurables avec la racine elle-même. À l'aspect de cette échelle, on voit d’une part la progression rapide des puissances, corres- pondante à celle des exposans; de l'autre , la descente lente des racines d'ordres successifs, vers l'unité. Cette connaissance intuitive, n'aide pas peu à concevoir l’une des difficiles combinaisons que présente la théorie des nombres, outre les nombreuses applications auxquelles se prête l'instrument, dans la pratique; comme, par exemple, la solution des problèmes sur l'intérêt simple et composé ; sur les accroissemens de la population; les calculs des chances; les mesures barométriques des hau- teurs; les divisions de l'échelle musicale ; et, ce qui augmente l'utilité de l'instrument, c'est que son emploi ne se borne pas au système logarithmique ordinaire, ou dont la base est 10, mais quil s'étend jusqu’au système
DANS LES SCIENCES ET LES. ARTS, Jg
kyperbolique, ou à tout autre, dont le module est donné ; il suffit de placer l'index de la coulisse; contre le nombre qui représente sur la règle fixe, la base donnée; par exemple , sous le nombre, 2,302585 , etc. base du système hyperbolique; alors, les divisions de la coulisse indiquent les logarithmes des nombres auxquels elles correspondent sur la règle.
On peut aussi} en renversant la coulisse , de manière que les nombre aiïllent en croissant de droite à gauche, donner à l'instrument de nouvelles propriétés , et l'em- ployer à résoudre des équations exponentielles, pour lesquelles il n'existe aucune méthode directe. Mais c'e est assez sur un objet qui ne peut guères intéresser qu'un nombre très-limité de nos lecteurs.
. Asrronours. Le Dr. Herschel a donnéun Mémoire fort étendu sur les satellites de la planète qu’on nomme en France Uranus jet qu'il appelle Georsium sidus. I} lui a reconnu avec certitude au moins deux satellites, dont le premier fait sa révolution synodique autour de la planète en 8 jours, 16 heures, 56"; le second, en 13 jours, 11 heures, 9”; mais il avoue que la distance pro- digieuse de ces astres , et leur petitesse, rendent ces dé- terminations. des plus difficiles ; son Mémoire renferme une collection immense d'observations , de 1787 à 1816.
L'introduction présente quelques remarques intéressantes sur les télescopes en général et sur leur application aux objets très-éloignés. Il dit qu'aucun télescope au-dessous de 20 pieds ne peut faire voir les satellites en question, et que ses pringipales observations ont été faites avec: un instrument de 25 pieds. Son grand télescope de 4o pieds est si difficile à manier, et son emploi est si ca- suel, à raison des circonstances atmosphériques, qu'il en a fait peu d'usage pour les observations de ces sa- tellites. Il croit possible et même probable, qu'on en dé couvre encore d'autres autour de cette même planète, tant en dedans qu'en dehors de. ceux qu'on a reconnus,
40 APERCU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
Mr. Stephen Lee a publié un Mémoire sur la force dispersive de l'atmosphère , et son effet dans les obser- vations astronomiques. Îl remarque que la lumière des étoiles dont les couleurs sont différentes, doit être diversement réfractée ; cette différence, déjà sensible à l’œil nud , devient plus marquée lorsqu'on les regarde dans un prisme adapté à l'oculaire d'un télescope de réflexion ; l'auteur a sur-tout étudié sous ce rapport la planète Mars pendant son opposition en 1813, et il a trouvé par un grand nombre d'observations, les limites de la déviation des rayons extrêmes , entre - et -; de la réfraction totale. Il croit que dans certains cas, on peut attribuer à l'usage des verres noircis, la différence qu'on observe dans la latitude d'un lieu , déduite des étoiles circompolaires, ou des hauteurs méridiennes du soleil.
L'astronome Royal de Greenwich a donné une nou- velle table des distances polaires et des mouvemens ap- parens de 30 étoiles. Gelle qu'il avoit publiée en 1813 s'est trouvée si exacte , que les observations de 1814 ne Jui ont pas donné lieu de faire, dans la position d'au- cure de ces étoiles, des changemens qui excédassent ;- de seconde. La comparaison de son catalogue avec celui de Bradley, fait en 1956 , lui a donné le moyen d'établir les mouvemens propres de ces étoiles pendant plus d'un demi siècle. Le mouvement propre annuel de l'étoile polaire est — 0",057; celui de 8 de la petite ourse + 0",1.
SCIENCES PHYSIQUES.
Cnarure. Lorsqu'en 1808, dans l'une des périodes ani- mées de cette guerre qui élevoit une barrière de fer entre la France et l'Angleterre, on vit l'Institut décerner à un membre de la Société Royale de Londres, Sir H. Davy, le prix destiné par le Gouvernement Français, à l'auteur de la déeouverte la plus importante sur le galvanis
DANS LES SCIENCES ET L£S ARTS. 4€ wie ,on eut , d'une part , la mesure de l'intérêt que mé- ritoit dans le monde savant l'application de l'influence voltaique à la chimie ; comme d'autre part un exemple mémorable d'un sacrifice des passions politiques à cette loyauté qui distingue toujours les hommes véritables ment instruits, et animés d'un bon esprit. Sir H. Davy tarda peu à justifier le choix des juges de ce con- cours Européen, par la brillante découverte chimique qui suivit de près l'exposé de sa théorie, c'est-à-dire » la composition des alkalis. Leurs bases métalloïdes de- vinrent ensuite entre ses mains , les agens les plus éner- giques pour enlever l'oxigène à tous les corps, sous l'influence de la pile voltaïque ; et il parcourut à pas de géant la carrière nouvelle que lui-même avoit ou werte aux chimistes de notre temps. Ceux du nord, Ber- zelius, et sur-tout Oersted , ont poussé plus loin , c'est-à dire , plus hardiment que lui, la théorie chimique de Taffinité , en cherchant à identifier les phénomènes de l'électricité, du galvanisme , du magnétisme , de la cha- leur, de la lumière , et à les réduire tous à l’action de deux forces opposées ; l'une dite positive , l'autre néga tive. Il est beau sans doute de s'élever aussi haut ; mais on peut y atteindre la région des nuages.
C'est à cette hauteur, mais sous un ciel clair, qu'est arrivée la théorie chimique des atômes constituans et de leurs proportions déterminées dans les composés. On en doit à Dalton les bases ; et sur celles-ci, Berzelius, Davy, Wollaston , Gay-Lussac , Thomson, ont élevé, et bâtissent encore , un édifice élégant et solide. La chi- mie devient entre leurs mains, une science presque mathématique ; ramenant tous les élémens à leur état le plus simple, celui de gaz, et considérant alors leurs volumes, ces savans ont trouvé que dans toutes les com- Binaisons proprement dites, ces volumes étoient toujour$ des parties aliquotes très-simples les unes des autres, “an volume d’un de ces élémens s'unissant toujours avee
ke Arrrcw DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
un, deux, trois, etc. volumes d'un autre : par la dé- termination des pesanteurs spécifiques respectives de ces gaz. élémentaires , on revient aisément des volumes aux poids; et toutes les notions sont alors complètes. La géométrie proprement dite, et rigoureuse, s’est en core récemment associée à ces combinaisons ; et l’un des mathématiciens les plus profonds de notre temps, Mr. Ampère, membre de l'Institut, a déternriné jus- qu'aux figures que devoient revêtir dans leurs réunions diverses , ces atômes soumis à des lois constantes dans leur juxtà-position. Toute cette fabrique est au-delà des limites des sens ; les yeux seuls de l'esprit peuvent l'apercevoir ; mais les formes si régulières , si géométri- ques, que montrent naturellement les matières salines, pierreuses, métalliques, qui brillent dans nos cabinets, travaillées par la nature seule , conduisent sans effort la pensée vers ces infiniment petits, auxquels il n'est plus difficile d'attribuer la même régularité, puisqu'ils sont soumis aux mêmes lois d'aggrégation, et que les formes finales et visibles qu'ils produisent la possèdent d’une manière si évidente.
Des lois différentes régissent la matière organisée ; et la chimie animale ou végétale, qui supposeroit la con noïssance de ces lois, est encore dans l'enfance com- parativement à la chimie inorganique. Cette /orve vitale, qui lutte avec tant de constance et d'énergie pendant la durée de l'individu, contre toutes les affinités qui tendent continuellement à le décomposer, est, et sera probablement ioujours , hors du domaine des sciences physiques. On est réduit à étudier ses résultats, c'est à-dire, l'assimilation des molécules organisées ; en sa- dides , et fluides ; à classer ces principes secondaires , et à étudier leurs propriétés. Quand la chimie veut aller plus loin , elle détruit, elle tue, pour ainsi dire, ces composés ; elle les réduit à des élémens inorganiques, dont les proportions peuvent bien être déterminées par
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 43 Fanalyse commune , mais dont la synthèse est imposs sible.
Berzélius et Bostock se sont occupés avec succès de l'étude de ces fluides primaires organiques , et de la recherche des réactifs qui pourroient faire reconnoitre leur. présence. Ces fluides paroissent se. réduire à trois principaux ; l'albumine , la fibrine du sang, et la. mas tière non-coagulable , ou le serum, Les deux premiers se coagulent, savoir, l'albumine, par la chaleur, et la fibrine, au contact de l'air, et à la.sortie des vaisseaux, sans qu'on connoiïsse la cause de cette dernière solidification. Le blanc d'œuf: ordinaire, renferme lalbumine par excel lence. Ce fluide a pour réactifs les agides., l'alcool, ef les, sels métalliques, La matière non-coagulable , ou la
sérosité, se reconnoît sur-iout. par la couleur brune
foncée qu'elle prend lorsqu'on y mêle le muriate dar gent. Outre l'albumine et la sérosité , le. blanc d'œuf contient encore de l'eau très-intimément combinée, et des. sels. Nous n’entrerons pas plus avant dans ces. dé+ tails ; mais nous recommandons le travail de. l'auteur aux amateurs. de la bonne chimie.
Un chimiste praticien Anglais, Mr. Accum ; s'est oc- eupé des moyens de faciliter aux amateurs la préparas tion de l'Iode , cette nouvelle substance , dite simple , pros visoirement , découverte par Mr. Courtois, dans les ré» sidus des lessives alkalines, et qui se vaporise en beau violet à la, plus douce chaleur. Mr. Accum indique les procédés qu'il juge les plus prompis ou les meilleurs pour l'extraire du Kelp, c'est-à-dire, des plantes ma- xines. incinérées: Jusques à présent cette substance n'est guères qu'une curiosité chimique, mais elle peut acqué- rir de l'importance avece temps. A l'époque de leur découverte par Sir H. Davy, le potassium et le sodiuni n'étoient que les basés, jusques alors inconnues, des alkalis fixes ; elles sont bientôt devenues , entre les mains de ce chimiste habile et entreprenant , des
=
24 APERCU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
moyens puissans de décomposition , qui , aidés de lx pile voltaïque , fournissent les secours les plus énergi- ques à l'analyse , et ont déjà procuré à la science, des acquisitions importantes.
On a souvent remarqué combien les sciences et les arts s'entraident mutuellement. C'est à rechercher les occasions , et à resserrer les liens de cette utile alliance, que le génie devroit principalement s'attacher. Aïnsi, Davy a profité de son séjour en Italie, dans l'ancienne patrie des beaux-arts , pour y étudier en chimiste consommé , les couleurs qu'employoient les anciens dans la peinture ; et il faut ne pas oublier que ces couleurs , et l’art de les appliquer, étoient connus en Grèce dans une période historique bien antérieure à celle où cet art pénétra en italie et y produisit les chefs-d'œuvre dont on admire encore le coloris dans les ruines de Pompeii et ailleurs. Sir H. Davy a sou- mis à ses expériences les couleurs trouvées dans les bains de Titus, dans les restes des autres palais et bains de l'ancienne Rome ; et le propriétaire de la cé- lèbre Noce aldobrandine , le plus beau monument qui soit resté de cette période de l'art, lui a permis d’en détacher, dans des endroits peu apparens, quelques atômes , qui, sans dégrader sensiblement le chef-d'œu- vre, ont fourni à la froide analyse les moyens d'en étudier la partie purement matérielle.
Tous les rouges de cette belle composition sont des ochres , ou des terres colorées, par l’oxide de fer. Mais ailleurs, comme dans les peintures à fresque des bains de Titus, on trouve du rouge de plomb, soit minium; enfin , l'enduit qui reste dans la niche où l'on dit que le Laocoon fut découvert, a pour prineipe co< lorant le vermillon , ou le cinnabre, c'est-à-dire , le mercure sulfuré. Pline nous apprend que le minium, ou l'oxide rouge de plomb, fut remarqué accidentelle- ment à la suite d'un incendie qui eut lieu au Pirée à
. Sins LES ScrENCES er Les ArrTa 41 Athènes ; et Théophraste attribue la découverte du cinnabre à l’Athénien Callias , dans la 349°. année de Rome. Cette couleur fut toujours d'un grand prix chez les Romains.
Les jaunes étoient principalement tirés des ochres et quelques-uns du massicot, ou oxide jaune de plomb. Les bleus provenoient des oxides de cuivre ; et ceux qu'on trouve dans les fragmens de verres colorés sont dus pour la plupart au cobalt, que les anciens ont employé probablement sans le connoître pour autre chose que du cuivre. Les verts ont tous pour base ce dernier métal oxidé au degré où il est vert ; les Grecs le désignoiïent alors sous le nom de chrysocolle. Leurs verres verts étoient également colorés par cet oxide. Une lacque rose pâle trouvée dans un vase, aux bains de Titus, a résisté à tous les efforts de notre savant chimiste pour en découvrir l’origine animale ou végé- tale; c'est peut-être la fameuse pourpre , dénaturée par le temps. Les noirs et les bruns ont pour bases le fer et le manganèse oxidés; et les blancs ne sont que des car- bonates de chaux ou des argiles. On n’a pas trouvé du blanc de plomb , quoique Pline en fasse mention. L'au- teur conclut , de sa profonde recherche , que l'expé- rience de dix-sept siècles assure aux couleurs à base métallique saturée d’oxigène , ou de quelqu’acide , las vantage de la permanence sur toutes les autres.
Ce qu'on vient de citer présente une application in- téressante de la chimie aux beaux-arts; nous allons en indiquer une de cette science aux arts économiques, aux arts utiles, qui fera époque dans leur histoire, et on pourroit dire, dans celle de la civilisation.
On avoit brûlé pendant bien des siècles les divers combustibles d'usage ordinaire, le bois et la houille, sans imaginer qu'on pût en tirer d'autres avantages et d'autres produits, que leurs effets calorifiques ; de tout temps on a converti du bois et de la houille en char-
6 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
bon, sans réfléchir, ou plutôt sans savoir, que dans cèt acte il se dégageoit une grande quantité de ma tières diverses, qui toutes pouvoient être employées utilement , dans les arts, et dans l’économie domesti- que ; C'est-à-dire, (en sus du charbon, objet principal de l'opération) , un gaz inflammable , qui pouvoit don ver de la lumière et de la chaleur; un vinaigre pur et transparént ; un bitume analogue au goudron ; etc. outre ces mêmes produits , la houille fournit de plus, une liqueur ammoniacale ‘très-profitable. Il résulte dé ces faits un singulier paradoxe , c'est que lorsqu'on Sait, et qu'on veut ,tout recueillir , la consommation d’un certain combustible , loin d’être un objet de dépense, devient l’occasion d'un profit net ; car, la somme des produits a plus de valeur vénale que la matière pre- Mière qui les fournit. Nous reviendrons à ‘cet objet à l'occasion du thermolampe.
- Les mouvemens des sciences ( il faut le reconnoître avec humilité ) ont quelque chose d'analogue aux oscil* lations de la mode: c'est toujours l'apparition d’un génie c'est-à-dire, d'un esprit créateur, qui donne l'impulsion, dans les hautes comme dans les basses régions du monde civilisé ; et le hasard seul, ( s'il y a un hasard }) préside à ces apparitions. Ainsi, l'homme a existé depuis bien des siècles sur la surface du globe, entouré des mo- numens de ses révolutions, sans penser qu'ils pouvoient fournir les matériaux d'une histoire archæologique de la planète qu'il habite. Buffon paroïît; et la magie de $a plume , bien plus que la justesse de ses vues, ou le choix dés observations, porte les esprits vers cette branche de l'étude de la nature, qu'on a nommée géo- logie. L'impulsion est donnée : à Buffon succède De Saussure , dont l'œil scrutateur et sévère, découvre, du haut des Alpes, des faits sans nombre, que Buffon n'a- voit pu voir de son cabinet. De Saussure coordonne ces faits ; et la science prend sous ses mains, des bases
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS 45 #olides, et une grande faveur dans lopinion. Cuvier survient ; il prend à lui, et traite en observateur pro fond , et en écrivain élégant et clair, cette partie de l'histoire du globe, qu'on pourroit appeler moderne, par comparaison , et dont les monumens ont pour caractère commun, d'appartenir à l'organisation animale: ces mos numens fournissent à une numismatique naturelle, que ge savant a créée , et qu'il a presque ramenée jusqu'aux temps historiques.
La mode a percé en Allemagne : 1à , un autre génie, Werner, forme une grande école géologique , dont les nombreux élèves adoptent et propagent les idées de leur maître, avec un entraînement et une ardeur, qui rappellent les temps de Luther. L’enthousiasme passe aux Isles Britanniques ; plusieurs Sociétés s'y forment pour cultiver en commun une science qui, plus que toute antre , exige une réunion d'efforts. Deux de ces associations , sous les noms de Société géologique, et Socièté Wernerienne , ont pris depuis peu d'années une grande consistance ; et leurs Transactions forment déjà des Recueils précieux, dans lesquels la Bibliothèque Britannique a puisé un nombre d'articles intéressans.
L'histoire des sciences physiques fourmille d'exemples de ces phases de la mode. L'optique seule en présente une suite remarquable. Descartes et Huyghens l'avoient créée; Newton la fait briller d’un grand éclat, puis elle s'arrête. Bouguer et Lambert la remettent à la mode, en France , et en Allemagne ; cette mode passe: enfin, on doit de nos jours à Malus ( si prématurément en- levé aux sciences et à l'amitié ) la découverte d’un ræ meau neuf et brillant dans cette branche de la phy- sique ; et on le cultive maintenant avec une égale ar- deur en France et en Angleterre ; c'est cette modifica- tion , ou affection singulière de la lumière , qu'on ap- pelle polarisation ; nous l'avons supposée connue de nos lecteurs en parlant tout-à-l'heure des recherches de Mr.
48 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
Biot sur cet objet; peut-être avons-nous eu tort; essayon& de le réparer; l'objet est si singulier et si nouveau , qu'on peut, sans trop de scrupule , chercher à le po- pulariser , et, s'il est possible , en peu de mots.
On peut comparer les corps transparens à des tamis de lumiere : suivons cette analogie ; supposons que la lumière soit composée de petits grains, de forme sphé- rique, et qne les trous du tamis soient de même figure ; alors , les grains tombant sur un plan incliné placé au- dessous , seront tous réfléchis de la même manière ; et, en particulier, vers quelque plage de l'horizon que soit dirigée la perpendiculaire an plan incliné, les réflexions de tous ces grains auront lieu dans des plans verticaux, parallèles à celui dans lequel se trouve cette perpen- diculaire.
Mais si les atômes lumineux , au lieu d’être sphéri- ques , se trouvoient autant de petits cubes; et si les trous du tamis étoient des carrés proportionnés , et disposés comme ceux d'un damier, on concoit que l'acte du ta- misage donneroit aux faces de tous les cubes qui tra- verseroient , une direction commune; et qu'arrivant, ainsi disposés, sur le plan réfléchissant , ils n'y seroient plus éndifferens, dans leur mode de réflexion, à la po- sion de ce plan relativement aux plages de l'horizon; soit qu'ils frappassent ce plan par leurs faces, ou par leurs arrètes, tous éprouveroient de sa part une répul- sion dans une direction qui leur seroit commune, mais qui auroit été modifiée par la position commune des faces, ou des arrêtes des petits cubes, combinée avee l'inclinaison du plan ; de manière qu'en faisant tourner ce plan sous un angle constant avec la verticale, on verroit la pluie de molécules se réfléchir régulièrement, et de préférence, vers certaines plages de l'horizon , et se refuser à d'autres. L'effet supposé de ce tamis repré- sente ce qui arrive à la lumière lorsqu'elle est polari- sée en traversant certains corps transparens , 'est-à-dire, par réfraction, Elle
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS, 49
: Elle est susceptible d'être aussi polarisée par réfexion, c'est-à-dire, qu'en tombant sous un certain angle sur un plan réfléchissant , ses atômes éprouvent vers cette sur- face une modification telle, que si après leur réflexion, on les recoit au travers d'un de ces corpé transparens qui polarisent, et qu'on puisse le faire tourner sur l'axe même de la vision, la lumière réfléchie , arrive , ow n'arrive pas, à l'œil dirigé vers elle, selon que le émis qui la recoit polarisée , est situé de telle ou telle ma- pière , rchtitement à ce même axe de vision.
Encore une comparaison , pour achever d'éclaircir ces notions subtiles. On sait qu'une balle de paume frappée par la raquette de manière que le plan de celle-ci soit Depicnnre à la direction que le joueur veut don- ner à la balle, éprouve au contact du parquet , ou du mur , qu'elle va frapper ensuite , une réilexion régu- lière , et qui a lieu dans le plan d'incidence. Mais si læ balle a été frappée par le joueur dans une direction obli- que relativement au plan de la raquette , elle se trouve alors comme polarisée ; c'est-à-dire, qu'elle se réfléchit ensuite dans une direction inattendue , produite par une composition de forces qui a lieu au point d'incidence, en vertu d'un mouvement rapide de rotation qui a été imprimé à la balle en même temps que celui de pro- gression , par l'impulsion , en partie tangentielle , de la raquette. Nous ne disons pas que ce soit une cause analogue qui produise sur la lumière la polarisation par réflexion ; mais nous cherchons à donner une idée de l'effet , en nous aidant de comparaisons familières.
Un physicien Ecossais , le Dr. Brewster s'est particu- lièrement attaché à étudier sous tou'es ses faces cette sin- gulière modification de la lumière. On prendra une idée de l'étendue et de la profondeur de ses recherches optiques en aprenant que , dans les déux dernières an- nées qui viennent de s'écouler , elles ont fait l'objet de douze Mémoires , publiés par lui dans les Transactions
Se. et arts, Nouv. série, Vol, 1. N°, 1, Jany.1810,
So AGERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
des Sociétés Royales de Londres et d'Edimbourg. Il étoit difficile qu'en cultivant simultanément un champ aussi rétréci ; MM. Biot et Arago en France , et Mr. Brewster én Angleterre , ne se rencontrassent pas quelquefois ; mais la science gagne en certitude dans ces découvertes faites à double, à-peu-près comme un calcul lorsqu'il est répété par deux arithméticiens. Nous avons donné l'a- nalyse de quelques-uns de ces Mémoires, et regretté que le défaut de place ne nous permit pas de parler de tous.
Ce profond et estimable physicien a recu le 30 novem- bre dernier, de la part de la Société Royale de Londres, par les mains de son illustre Président, Sir Joseph Banks, le prix fondé par le comte de Rumford pour l'auteur des recherches les plus importantes sur le calorique et la lumière. Un compliment également juste et flatteur a accompagné la remise de la médaille d'or. Le président a résumé, à cette occasion , les découvertes récentes en optique, en donnant loyalement à Malus l'initiative, et sa part de gloire dans ces recherches. À
On peut citer au nombre de ces rencontres fortuites , dont nous parlions tout-à-l'heure , celle de la pile vol- taïque sèche , inventée à-peu-près en même temps à Londres par De Luc, qui l'a nommée colonne électrique, et à Vérone par le Prof. Zamboni, qui l'appelle électro- moteur perpétuel. Nous avons décrit en détail cet appa- reil ingénieux, dont le mouvement avoit quelque chose de magique. Après quelques mois d'une marche régu- lière, l'aiguille de notre appareil a cessé de se mouvoir; nous en ignorons la cause ; est-ce un accident?( rien ne l'mdique ) ou bien, l'action électrique des piles sèches s'épuise-t-elle à la fin, ainsi que la théorie sem bleroit l'annoncer? Nous laissons au temps à résoudre la question.
Rien ne pourra mieux contribuer à éclaircir la théo-
ie, encore peu complète, de la pile, que la batterie
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. Br
Elémentaire du Dr. Wollaston , composée d'une seule plaque de zinc d'un pouce carré, et de deux de cui- wre , de mêmes dimensions. Cet appareil, convenable- ment monté , est plus que suffisant pour mettre en ignition un fil de platine de :-; de pouce de diamè- tre. Mais , comment se procurer des fils d'une si pro- digieuse finesse ? C’est par un procédé mécanico - chi- mique , qu'on doit encore à cet ingénieux physicien ; c'est en passant à des filières de plus en plus fines, un cylindre d'argent dont l’axe est de platine ; lorsqu'on à atteint le dernier degré de subtilité possible du fil com- posé , on le met dans l'acide nitreux, qui dissout l'ar- gent, et laisse le platiné , dont la ténuité est dix fois plus grande que celle du cylindre d’argent qui l’enve- loppoit pendant le tirage à la filière. |
L’acide que le Dr. Wollaston emploie avec sa batterie , est le sulfurique, délayé dans environ cinquante fois son volume d’eau. L'ignition produite ne dure que quel- ques secondes , mais elle suffit à montrer que le phé- nomène ne dépend pas du simple contact , cas auquel on ne devroit s'attendre qu'à une seule étincelle.
À l'autre extrémité de l'échelle des forces voltaiques se trouve l'appareil gigantesque que Mr. Children a fait construire à Londres, et avec lequel il s'est pro+ curé des résultats très-curieux , dont nous donnerong le détail dans un prochain Cahier. Il nous suffira aujour- d'hui d'annoncer que cet appareil, à auge, est composé de vingt-une cellules, dont chacune renferme une plaque de zinc, de six pieds de long sur deux pieds huit pouces de large , logée entre deux plaques de cuivre, des mê- mes dimensions. Chaque plaque, offrant une surface de trente-deux pieds carrés, la somme des surfaces en action dans cette batterie s'élèvé à six cent quatre-vingt- douze pieds carrés. Ses effets sont exirêmement remar- quables. *
Fappelons , avant de quitter ce'sujet, qu'il existé aç: D 2
52 APERGU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
tuellement trois hypothèses galvaniques, ou voltaique# 1.° Celle de Volta lui-même, qui attribue tous les effets aux différences électriques des métaux ; les phénomènes chimiques ne sont, selon lui, qu'un scsi Rl 2,0 Berzelius attribue tout à l’action chimique , dont les symptômes électriques ne sont, selon lui, que des conséquences ; enfin ,3.° Davy attribue les effets à ces deux causes, agis- sant en concurrence , tantôt à part, tantôt simultané- ment. Le Prof. Pfaff, de Kiel, a examiné à fond ces trois hypothèses, Son Mémoire a paru dans le Journal de Schweigger, X. 199. C'est un modèle de discussion et de bonne physique.
L’explication ingénieuse et heureuse donnée par Mr. ‘Wells, des phénomènes de la rosée, qu'il a ramenés à la théorie de la chaleur rayonnante, de notre savant collègue le Prof. Prevost, est un des exemples frappans de cet enchaïnement qui existe entre les vérités phy- siqnes ; liaison , qui montre sur-tout qu'il faut n'en mé, priser aucune , et que les rapports en apparence les plus éloignés , peuvent devenir intimes par la décous verte dun seul fait, ou circonstance , intermédiaire. Qui auroit cru , par exemple , qu'une paille attirée par wn morceau d'ambre frotté, conduiroit à maîtriser le tonnerre ; et qu'une aiguille d'acier , frottée d'aiman, feroit découvrir l'Amérique ?
Christophe Colomb observa le premier que la direcs tion de l'aiguille aimantée n'étoit pas la même sous différens méridiens et sous divers parallèles ; c'est ce qu'on appelle la déclinaison de la boussole. On décou- vrit ensuite en Angleterre que cette direction n'étoit pas constante dans un même lieu. En 1657 l'aiguille se dirigeoit précisément au nord ; en 1680, elle s'étoit avancée de 11915" à l'est; et en 1692, elle se dirigeoit 60 à ouest. Elle n’a point cessé depuis cette époque, de s'avancer vers l’ouest; et la moyenne des observations très-exactes du col. Beaufoy la donnoit à Londres en.
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 53 1814, de 249 22! 22". Cette déviation , après avoir été spi dans les commencemens , c’est-à-dire, d'environ 10' par an, est réduite actuellement à 30 ou MAeè , dans le même intervalle.
Outre ce changement net. l'aiguille a une varia- tion diurne, découverte par G. Graham, et ensuite étu- diée par Canton, et Van Swinden , qui ont déterminé sa quantité moyenne selon les saisons. Ils l'ont trouvée plus grande en été qu'en hiver; et croissante le matin jusqu'a deux heures après midi , et décroissante depuis cette époque jusqu'au lendemain. Le colonel Beaufoy, avec des instrumens plus parfaits, et par deux ans et demi d'observations, faites trois fois par jour ( à huit heures et demie, midi, et sept heures du soir) a dé- terminé la déclinaison moyenne dans ces trois époques de la journée comme suit.
Le matin 24 14 39". Midi 24 21 54. Soir 24) 16 " 45: +
Ainsi , à midi la déclinaison est plus grande de 7’ 19” que celle du matin; et elle surpasse de 8' 49,5 celle qu'on observe dans la soirée.
L'aiguille éprouve sauvent des oscillations , de 7 jus- ques à 14' sans eause apparente.
Il semble que cet esprit public qu'on pourroit appe- ler le principe vital de l'Angleterre , s'étend jusques à la culture des sciences dans ce pays privilégié. Toutes celles dont les progrès exigent un eoncours d'efforts y trouvent un nombre proportionné, d'individus dévoués à l'intérêt commun et qui y sacrifient leur temps, leur argent, et leurs convenances journalières. Rien , par exemple , de plus assujettissant , que des observations - météorologiqgnes à répéter à heure fixe dans plusieurs époques de chaque journée ; cependant , on ne peut étudier, ni établir autrement , les modifications de l'at«
54 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
mosphère ; en conséquence , il existe non-seulement à Londres, mais sur un grand nombre de points des Isles Britanniques, des observatoires météorologiques, munis d’excellens instrumens, et sur-tout d'observateurs exacts et assidus , dont les registres paroissent régulièrement dans les Recueils périodiques. Voici quelques résultats généraux déjà obtenus.
Et d'abord, on sait que, dans les isles de la zône
tempérée , et spécialement en Angleterre , les tempéra- .
tures extrêmes de l'hiver et de l'été sont modifiées, et leur intervalle diminué, par l'influence de la mer. Ainsi il n’est point rare de voir un hivér se passer sans gelée dans les isles Shetland , au nord de l'Écosse ; et il n’y
tombe guères de neïge; mais en revanche, leur été n'est
pas plus chaud que le printems de France. La tempé- rature moyenne annuelle de Plymouth, l'un des points les plus méridionaux de l'Angleterre , n'est que de 7°,7 de l'échelle octogésimale ; elle n'est que de 5°,06 de la même échelle, au château de Kinfaun, sur la ri- vière Tay, qui sépare l’Ecosse de l'Angleterre , à 126 pieds seulement au-dessus de la mer; ( lat. 56 23 =).
Les différences considérables qu'on observe dans les quantités annuelles de pluie qui tombent dans des lieux assez rapprochés , tiennent du paradoxe. Ainsi, il est tombé en 1814, 42,7 pouces d’eau à Plymouth; et à Londres, seulement 20,7; c'est-à-dire , moins de la moitié. Bien plus ; à Tottenham , bourg très-voisin de Londres, Mr. Luke Howard, l’un des météorologistes les plus soigneux et les plus exacts, a recueilli, dans cette même année, 24,44 pouces d'eau. Il seroit possible que ces différences provinssent en partie de celles des appareils ; on a remarqué depuis long -temps , que toutes choses égales , l'élévation du vase collecteur au- dessus du sol avoit une influence très-marquée sur le résultat.
Arts npusrriezs. Nous avons remarqué plus haut
| DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 55
l'utilité réciproque des rapports en apparence les plus éloignés , que les sciences ont entrelles. Ce caractère d'utilité est encore plus frappant et plus intéressant, lorsque les rapports s'établissent entre les sciences et les arts. On voit en Angleterre des exemples plus fré- quens que dans d'autres pays, de cette précieuse in- fluence, qui contribue pour beaucoup à la prospérité de la contrée, et au bien-être journalier des individus. Nous allons citer à cet égard quelques faits.
Le chimiste Black, avoit découvert le phénomène de la chaleur latente dans l'eau en vapeur; le physicien Watt avoit déterminé que l’eau en vapeur, au degré de l’ébullition , sous la pression atmosphérique , con- tient , à poids égal , six à sept fois plus de chaleur que l'eau bouillante liquide ; bientôt on tourne ces dé- couvertes au profit de l'art. Des chaudières de teinture sont amenées et maintenues, en nombre, au degré de ébullition , dans un vaste attelier, sans qu'il y aît, sous aucune d'elles, ni feu ni combustible ; la vapeur bouillante , sortant d'une seule chaudière établie en- dehors du bâtiment, leur arrive par des conduits, et leur procure à toutes , la température requise. Le même principe est appliqué par des architectes au réchauffe- ment des grands atteliers , à celui des temples mème, en disposant dans leur intérieur un système de tuyaux métalliques , au- dedans desquels la vapeur bouillante se condense et circule, tandis que sa chaleur se tamise au travers de leurs parois, et donne à l'air ambiant une température douce et uniforme.
On avoit découvert il y a plus d’un siècle, dans cette même vapeur de l'eau, alternativement élastifiée et con- densée , l’une des forces les plus énergiques que l'homme ait sù emprunter à la nature; et on en avoit fait l'appli- cation la plus ingénieuse et la plus heureuse à ces énor- mes machines appelées à vapeur, qui extraient l'eau des mines les plus profondes, sous la forme d'un ruisseau
56 APERÇU DES DÉCOUVERTES RECENTES
abondant et continu. Le même principe de mouvement
vient d'être employé à faire marcher des véhicules à
roues , destinés à l'exploitation de ces mines , et qui trans- porient de fortes charges à la distance de plusieurs milles, en cheminant avec une régularité admirable dans les or- nières de fer qui les contiennent et. les dirigent.
On a aussi employé récemment la machine à vapeur à faire l'ouvrage presqu'entier d’une presse d'imprimerie, dans laquelle quatre ouvriers, sans apprentissage préa- lable, suffisent à tirer jusqu'à 1100 feuilles (folio) par heure, avec grande perfection dans l'ouvrage; le pa- pier-nouvelles , intitulé Times, s'imprime de cette ma- nière depuis plns d'une année (1).
Enfin , et cette dernière découverte peut avoir une. grande influence sur le système entier de la marine ; on fait mouvoir par l'action de la vapeur, contre vent et marée , et avec use vitesse moyenne de deux lieues à l'heure, des embarcations plus ou moins considéra- bles, non-seulement sur des canaux ou des rivières, mais en pleine mer et par un gros temps. L'un des ar- ticles les plus intéressans qui aient paru dans notre Recueil l'année dernière , renferme les détails d'un voyage de Dublin à Londres, fait dans un bâtiment de ce genre, qui a parcouru 760 milles en 121 heures et demie de na- vigation. Aux Etats-Unis d'Amérique, on a été plus loin encore; on vient d'y construire un bâtiment de guerre , dans lequel la roue motrice , mise en action par la vapeur, est logée dans l'intérieur, et dont le bordage est d'une épaisseur à l'épreuve du boulet de 24. Lie bâtiment est armé de pièces de 32. Il n'a ni gouvernail, ni mâts, ni voiles; et il fait route indiffé- remment de l'avant ou de l'arrière. C’est une véritable forteresse ambulante, qui peut à elle seule , couler bas une flotte dans une rade; mais qui, supérieure à tout ,
{2) Voyez Bibl. Brit, T. LX. p. 371:
Dee CE
DANS LES SCIENCES ÊT LES ARTS. 57
#omme machine de défense, heureusement ne peut at taquer , car elle ne soutiendroit pas la haute mer. Nous nous bornons à annoncer cette invention; nous en di- rons davantage dans un prochain cahier.
Ces mines de houille, auxquelles l'Angleterre doit sa prospérité, et presque son existence, viennent encore de lui fournir un moyen d'éclairage qui réunit le bril- lant, l'économie, et la sécurité. La combustion du gaz inflammable qui s'échappe de la distillation de la houille dans des appareils convenables, et que l'on conduit où l’on veut par des tuyaux indéfiniment subdivisés, fours nit actuellement à l'éclairage d'un nombre d'atteliers , de quelques bureaux du Gouvernement , et de plusieurs quartiers de Londxes. Tous les voyageurs saccordent à représenter cette lumière comme infiniment supérieure à tout ce qui existoit auparavant.
Ce même gaz inflammable , dont l'art sait tirer un parti si avantageux , se dégage naturellement et avec abondance dans certaines mines de houille, et il y de- vient trop fréquemment la cause d'explosions funes- tes aux mineurs ; il s'allume à la flamme de leurs lampes ; et la galerie de la mine fait alors l'effet d'une pièce énorme d'artillerie, qu'on auroit chargée d'hom- mes au lieu de boulets. Une centaine d'ouvriers péris- soit, année commune, par ce genre d'accident, lorsque la science, appelée au secours de l'art, lui a procuré, dans une découverte toute récente , un moyen préser- vatif admirable , qu'on doit encore au génie fertile de Davy. Sa lampe de sûreté, que nous décrirons dans un prochain cahier, brûle et éclaire sans danger, au mi- Mieu du gaz le plus explosif. De pareils services rendus à l'humanité popularisent plus la science, et la rendent plus recommandable que ne le font telles découvertes brillantes, qui enrichissent stérilement ses annales.
Entre ces services, ceux qui ont pour objet la sup- pression d'inconvéniens qui se présentent fréquemment,
58 RPERCU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
ou l'acquisition d’un mieux-être de tous les jours ,ne, sont pas les moins précieux. Ainsi , le comte de Rum- ford en tournant constamment ses recherches scientifi- ques vers les objets d'utilité immédiate et journalière , tels que l’économie du combustible , la bonné distribu- tion de la chaleur, de la lumière, etc. a mieux mérité de ses contemporains que tel savant qui aura cherché la renommée dans la science pure. Quoi encore de plus employé dans la société, et cependant de plus né- gligé par les hommes capables d'appliquer la science à art, que les véhicules à roues? Mr. Edgeworth s'est occupé avec succès de leur perfectionnement, et on lui doit une suite d'expériences fort ingénieusement ima- ginées et conduites , que la Société des Arts de Dublin vient de faire répéter en grand à ses frais (1) et qui ont résolu nettement et définitivement un nombre de questions et de doutes sur les diverses formes et mo- difications dont ces véhicules sont susceptibles. On dira que les animaux seuls y gagnent. Nous répondrons à ces calculateurs sans pitié , que lorsqu'ils soulagent leurs bêtes de somme , ils épargnent leur bourse; et lorsque nous leur apprendrons qu'en suspendant , par exemple, la charge d'un véhicule à roues sur des res- sorts , au lieu de la faire reposer immédiatement sur le train , ils y gagnent un cheval sur quatre , ils écoute- ront sûrement ce langage, et conviendront que la science est bonne à quelque chose.
Ils le reconnoïtront encore lorsqu'on leur dira qu'ik existe à Londres, un établissement d'industrie mécani- que, ( formé par un français,) dans lequel une tren- taine de soldats invalides, dont plusieurs sont, privés d'un bras ou d’une jambe , et qui n'ont jamais exercé le métier de cordonnier , fabriquent, dans un jour, à l'aide des machines et de la division du travail, jus-
(1) Nous en donnerons le détail dans un prochain cahier.”
DANS LES SCIENCES ET LES ARTE. 5g
qu'à cent paires de souliers, d'une exécution fort supé- rieure à tout ce que peuvent faire les plus” habiles du
métier (1). | ALLEMAGNE.
Nous avons remarqué d'entrée que la culture des sciences et des lettres étoit répandue en Allemagne sur un très-orand nombre de points, et sous une constitu- tion pour ainsi dire républicaine, ce qui rendroïit très= difficile la récolte sommaire dont nous nous occupons ; si l'on étoit privé du secours que fournissent d'excel= lens Recueils périodiques publiés en grand nombre dans ceite vaste contrée ; les uns, sous là forme de Mémoires ou Gazettes littéraires de diverses Acadé- mies ou Universités, parmi lesquelles on distingue Leipzig, Jena, Hall, et sur-tout Gottingue qui par ses rapports avec l'Angleterre recoit dans sa riche bibliothéque les tributs du monde entier; les autres, sont des Journaux Spécialement affectés à certaines branches des connois-" sances positives; on remarque avantageusement parmé ces derniers ceux auxquels MM. Gilbert , professeur de physique à Leipzig, et Mr. Schweigger , professeur de chimie à Nuremberg donnent leurs noms ; comme aussi , le Musæum de Hermbstaedt. C'est dans ces sources que nous puiserons principalement , mais non exclusi- vement, le résumé qui va suivre, en nous bornant aux travaux les plus récens , restriction que mous impose le défaut d'espace.
r Le phénomène que nous avons signalé en parlant de la France , cette culture non interrompue des lettres, “et sur-tout des sciences au milieu du fracas des armes et des convulsions de la politique , s'est montré en Allemagne d'une manière au moins aussi frappante; et cette grande expérience morale est tranquillisante ; elle
(x) Voyez Bibl, Brit, T. LVIIL p. 268.
Co ÂAPERÇY DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
semble prouver que la civilisation repose actuellement en Europe sur une base assez profonde et assez solide pour résister à l'invasion de l'esprit militaire , dont ascendant, s'il devenoit exclusif, ramèneroit bientôt la barbarie.
SCIENCES PHYSIQUES.
--Nous avons remarqué que les recherches sur la lu- fmière avoient fort occupé les sayans en France et en Anpleterre. dans ces derniers temps; l’Allemagne semble avoir participé à cette influence; mais on y a étudié cet élément sous des rapports différens de ceux dont nous avons parlé; le phénomène de la phosphorescence a sur- tout attiré l'attention des physiciens, et fait l'objet de recherches très-variées. En voici les résultats sommaires.
Mr. Heinrich, professeur de physique à Ratisbonne, a particulièrement examiné la propriété phosphorescente qu'acquièrent les substances végétales et animales passant à l’état de putréfaction, et les rapports de ces phéno- mènes avec ceux que présentent les corps vivans. Il & trouvé que tous les végétaux étoient susceptibles de phosphorescence. La nature prépare ce procédé sous terre; les données nécessaires sont, l'humidité, et la privation du contact immédiat de l’atmosphère ; pour son développement il faut l'entretien d'une humidité modérée, et le contact de l'air respirable. On peut avec ces conditions , se procurer, par exemple, du bois phosphorescent dans toutes les saisons. L'auteur assimile ces phénomènes à ceux d’une combustion lente, dans laquelle l'hydrogène , le carbone, et le phosphore se dégagent, et s'échappent sous forme de gaz, et sous de nouvelles combinaisons.
La phosphorence des matières animales 4 la plus grande analogie avec celle des végétaux; aucune classe d'animaux n'en est exceptée; les uns luisent pendant leur vie, mais le plus grand nombre seulement après
D, Se Sn ue. à à >
DANS LES SCTÉNCES €T LES ARTS ! ê? Meur mort; ce phénomène précède ordinairement la pu- tréfaction ; 11 lui faut aussi l'humidité , mais sous l'eau anême , la phosphorescence ne dure que peu de temps. Elle est, comme dans les végétaux, l'effet d'une dé- composition , analogue à une combustion lente (x).
Mr. Th. de Grotthouss a porté ses recherches da même genre, sur les matières inorganiques. Il a sur- tout examiné un phosphore naturel, connu sous les noms de pyro-émeraude , et de chlorophane; c'est un fluate de chaux, rouge-violet, de Nertschink. Sa phoss phorence surpasse en durée comme en intensité celle du sulfure de Canton, connu depuis long-temps. Cette “pierre après avoir été exposée quelque temps au soleil, conserve sa phosphorescence pee des semaines en- tières. Cette variété de fluate de chaux est naturellement de couleur lilas ; mais elle réfléchit une lumière vert d'émeraude , lorsqu'après l'avoir exposée au soleil , où seulement chauffée , on la reporte à l'obscurité; au bout de deux ou trois semaines, la chaleur de la main suffit encore pour lui rendre une phosphorescence assez forte. Son affinité pour la lumière est telle, qu'elle absorbe aussi celle d'une chandelle, ou de l’étincelle ce et qu'elle la rend ensuite ds l'obscurité; et le même fragment conserve indéfiniment cette propriété. Mr. de Grotthouss a observé sur plusieurs de ces matières phos- phorescentes qu’elles rendent toujours une lumière dont da couleur leur est propre, quoiqu'elles aient été im- prégnées exclusivement par des rayons d’une couleur donnée, au moyen du spectre prismatique, ou de verres colorés. Ces fäits conduisent Mr. G. à croire (contre Topinion de Newton) que la lumière est une substance simple , et que les couleurs ne résultent pas de la sé- paration de ses rayons, mais de leurs différentes oscil-
(1) Heinrich. über die Phosphereseenz der Goerper. Nurn- berg, bey Schraag, 4te,
62 APERCU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES lations, et des modifications qu'éprouvent ces oscillaÿ tons, à la surface des corps. | Mr. Oken, en examinant la phosphorescence de l'eau de la mer, croit pouvoir l'attribuer à une cause quel- conque inhérente à ce liquide, et qui produit son effet toutes les fois qu'il est vivement agité, et non point, comme plusieurs naturalistes l'ont affirmé , par suite de la présence d'animalcules phosphoriques ; sans nier tou- tefois la phosphorescence de ces animaux, de toutes grosseurs , jusques aux méduses, etc. et dont les débris même peuvent contribuer au phénomène. Cette opinion a été partagée et soujenue par Mr. Helwig (Grand maître de l'artillerie en Suède } il attribue la phospho- rescence de l’eau de la mer à sa propriété d'absorber le jour la lumière du soleil et de la rendre la nuit.
Il a vu luire de l'eau de la mer, dans laquelle les meil-
leurs microscopes ne laissoient apercevoir aucun ani malcule.
Mr. Seebeck a continué ses recherches sur ce qu'il appelle des figures entoptiques, c’est-à-dire , ces figures colorées qui paroissent dans l'intérieur des verres épais quand on les place entre deux miroirs noirs inclinés Tun à l'autre, ou entre deux colonnes de verre, Om n’apercoit ces figures colorées que dans les verres qui ont été recuits avec promptitude, et qui se distinguent par d’autres propriétés physiques, des verres lentement récuits. Cet appareil des deux miroirs peut même servir à reconnoître Fune ou l'autre circonstance , dans le verre qu'on lui soumet ; les masses épaisses de verre mal recuit, présentent toujours entre deux miroirs une figure quelconque, et tout au moins une croix obscure ; on la produit de mème en réunissant plusieurs lames non recuites, jusques à une certaine épaisseur.
Mr. Lampadius, professeur de chimie à Freyberg 3 a imaginé un appareil pour mesurer les divers degrés d'intensité de la lumière ; ce photomètre est composé
Dans LES SCIENCES ET LES AnrS 63
d'un cylindre creux, dans lequel on place, contre un disque de verrefblanc qui le termine, un nombre varia- ble de disques, de corne demi transparens , et d’épais- seurs égales; on dirige l’œil dans l'axe du cylindre , contre l'objet lumineux , et on accumule les disques de corne jusqu'à-ce que la lumière disparoisse tout-à-fait. Le plus haut degré de clarté d'un objet lumineux est ‘ représenté par 100 ; et l'obscurité absolue , par zéro. L'auteur trouve le terme supérieur de cette échelle dans la lumière que répand le phosphore brûlant dans le gaz oxigène ; êt le nombre des disques employés pour intercepter tout-à-fait une lumière donnée , est la base de la graduation de l'échelle: cet instrument bien sonstruit , est comparable. L’auteur l'a employé avee succès à déterminer les différens degrés de clarté de T'atmosphère ; celui des disques du soleil et de la lune, des crépuscules, des nuits même ; comme aussi des dis xerses lumières artificielles.
L'électricité, tant ordinaire, que galvanique, a égale- ment occupé les physiciens allemands. Mr. Hildebrand, professeur de chimie à Erlang, a examiné l'influence variée de divers métaux dans la production de cette aigrette, ou de ce cône lumineux , qui paroît lorsque l'élec- tricité s'échappe des conducteurs dans l'air atmosphéri- que, et qui s'allonge à mesure que l'air devient plus rare, Il a donné à tous les métaux ainsi éprouvés, la même forme conique, et les mêmes dimensions , et il les a assujetis de la même manière à l'extrémité d'un conducteur isolé. Il a remarqué de grandes différences dans l'étendue des aigrettes ; elles se présentoient dans l'ordre suivant , des plus grandes aux moindres; toutes gwconstances d'ailleurs semblables,
Régule d'antimoine, Or.
Argent.
Haïten.
64 APERCU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES Sulfure de cuivre ( pyrite ).
Etain. . Zinc.
Fer. sde. , D sans différence sensible. Acier. .
Idem, trempé.
iv attribue ces différences à celles qui existent entre les faculiés conductrices des divers métaux pour électricité. On rernarque le même effet, c'est-à-dire des différences analogues , lorsqu'on fait comniuniquér deux piles voltaiques par un fil d'or ou de platine, ou par un fil de cuivre ; l'intensité est bien plus énergique dans le premier cas que dans le second. La forme du cône a aussi une influence très-marquée ; un cône obtus, dont l'angle est de 52° donne une aigrette beaucoup plus ‘ lumineuse que celui dont l'angle au sommet n'est que de 36 ; d’autres circonstances de forme pure, telles que l'ar- rondissement parabolique du sommet, ou de légères iné- galités de surface, sont particulièrement avantageuses à la production d'une forte lumière. Le fer et l'acier donnent seuls des aigrettes intermittentes.
Mr. VÉber: prof. de physique à Dillingen avoit déja fait connoître, en 1807, un double électrophore, com- posé d’un simple disque résineux sans armure , qui, frotté, donnait à sa surface supérieure l'électricité né- gative, et la positive au-dessous ; ce physicien a récem- ment construit des électrophores de verre qui possèdent la même propriété ; et avec la même intensité que les électrophores ordinaires de résine des mêmes dimen-
sions (1). Mr. Jaeguer (médecin de S. M. le Roi de Wurtemberg }
est parvenu à construire les piles sèches et Derpétiel imaginées
SP LA Re EL te, LORS
(x) Weber Theorie der Electricitat , Landshut. Gilbert's ans nales XIX. p. 299.
Bibf: Univ. T L Se. & Arts.
päns Les SCIENCES ET LES ARTS. 65
imaginées par De Luc et Zamboni, en employant pour substance intermédiaire entre le cuivre et le zinc, non point du papier , dans lequel on peut encore soupconner de l'humidité, mais un vernis au succin, c'est-à-dire ré- sineux , qui, tout isolant qu'il est par sa nature, fait entre les lames métalliques , la fonction de conducteur de l'électricité excitée par le contact des métaux diffé- rens. Ce fait ne s'accorde guères avec la théorie qui fait jouer à l'eau hygrométrique un rôle quelconque dans ces appareils électromoteurs perpétuels.
Ces mêmes piles de Zamboni, ont fait l’objet d'une re- cherche particulière de Mr. Bohnenberger , prof. de ma- thématiques à Tubingen. Il a trouvé que leur énergie électrique étoit proportionnelle au nombre, et non aux dimensions, de leurs disques ; mais que la promptitude avec laquelle cette même énergie atteint son plus haut degré d'intensité, augmente avec le diamètre des dis- ques.
Les piles humides se distinguent des sèches par la plus grande promptitude avec laquelle les premières chargent une bouteille de Leyde , du maximum de l'électricité qu'elle peut recevoir. Les piles sèches produisent aussi les effets chimiques ; mais leurs disques doivent avoir des dimensions considérables si l'on veut que leur élec- tricité se reproduise avec la promptitude convenable. On peut remplacer , dans les piles sèches , l'influence de Thumidité , par celle de la chaleur sur le vernis résineux ; jusques à quelques degrés au-dessous du terme de l'eau bouillante (1).
Mr. Ludike ( en Misnie) a cherché à mettre en lutte, ou tout au moins en quelque rapport, ces deux forces
si occultes de la nature qui produisent les phénomènes »
(1) Tubinger Blaetter für natur Wissenschalft und Arzneis kunde. T. II.
Se. et arts. Nouv, série, Vol. 1, N°,x, Janv.1816. E
66 APERÇU D£S DÉCOUVERTES RÉCENTES
de l’aiman et du galvanisme. Toutes ses tentatives à ce ‘égard ent été sans succès ; il n'a découvert à ces forces, aucune influence réciproque. 2
Mr. Schübler ( professeur de physique et chimie dans l'Institut agricole d'Hoffwyl) n'a pas mieux réussi dans sa recherche des rapports entre les mouvemens électroscopiques qne produit la pile sèche de De Luc, et les variations électriques de l'atmosphère. Non-seule- ment les variations ordinaires ont paru respectivement indépendantes les unes des autres ; mais la pile sèche n'a montré aucune action particulière au milieu d'une tempête , dans laquelle l'électroscope atmosphérique don- noit des étincelles. Toutefois les mouvemens électroscopi- ques de la pile sèche ont paru à l'auteur être en rapport assez direct avec les changemens dans la température et l'humidité de l'air. La vapeur aqueuse répandue dans l'air diminue l'action de l'électroscope en lui enlevant, com- me conductrice , une portion de son électricité; mais, en revanche , cette même vapeur , en humectant les disques de papier , dans la pile ou colonne atmosphérique de De Luc, accroît l'énergie voltaique de l'appareil ; fait que “etre a constaté par des expériences directes.
Il a étendu cette recherche à l'appareil électromoteur de Zamboni , qu'il a trouvé égalemeñt indifférent aux variations électriques de l'atmosphère ; et plus indiffé- rent aux changemens hygrométriques de l'air que ne l'est celui de De Luc, parce que sa construction même l'isole davantage.
L'art du mécanicien a su mettre à profit le principe moteur ( espéré perpétuel), que fournit la pile de Zam- boni , pour l'appliquer à la mesure du temps. Les ar- tistes Rancis, à Munich, et Bouzengeiguer , à Tubingen, ont construit des horloges dans lesquelles l'oscillation du pendule, placé entre les piles , n'est pas le principe régulateur , mais le principe moteur de la machine.
Mr. shpesser (professeur de chimie , à Nuremberg ),
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 67
S'ést particulièrement occupé d'étudier les rapports de l'action galvanique ave c le système nerveux, dans les ani- maux. On sait que les physiciens ont assez exclusive- ment attribué la manifestation de l'influence galvanique par des soubresauts dans les nerfs, à la présence et au contact de deux métaux hétérogènes. Ce physicien a prouvé par ses expériences, qu'un seul métal pouvoit produire le mème effet sur l'organisation animale.
‘À ces phénomènes se lignt les ‘changemens de cou- leur observés par Jacguer , qui se montrent lorsqu'on couvre de papier teint au tournesol ou au curcuma un seul disque de zinc poli, et qni indiquent par Ja présence de pôles négatifs, qui apparoissent spontané- ment sur ce disque, et que les couleurs rouge et verte du papier bleu font reconnoître, que l'hétérogénéité des substances métalliques n’est pas une condition absolu- ment essentielle à l'apparition de l'influence galvaniques S'il en est ainsi d'une substance inorganique , doit-on s'étonner que le système nerveux des animaux soit doué d'une propriété analogue ?
On lit dans tous les Traités de physique, qu'en frap- pant, courbant, ou cassant des barres de fer, on les rend magnétiques. Mr. Blesson ( officier de génie en Prusse ) a étudié de plus près ce phénomène , et dé- couvert que cés opérations ne procurent au fer aucune propriété magnétique ; et que dans la cassure en par- ticulier, les deux nouvelles surfaces attirent le même pôle, et ne montrent aucun indice de répulsion; mais il y à pourtant une certaine action mécanique qui pros duit le magnétisme; c’est une sorte de refoulement, di- rect ou indirect , des molécules du métal; ainsi, un seul coup appliqué sur le bout d’une barre dont l’autre extrémité repose sur une enclume suffit à produire le magnétisme : le bout frappé devient pôle boréal, et l'aue tre , pôle austral.
Mr. Mayer ( Prof. de physique à Goëttinguen ) à
E 2
68 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
publié la description d'une boussole d'inclinaison nous.
velle , et l’a accompagnée de plusieurs observations in- téressantes sur la meilleure méthode pour déterminer avec précision l'inclinaison magnétique. La moyenne des résultats qu'il a obtenus à Goëttinguen avec cet appa- reil, au mois de mars 1814, est 699 14'(x).
Mr. Ruhland à Munich a repris les expériences de Taylor sur l'adhésion (2); et d'abord il a trouvé que sa méthode ne donne la mesure véritable de cette force entre les solides et les liquides , que dans le cas où les premiers sont enlevés sans rester mouillés ; sinon, le résultat qu'on obtient est la côhésion des molécules du liquide entr'elles , et non leur adhésion au solide. Il a éprouvé que cette dernière force est accrue par cer- taines circonstances , telles que le refroidissement subit, le frottement, l'action chimique des surfaces en contact; et que, d'autre part , la chaleur l'affoiblit. L’adhésion paroît être sans rapport avec la force de pesanteur ; c'est
une force très-variable de sa nature , et susceptible d'é-, |
tre modifiée par les mêmes circonstances qui influent sur la cohésion.
Mr. Munck ( Prof. de phys. à Marbourg) a fait des recher- ches particulières sur la propagation du son dans divers mi- lieux, tant fluides que solides. Il a découvert que le son se propage dans l'eau avec une vitesse qui surpasse de beau- coup celle de l'air, et qui approche de celle qui a
lieu dans les corps élastiques solides. Le mercure est
encore un meilleur conducteur du son que l’eau. Le fer le transmet avec une vitesse dix fois plus grande
(1) Commentatio de usu accuratiori acus inclinatoriæ ma- gneticæ, Comment. Soc. Reg. scient. Gotting. T. III.
(2) On distingue l'adhésion de la cohésion , parce que la première de ces forces unit les molécules intégrantes hétéro-
gènes ou dissemblables , de deux substances différentes ; et la.
cohésion , celles d'une même substance entrlles.
ésn b bte.
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 69
que l'air, et avec plus d'intensité dans l'effet. La glace, le bois, les fils métalliques , sont de bons conducteurs du son. Il s'affoiblit beaucoup, et souvent se détruit tout-à-fait , à son passage d'un milieu dans un autre:, et sur-tout d'un milieu plus rare dans un plus dense; comme , par exemple , de l'air dans l'eau.
Le célèbre astronome de Bremen, le Dr. Olbers,, s'est occupé de recherches particulières sur la vitesse du son dans l'air commun. D'après la théorie de Dalton, ce fluide est un mélange physique de quatre fluides élastiques différens ; les gaz oxigène , azote ou nitro-
-gène , acide carbonique , et la vapeur aqueuse; et cha-
cun , dans le mélange, conserve son élasticité propre. S'il en est ainsi, il semble que chacun doit transmettre le son à sa manière; et un corps sonore en vibration, un instrument à vent, par exemple, doit transmettre à distance trois ou quatre sons différens , et mêlés. Mr. Olbers cherche à résoudre cette objection en prou- vant que la propagation du son dans l'air est le résuk tat des oscillations rroyennes de ce fluide mélangé, et non des vibrations particulières de chacun des gaz qui forment le mélange.
On connoît le beau son d'orgue que produit une petite flamme de gaz hydrogène brülant vers le bas d'un tube quon tient verticalement au-dessus d'elle. Mr. Zeneck à Stuttgard , a examiné plus particulière“ ment cette espèce d'harmonica chimique. Il a trouvé que la matière du tube est à-peu-près indifférente au résultat ; qu'on peut aussi tenir le tube à la main et l'enve- lopper à volonté, sans que ces circonstances fassent varier l'effet ; 1l est exclusivement le résultat de la co- lonne d'air que renferme ce tube mise en vibration par la combustion des gaz oxigène et hydrogène, qui change tout-à-coup , par accès infiniment voisins , les volumes de ces fluides élastiques. L'auteur a remarqué une cir- constance particulièrement avantageuse au succès de l'ex
70 APERÇU DES DÉCOUVERTES: RÉCENTES
périence ; c'est la forme conique donnée au bec du tube d'où sort le gaz hydrogène qui produit la flamme.
Le phénomène si remarquable des aëérolithes , ou pierres tombant de l'atmosphère, à occupé de nouveau plusieurs physiciens en Allemagne. |
Le Dr. Chladni, qui le premier avoit attiré sur ce phénomène l'attention du monde savant , a publié un nouveau tableau chronologique de ces pierres , et masses de fer, tombées en divers lieux, jusques aux époques récentes. C'est le recueil le plus complet qu'on possède à cet égard; on y trouve mentionnées environ cent vingt pluies de pierres, plus ou moins considérables , et toutes bien constatées. Ce tableau est accompagné de détails et d'observations particulières sur les masses de fer natif dont l'origine paroït également météorique, c'est-à-dire , au moins étrangère à la surface solide de notre globe.
Mr. Ruhland à Munich a rendu aussi plus complet son tableau de ces phénomènes, disposé suivant l’ordre des saisons, et les ‘quatre divisions du jour, qu'il avoit publié il y a quelques années (1) il persiste à attribuer ces aérolithes à la réunion de matières d'origine ter- restre, et suspendues ou dissoutes dans l'atmosphère ; à la manière des miasmes examinés par Moscati.
On trouve dans le Recueil périodique publié par Mr. de Hammer à Vienne , sous le titre de Mines de l'Orient, plusieurs détails curieux sur des aërolithes tom- bés en Turquie.
On sait que deux hypothèses générales partagent les physiciens qui s'occupent de l'origine de ces corps si étranges. L'une, que nous appellerions cosmique , les sup pose flottans tout formés dans l'espace ,ou lancés de la lune , et rencontrés par la terre. L'autre hypothèse , qu'on peut désigner par l'épithète d'atmosphèrique , place
(x) Bibl. Brit. T. LX. p. 295.
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. TR
eur origine dans l'air qui nous entoure. Mr. Schweiogser adopte une supposition , en quelque sorte intermédiaire entre celles-là ; savoir, celle d'une matière existant dans quelque portion de l'espace compris entre la lune et nous , en facon de second satellite , dont la substance élémentaire seroit à l'ordinaire extrêmement rare , et par conséquent inaperçue , jusques à ce que des circons- tances particulières ,( peut-être en rapport avec l'action de la lune, )occasionnassent des réunions ou combinai- sons de ces élémens en masses solides, qui se précipi- teroient vers la terre, avec les circonstances atmosphé- riques qu'on observe alors. On trouve dans le même cahier (1) du Recueil de Mr. Schweigger, un Mémoire de Mr. J. T. Mayer de Gottinguen, sur les rapports qui paroiïssent exister entre l'apparition des bolides lumi- neux et des aérolithes, et certains aspects de la lune. I1 sembleroiït que ces phénomènes ont lieu principale- ment lorsque la lune approche de ses nœuds, et dans la partie de son orbite dans laquelle la vitesse de son mouvement propre s'ajoute à celle de la terre ; et plus particulièrement dans la phase décroissante , depuis la pleine lune jusqu'au dernier quartier. Si ces rapproche- mens se trouvoient confirmés par une longue suite d'ob- servations , l'hypothèse lunaire en acquerroit beaucoup de probabilité.
- Les orages électriques d'hiver sont toujours des phé- nomènes météorologiques très-remarquables ; le Dr. Ben- zenberg à Dusseldorf a publié une relation détaillée de celui , qui, le 11 janv.1815, a parcouru un espace de qua- Tante milles de longueur, depuis Anvers à Minden; et de quinze milles de largeur, de Bonn à Nimègue. Ea foudre tomba presque en même temps dans vingt-quatre endroits différens; et partant presque toujours d'un nuage d'où tomboit du gresil. A Dusseldorf et à Dortmund,
(1) Schweigger Journal , T. XII. p. 412.
LE APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
la foudre atteignit des paratonnerres, et les bâtimens prirent feu , accident très-rare, et qu’on attribue à du bois pourri bien sec, qui sétoit trouvé contigu au métal; car d'ailleurs, ces appareils préservateurs étoient régulièrement construits.
Mr. Schübler (le mème professeur d'Hofwyl que nous avons déjà cité) a étudié avec soin les variations si subites de l'électricité atmosphérique pendant les orages, la pluie, et la neige; et il les a représentées dans des tableaux graphiques, bien plus commodes que des chif- fres, pour faire ressortir les résultats. On voit les deux électricités se succéder avec rapidité , avec cette diffé- rencé que la pluie, la neige, ou le gresil, produisent des effets qui ont moins d'intensité absolue que ceux qu'on observe dans les orages. Lorsque la pluie ou la neige tombent long-temps et uniformément, l’état élec- trique de l'air en + ou en — reste souvent le même pendant des journées entières.
Le Prof. Heinrich continue avec beaucoup de soin et de régularité, à Ratisbonne, des observations météoro- logiques, dont le recueil comprend actuellement un demi siècle. Il en publie les résumés dans le Journal de Schweigger.
Enfin , le Prof. Starck, à Augsbourg , a publié une description très-complète et très-instructive d'un nom- bre d'instrumens météorologiques dont il fait usage; il y a ajouté des figures, et des tables très-commodes pour diverses réductions. Le même auteur à fait paroître aussi, un annuaire météorologique de 1813.
Curie. Les applications mécaniques des calculs loga- rithmiques à la chimie et à d'autres objets qui parois- soient également étrangers aux mathématiques pures , ent pris faveur en Allemagne comme en Angleterre. Le Prof. Schweigger a recueilli dans son excellent Jour- nal de physique et de chimie, non-seulement l'appareil des équivalens chimiques de Wollaston, mais il a donné
PS TT TE Le
Vent ter dat mt ab: lames
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 73 ses idées sur l'application des procédés graphiques de Lambert, aux recherches chimiques. Il a engagé le mé- canicien Kuppler, à Nuremberg, à entreprendre ces divers appareils pour l'usage des amateurs.
Le Prof. Doebereiner s'est occupé des recherches que les Allemands appellent stechiométriques , et que Ber- zelius a poursuivies avec tant de succès ; elles ont pour objet les proportions relatives des ingrédiens dans les composés primaires, tels que les oxides , et les sulfures, métalliques , les divers degrés d'oxidation des bases ga- zeuses, etc. Il est arrivé à ce résultat important, s'il est bien établi, savoir : que l'air atmosphérique n’est point un simple mélange, mais une combinaison chimique réelle, de l'oxigène et de l'azote; et voici la série des composés qui résultent des diverses proportions de ces deux ingrédiens, mesurées au volume :
4 parties de gaz azote, avec 1 d'oxigène constituent l'air commun.
OC MUR toner CR re le gaz oxide d'azote,
MP ONE NS 4° le gaz niirenss Ma nt ee San OU » lacide mitreux PRIT TR 4e 8 acrde nitrique.
Mr. Link, professeur de chimie à Breslau, s’est oc- cupé de recherches sur les effets chimiques du frotte- ment réciproque de diverses substances. Il a reconnu, que des corps absolument privés d’eau n'exercent aucune action chimique les uns sur les autres lorsqu'ils sont frottés l'un contre l’autre; mais que cette action se ma- nifeste dès que l’un ou l'autre est un peu soluble dans l'eau interposée. L'eau seule de ciistallisation suffit à produire cet effet. L'auteur appelle l'attention des chimistes sur quelques combinaisons chimiques dont l'existence est,
ue seulement à la chaleur qui se développe par le frottement. Celle du soufre et du phosphore qui se combinent, par ce procédé , en un liquide jaunâtre très- oxidable, est dans ce cas,
DA Apercu DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
L'Iode, cette substance nouvelle, découverte par Mr: Courtois dans certaines lessives alkalines, n'a guères moins occupé les chimistes allemands que les français et les anglais, depuis son apparition sur l'horizon chi- mique. MM. Link, Steffens, Fischer, Ruhland, et Stromeyer l'ont tous plus ou moins travaillée ; mais on se la procure difficilement en Allemagne; on ne la trouve point dans les cendres des plantes indigènes Mr. de Jaquin n’en a obtenu qu'une très-petite quantité, de 500 liv. pesant de varech vesiculeux ( fucus vesiculosus } recueilh à Trieste, et qui y avoit produit 17 liv. de cendres.
Le Prof. Strohmeyer , à Gottinguen, a trouvé dans Famidon le réactif le plus sensible de tous pour .fairé découvrir la présence de l'iode , soit à l'état de vapeur, soit à celui de solution dans l'eau, l'alcool, ou l'acide sulfurique ; la solution d'amidon devient d'un beau bleu au contact de la plus légère portion de cette substance. Davy avoit indiqué pour le. même objet l'argent poli; mais Mr. S. a prouvé, que l’amidon indiquoit sur-le- champ la présence d'une äliquote de 5-5 où 22 de iode dans un mélange donné; et que le bleu paroît au bout de quelques minutes lorsque la proportion d'iode n'y est que de ,-"-- ou même 3,5. L'efet sur lar- gent poli n’est déjà plus instantané au-dessous de 2: les traces noires ne paroissent alors qu'au bout de 15 minutes ; et lorsque la proportion n'est que de --2-- Yargent ne l'indique qu'après 28 heures de séjour dans le mélange. L'amidon possède encore la propriété de :m’annoncer l’iode qu'à l'état libre de cette substance, et non dans ses combinaisons salines.
Mr. Schweigger a donné un tableau des principales substances qu'on est parvenu à combiner avec liodegn et des proportions relatives dans ces composés. (Schweig-- ger Journal, T. XIV , p. 116).
Le célèbre chimiste suédois Berzelius s'est constitué Rap-
DANS LES SCIENCES ET LÉS ARTS. 75
porteur dans le procès qui se débat depuis deux ans sur le chlore. C'est ici une véritable question d'état ; il s'agit de sa- voir si cette substance est un corpssimple,comme l'oxigène, par exemple ; ou un composé d’une certaine base, unie à ce même principe. La théorie nouvelle qui le consi- dère comme un corps simple , suppose que de sa com- binaison avec l'hydrogène résulte l'acide: muriatique or- dinaire; l’Auteur après avoir généralisé son sujet, et étendu ses remarques et ses raprochemens jusqu'aux acides fluorique et iodique , se prononce finalement contre cette théorie, et revient à l'ancienne , comme plus vraï- semblable (1).
“ Le Prof. Hildebrand, à Erlangen, a aussi publié des recherches sur cette question importante en chimie, et ses expériences ne sont pas plus favorables que ne le sont Îles considérations de Berzelius, à la théorie chlorique de Davy (2).
Le Prof. Doebereiner , à Jena , s'est occupé de l'examen particulier de l'acide sulfurique dit fumant. Il a trouvé que cetté propriété étoit due à sa parfaite privation d'eau. Dans cet état, il a la propriété de dissoudre le soufre, et de former comme un sulfate de soufre qui se présente sous l'apparence d'un liquide bleu. Il décompose l'acide nitrique en gaz nitrogène et acide nitreux ; et il forme avec ce dernier, une nouvelle combinaison chimique.
Mr. Scheveigger , en traitant l'acide nitrique’fumant, a obtenu des résultats analogues à ceux qui précèdent, Il a procuré à cette vapeur diverses couleurs , blanche , jaune plus ou moins foncé , rubis , brune verte , et bleue ; et il est possible que les recherches antérieures de MM. Clément et Desormes se lient à celles-ci, nous “entendons celles par lesquelles ils ont prouvé que les
Cr) Gilbert Annalen, T. XVIIL p. 331. C2) Schweigser Journal , T. XIII, p. 98.
76 ArBRCU DES. DÉCOUVERTES RÉCENTES
compositions de loutremer , celles même qui donnent le plus beau bleu , n'exigeoient pas la présence du fer ni d'aucuu autre sun, mais que dans toutes , il y avoit du soufre.
Berzelius , généralisant tous ces MM a porté Fattention des chimistes vers les acides anhydres ou exempts d’eau ; et il y a trouvé des substances pour ainsi dire nouvelles ; et qui changent d'état et perdent leurs propriétés caractéristiques dès qu'il y entre de l’eau (x).
L’acide chronique de Vauquelin , a occupé Mr. Bran- denbourg, chimiste de Polotzk en Russie ;il a montré que les procédés employés jusqu'à présent pour l'obtenir ne le donnoient pas dans toute sa pureté, et qu'ils ne procuroient guères que des combinaisons de l’oxide jaune du chrome, avec celui des acides minéraux connus qn'on avoit employé dans la manipulation. Il va jusqu'à douter qu'il soit possible d'obtenir un acide chromique rigou= reusement pur.
Il résulte des expériences du Prof. Doebereiner sur la formation de l'acide prussique et sur l'ammonium, que lorsqu'on se procure cette dernière substance en étei- gnant une matière alcaline rougie, sur du charbon, on n'obtient que le résultat de la décomposition d'un acide prussique antérieurement produit dans ce procédé ; car, lorsqu'on fait rougir une matière alkaline sur le char= bon avec du fer, et sur-tout lorsque ce métal est à l'é- tat d'oxide, et qu'on éteint par de l'eau la masse rougie, on n'obtient point d'ammonium ; mais du prussiate de fer.
Ce même chimiste a découvert , que la mine de mer- eure dite hépatique, n’est pas du cinabre carbonisé, mais une combinaison naturelle du mercure avec le sul- fure de carbone. On peut limiter artificiellement en fai- sant passer le sulfure de carbone en vapeur sur du mer-
EEE eng
(1) Gilbert Annalen , T. XVIIL 331.
À t Ü ? .
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 37
èure chauffé ; le composé devient pulvérulent, brun rou- geâtre , et contient sur 36 parties de métal, une de car- bone et 6 de soufre. Il est assez probable que la plupart des métaux sont susceptibles de combinaison avec le soufre carburé.
Les recherches du Prof. Fischer , à Breslau , sur l'a- cide arsenieux, appelé aussi oxide blanc d'arsenic, lui ont fourni les résultats suivans :
1.0 Ce composé , est naturellement insoluble dans Veau.
29 Il ne devient soluble que lors qu'avec une aliquote d'oxigène de plus, on le rend acide arsenique.
- 3.° On loxide ainsi en exposant l’oxide et l’eau à une température entre 40 et 80 R. ou quelquefois en oxi- dant une partie de l'oxide employé, aux dépends de l'autre partie, qui se désoxide d'autant,
+ L'arsenic oxidé par l’eau est plus ou moins soluble
selon la température ; ainsi :
à 80R. 1 part.arsenic est solub. dans 12,345 part. eau, BA OO a RS PRET QUEUE, 16 17 nn X 0 PT ND Es +. 400
DRE Sn GUNTens vue ot 000
. 11 faut pour oxider l'arsenic par l'eau dans les tem- pératures moyennes, laisser l’oxide en contact avec l'eau, pendant 14 à 20 jours.
. Anazyse véGérALE. Mr, de Grotthous a appliqué avec succès l'action de la pile voltaïque à la séparation des composans secondaires des végétaux. Il a remarqué que le principe extractif, soumis au pôle négatif, s'y sépare de l'acide qui lui est ordinairement adhérent dans les so- lutions aqueuses, et s'amasse en flocons autour de ce pôle ; tandis que, les solutions pures du principe sucré, de la gomme, et du principe savonneux, ne déposent au pôle négatif aucune substance insoluble; et que le principe savonneux même , s'accumule au pôle positif,
+
78 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES
Les couleurs des solutions changent aussi plus ou moins aux deux pôles, et souvent en même temps. Les prin« cipes colorans végétaux paroissent assez ordinairement au pôle négatif, comme le font les oxides métalliques. Le tannin s'attache au pôle négatif; et l'acide gallique, au positif. La décoction du bois de campèche prend au pôle positif une couleur d'or et une odeur acide ; au pôle négatif elle devient brun rougeûtre , et laisse pré« cipiter des flocons bruns, avec dégagément d'odeur am- moniacale. La solution d'amidon (tirée du froment). de-. vient plus fluide à l'un et à l'autre pôle; au positif, elle prend une saveur acidule ,:et répand une odeur d'acide oximuriatique ; au négatif, elle acquiert une sa- veur douceitre.
Les effets chimiques de la pile sur les composés d'o- rigine organique présentent un vaste champ de recher- ches, et promettent des découvertes. Peut-être chan- gera-t-on les uns dans les autres ces nombreux acides végétaux que de foibles lignes de démarcation séparent, Qui sait si la fermentation , la germination, la matu- ration des fruits, etc. tous ces secrets du monde organi- que , ne seront point dévoilés par l'influence puissante , et comme magique de cet appareil ?
Le Prof. Docbereiner a entrepris à Jena une suite d’ex- périences sur la fermentation, dont voici les principaux résultats.
1.2 Le levain perd sa force lorsqu'on le traite par lesprit-de-vin. Il n’est plus susceptible de produire la fermentation.
2.0 Les observations microscopiques les plus exactes n'ont jamais fait apercevoir d'animacules microscopiques dans le levain de la bière. |
3.0 Cette levure, augmentée d’une grande proportion d'eau, et fortement exprimée ensuite, sé combine avec le sucre, en un composé mielleux qui, de lui-même ne fermente pas mais qui devient fermentescible lorse
ete à D
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS , 79 qu'on le délaye dans l'eau, où il se décompose de nouveau en levure, et en sucre.
C'est un fait digne de remarque, que de voir que l'al cool, qui est le résultat ordinaire de l’action du ferment sur la matière sucrée, enlève à ce même ferment sa propriété caractéristique, si on le lui applique dans son état de pureté. On doit aussi s'étonner de voir le levain, et le sucre se combiner Psnene et complètement en miel lorsqu'ils ne contiennent qu'une petite quantité d'eau ; tandis que, plus larsement délayés, ils s'attaquent réciproquement avec cette énergie qui caractérise toute la série des phénomènes de la fermentation spiritueuse , et qui dénature tout-à-fait , l'un et l’autre de ces ingrédiens,
SCIENCES MÉDICALES.
Sa médecine , Roprnent dite , ne nous paroït pas avoir fait les mêmes progrès que les autres sciences dans la période qui vient de nous occuper. La nature et les causes des maladies, ainsi que la manière d'agir des remèdes , sont trop obscures pour donner Léu” à de grandes découvertes & priori. Ce n'est qu'à l'aide d'observations mulipliées et d'une longue expérience, qu'on est parvenu à s'assurer des vertus de tel ou tel remède. On ignore même absolument encore comment la plupart de ceux dont l'efficacité dans telle ou telle ma- ladie a été bien constatée, tels que le kina pour les fièvres intermittentes et la gangrène , le mercure pour les maladies vénériennes , etc. opèrent leur guérison.— Une théorie séduisante par sa simplicité, et qui, ré- duisant toutes.les maladies à deux grandes classes, selon quelles paroissent dépendre d'un excès, ou d'un manque de ion , ne reconnoissoit par conséquent que deux classes de remèdes , ceux qui diminuent , et ceux qui augmentent les forces, cette théorie, disons-nous, originäi- rement proposée par un Dr. Ecossais ( W. Brown }
80 APERÇU DES DÉCOUVERTES RÉCENTES qui ne jouissoit, dans son pays même , de quelque réputation que parmi les étudians les moins distingués, avoit eu pendant quelque temps de nombreux secta- teurs en Allemagne et en Italie, même parmi des mé- decins du plus grand mérite. On a commencé à en reconnoître l'abus. On est revenu peu-à-peu à l’ancienne méthode d'Hippocrate , essentiellement fondée sur l’ob- servation ; et si les médecins sages se permettent au- jourd'hui des théories et des raisonnemens dans la pra- tique de leur art, ce nest qu'entant qu'ils sont fon- dés sur le rapprochement d'une longue suite de faits bien constatés , et que le hasard plutôt que le génie, a fait découvrir. Aussi ces théories ne sont-elles, à proprement parler, qu'une classification de ces faits, plutôt qu'une explication. On ne doit donc pas s'atten- dre d’une année à l'autre à de grandes améliorations dans l'art de guérir par les remèdes. Trop d'obstacles s'opposent à ce qu'il se perfectionne bien rapidement pour pouvoir espérer à cet égard de grands progrès.— On peut cependant citer comme des découvertes neuves et intéressantes pour la pratique , les observations ré- cemment publiées en Angleterre sur l'utilité de l'huile essentielle de térébenthine , administrée en grandes doses , pour l’expulsion des différentes espèces de tænia, et même pour l'épilepsie; celles de MM. Schoolbred et Tymon sur l'emploi de la saignée dans l'hydrophobie, les recherches de MM. Orfila et Emmert sur la ma- nière d'agir des poisons ; les observations des Drs. Wells et Blackall sur la coagulabilité des urines dans certains cas d’hydropisie , etc. On peut encore féliciter l'humanité des améliorations récentes qu'a subies le trai- tement moral des insensés, sur-tout par les soins des Quakers du Yorkshire ; on peut enfin citer avec éloge quelques Recueils très - bien faits, qui avoient manqué jusqu'à présent à l'art, tels que l’histoire des maladies de la peau par les Drs. Willan, et Alibert, etc. Mais après
TABGIQUES
Faites au JARDIN hs du niveau de la Mer : Latitude 46°. s de PARIS.
S 16. ES ——Ù—_—_ EEE
2 . T 5 sl: Ë Baromètre, 2° 2 — OBSERVATIONS DIVERSES. SAT cer. du Sol à = het ; Pouc.lig.seiz. | pouc.lig.| 1 27. 2. o27. 1} | 2 — 1. 11 — 3 26. 11. 14] — 4 27. Le 14|— 1 ‘6 PE FRE CE LA chute de neiges assez abondan- 6 — 2 $|[— tes qui ont fondu presque immédiate- 7 À 2 D 26: 10. 11/:6. 1 ment et ont rempli les terres d’eau, a 8 à a F4 M \dsuspendu presque tous les travaux de Re. PEN M la campagne ; cet état du sol a paru Ji — 9. 61— Peu convenable pour les blés, sur-tout 12 — 8. 13|— avec le brusque refroidissement de la 15 DR ANA température dans les derniers jours du 14 PP TEST Son | 15 [æ) _ 7. 10|— | 16 — 9. L2E— 1 17 27° I. 4f— 1 18 26, 1x. S— 1: 19 7 10. 12]— I 20 DEV 7h ET 21 C L— 7. :1:— 22 GUN do dE Déclinaison de l'aiguille aimantée » à #4 ar e, £ A l'Observatoire de Genève le 31 Janv. 25 — 5 9|— 20° 1$". 26 M à TI STempérature d'un puits de 54 p. le Li CR ou LR Janv. + 8, 7. 28 re OE he LS a 2 @ h27. o. 127. < 30 — 0. 13 | — Le 31 ART MN TI OURS
Moyennes. À 26.10. 1,63126. 9.1
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Moyennes.
TABLEAU DES OBSERVATIONS METÉOROLOGIQUES
Faites au JARDIN BOTANIQUE de GENÈVE: 395,6 mètres ( 203 toises) au-dessus du niveau de la Mer : Latitude 46°. 19’. Longitude 15°. 14". ( de Tems ) à l'Orient de l'Observatoire de PARIS.
OBSERVATIONS ATMOSPHÉRIQUES.
l'herm. à l'om-
bre à 4 pieds
Baromètre. de terre, divisé
en 80 parties.
Lev. du Sol.| à = heures. EL.du S. | à 2h.
Pouc.lig.seiz.|pouc.lig.seiz. E Dix. d. [Dix. d. nr
27 2. “of27. Je 7% I. 5-0, 5 — Ms Al O0) NT 3- o© 0. 5 20. 1114|— O. 1 2,05 2, O 27. Le 14l— 2 15 ROC )] EL CS — Ze 1]— 2. 11 3. ©o| o. 4 2 — 1. 2 3+. © 3e 7
26. 10: 11|26. 10. 108+ 2. 4 1, 8 27. «O. 10|27. O* 5 0.312. 0 26. 11. 1126. 10. 6+ 3. o| 4.2 — 9. CE GJON) 6, 8 Se 4 OC ET) 2. 7| 4.8 T8 13]. 9 sh 3 oo ur oO) TON? à QC) NT: OA m0 ENONCE) 2,9 ON: Den ON ON EDEN SN) 1. 5 3. oO
0 ENT 6 DEN NE TRE) COR OT ESS 15 CT) ES GI), 26, 11. SÙ— 11 38 2. 8] ro mt 1012) =Nrc 6 CH 2. 8 mn CO NC CO ET OO Gt) LS À FINS RON RS o. à 16 0 LOIR ER ECO O0. 2l— 2, 8 FM OS = 9 o. 814 2. ç ON SO) ADO) ln TES) mn Sa le 5 10 1 0|" 2,8 — 6. 10|— EVE Ho Un AN O0 9- 148 oo. 5| 2.5 2H OS RET 8 1. S|— 3. o moi) SON É NO NES 11. O| 4. o
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Hygromètre. à cheveu.
Pluie ou neige en 24 heures.
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DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 8x
&près tout, ce ne sont là .que des objets particuliers, qui comptent à peine dans le grand nombre , n'ont presque aucune influence générale sur la pratique et n'empèchent pas qu'on ne puisse dire que nous ne som- mes guères plus avancés dans l'art de guérir les mala- dies internes que ne l'étoient nos devanciers.
Il n'en a pas été de mème des sciences analogues à la médecine, La physiologie, qui nous apprend la ma- nière dont s'opèrent les diverses fonctions du corps animal , l’ygiène , ou la prophylactique , qui s'occupe essentiellement des moyens de prévenir les maladies ow d'en détruire les sources , et la chirurgie, ou l'art de rétablir par des opérations manuelles, le jeu des orga- nes , dont quelque cause accidentelle a dérangé la struc-
“ture , ou de les retrancher, lorsque leur désorganisa- tion menace la vie des malades, ont depuis quelques années , fait à bien des égards des progrès remar- quables.
En physiologie , les travaux de MM. Wollaston Home , Brodie , Bostock , Marcet, en Angleterrre ; Le Gallois , Magendie , De La Roche, en France ; Jacopi , Rasori, Monteggia, en Italie ; Berzélius, en Suède, etc. ont jeté un grand jour sur les phénomènes qui doivent conduire à une bonne théorie de la respiration et de la chaleur animale , ainsi que sur les fonctions de la rate , des reins, du canal alimentaire , sur le mouve- ment dont les vaisseaux lymphatiques sont susceptibles, sur l'influence qu'exercent le cerveau et la moëlle épi- mière sur le cœur, les vaisseaux sanguins et d'autres organes , sur l'analyse chimique des fluides animaux, etc. Îls ont du moins réfuté bien des erreurs accrédi- tées , et nous ont mis sur la voie d'arriver plus facile. ment un jour à la vérité. ”
Quant à la prophylactique , la belle découverte du Dr. Jenner sur la vaccine , propagée jusqu'aux derniers
Sc, et arts. Nouv. série. N ol. x. N°. 1. Janv.1816. F
82 APERCU DES DECOUVÉRTES RÉCENTES confins de l'Asie, a partout arrêté ou réprimé les ra - | vages de la petite-vérole ; et si quelques préjugés po- pulaires empêchent encore cette salutaire pratique d'être généralement adoptée , il y a lieu de se flatter que le suffrage et l'exemple de tous les gens éclairés; les ex- bortations de tous les vrais philanthropes triompheront bientôt de ces obstacles , et parviendront enfin à ban- nir entièrement du monde l’un des plus grands fléaux, qui pendant plusieurs siècles , aient affligé l'espèce hu- maine. — D'un autre côté, une heureuse expérience a partout confirmé l'utilité des fumigations d'acides mi- néraux pour la destruction des miasmes contagieux ;'et graces à leur emploi, à la vigilance des Gouvernemens pour arrêter prompteiment les progrès de la ‘contagion, aux mesures de ventilation et de propreté, qu'on a sagement adoptées dans les hôpitaux, dans les dispen- saires et dans les maisons de guérison, tout nous fait espérer qu'on ne verra plus repäroître ces funestes épi- démies de fièvres malignes, qui autrefois désoloient si fréquemment l'Europe , ou du moins , que lorsqu'elles se manifesteront quelque part, on ‘parviendra bientôt à les détruire.— Les fumigations ne sont pas le .seul ser- vice que la chimie aït rendu à la prophylactique. Il n'y à pas jusqu'au gaz méphitique des houillères et des mines ( gaz qui jusquà présent coûtoit annuellement la vie à un grand nombre de victimes , par son in- flammabilité et les funestes explosions qui en résul- toient ) dont le génie d'un fameux chimiste ( Sir H. Davy ) ne vienne heureusement de triompher, par l'in- vention d'une lampe , construite de manière à éclairer les mineurs dans leurs travaux, sans les exposer à en- flammer ce gaz.
La rue enfin à, depuis oise années ,: Sin gulièrement perfectionné la plupart des procédés opéra- toires; et sans parler des utiles travaux de MM. Percy, Pelletan, Boyer, Dubois, en France; Richter, Prochaska,
#
RE de ee CE hs: :
DANS LES SCIENCES ET LES ARTS. 83 Bommering , en Allemagne; Scarpa, Jacopi, Montegoia, Assalini, en Italie ; il suffira, pour justifier cette asser-
tion , de citer les ouvrages de quelques chirurgiens An-
glais, tels que MM. Bell, Cooper, Saunders., Adams, aux découvertes desquels notre compatriote , le Prof. Maunoir, a si heureusement participé, par les siennes propres. Ce sont eux qui nous ont enfin appris que les plaies les plus graves peuvent se guérir très-promp- tement par la première intention , sans assujettir les malades à ces longues suppurations , qu'on croyoit au- trefois nécessaires ; que des ligatures préalables sur la partie saine de l'artère, rendent incomparablement plus sûre l'opération de lanevrisme , jadis si fréquemment fatale: par les hémorrhagies subséquentes ; que pour
rendre la vue aux aveugles, dont la prunelle a été ac-
cidentellement oblitérée , on peut, par une double in- cision de l'iris, dans une direction perpendiculaire à celle de ses fibres ; pratiquer une pupille artificielle, que cette aitention , méconnue autrefois , rend perma- nente et met pour toujours à l'abri de s’oblitérer de nouveau.— On est même parvenu à réunir compléte- ment des parties du corps qu'un accident avoit entiè- rement séparées , à leur rendre leur vitalité, à renou- veler enfin l'art des greffes animales , qui avoit autre- ) fois rendu si célèbre le nom de Tagliacozzi , , et qu'on a retrouvé jusques dans les grandes Indes , où il est depuis long-temps en usage parmi les chirurgiens du
‘pays. Nous avons rapporté daps la Bibliothèque Britan-
nique les expériences intéressantes de greffes opérées avec succès en Ecosse et en Italie. On en trouvera d'autres exemples dans un Traité que le Dr. Carpue vient de publier à Londres sur le même sujet, et
dont nous rendrons compte incessamment.
Il est inutile de s'étendre davantage sur ces décou- verles , et sur les autres que nous pourrions citer en- core. Elles sont ou seront probablement consignées
84 APERÇU DES DÉCOUVÉRTES RÉCENTES
dans un grand ouvrage ( le Dictionnaire des sciencef médicales \, commencé depuis deux où trois ans à Paris, et qui est destiné à faire connoïitre en détail Yétat actuel de la médecine, considérée dans toutes ses branches. Quelque inexactes que puissent être dans quelques articles les compilations de ce genre, elles sont cependant d’une grande utilité, sur-tout pour une science qui, comme celle dont il est ici question , ne consiste que dans le rapprochement d'un grand nombre de faits peu susceptibles d’être réduits à un petit nom- bre de principes généraux. Un ouvrage qui en présente le résumé et qui indique les sources, où l'on peut, au besoin, en retrouver toutes les circonstances , ne peut qu'intéresser beaucoup les gens de l'art, en leur épargnant bien des recherches laborieuses et souvent inutiles. C’est pourquoi nous ne saurions mieux termi= ner cet article qu'en renvoyant nos lecteurs à ce Dic- tionnaire , ainsi qu'à un autre ouvrage périodique du même genre, ( le Journal universel des sciences médicales } dont le Dr. Régnault de Paris vient de publier le pre- mier Numéro , et qui s'annonce sous les plus heureux
auspices (1 *
(1) Voyez le Journal général de France, du 8 avril 1816.
PHYSIQUE.
nn.
TRAITÉ DE PHYSIQUE EXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE ; par J. B. Bror, Membre de l'Académie des Sciences, Adjoint du bureau des longitudes, Professeur au collège de France et à la Faculté des sciences de
* Paris; des Soc. Royales de Londres » d'Edimbourg, etc. 4 vol. 8.° de plus de 500 pages chacun, avec fig.
(Premier extrait). h | ©
Ex nous exprimant naguères (1) avec amertume sur
la cause présumée du discrédit dans lequel il nous
semble que sont tombées les études physiques en
France , nous annonçames deux ouvrages que nous » croyions propres à les relever; celui de Mr. Beudant ’ qui venoit de paroître, et celui de Mr. Biot qu'on at- « wendoit avec impatience, et que nous avons en ce mo … ment sous les yeux. Le premier porte le titre d'£ssai d'un Cours élémentaire et général des sciences physiques ; À cest un volume, grand in-8.° , de 640 pages, avec 13 . planches gravées au trait; le second, intitulé, Traité de Physique expérimentale et mathématique , forme quatre gros volumes (le dernier a 778 pag.) en caractère menu, accompagnés de 21 planches.
Avec des titres aussi ressemblans , ces deux ouvra- “ges ont des caractères très-différens , et ils ne sont pas faits pour le même ordre de lecteurs. Le premier est “ véritablement un Cours de physique, mêlé de théorie
me
(1) Page 21 du cahier précédent. Sc. et arts, Nouy, série, Vol, 1, N°, 2, Févr. 1816. G
86 Pursridous
et expériences ; il est complet, en tant que toutes les branches qu'on attribue ordinairement à cette partie des sciences naturelles , et qui lui appartiennent réellement par leur dépendance réciproque et leur enchaîinement Nécessaire , y sont, sinon développées et traitées à fond , du moins passées en revue, én indique int à mesure, les principes fondamentaux , les expériences qui les appuyent, et les résultats obtenus par les phy- siciens qui passent pour les plus exacts. Les découvertes les plus récentes sont indiquées ; à-peu-près rien n'est oublié ; et deux tables, l’une analytique au commen- cement du volume, l'autre alphabétique, à la fin, faci- litent toutes les recherches.
On peut deviner, d'après l'étendue qu'embrasse le travail de l'auteur, qu'il n’a pu aprofondir aucun des objets qu il a réunis dans un seul volume , et que son ouvrage n’est guères susceptible d'extrait. Nous dirons Smet que son caractère essentiellement élémentaire, le rendra particulièrement utile aux élèves, qui y trou- veront tous les principes de la science clairement ex posés, sinon démontrés; et une grande quantité de faits, à l'appui des théories. Pour les professeurs, ce volume sera souvent, un répertoire de résultats plus ou moins importans et choisis; et toujours un syllabus commode pour ne rien oublier dans un enseignement suivi. L'auteur annonce qu'il va s'occuper de deux ou- vrages entrepris sur un plan analogue; lun sur la chimie, l'autre sur l’histoire naturelle; ce travail sera surement accueilli des maîtres et des disciples.
Toutefois ,.sous le rapport didactique, il ne nous semble pas que l'ordre adopté par l'auteur soit le plus convenable. Par exemple, on a dépassé la moitié du volume avant qu'il ait été question du calorique: or, qui ne sait que cet élément, ou cette force (comme on voudra l'appeler ) joue un si grand rôle dans la na- ture, et modifie tellement tout, que l'ordre naturel
4 EXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE. S exige, en quelque sorte, impérieusement , qu'on l'étudie, d'entrée, sous peine de laisser imparfaites un grand nombre de notions importantes et fondamentales, telles » que celle de la température, celle de la constitution des L liquides, des fluides élastiques, vaporeux , aëriformes, etc. | Nous considérons , en général, l'ordre des connois- … sances dans chaque branche d'un enseignement régu- 1 lier, comme une condition beaucoup plus essentielle quon ne le croit communément ; non-seulement cet "ordre facilite et accélère l'acquisition des idées à mesure qu'on les recoit; mais il contribue essentiellement à les fixer dans la mémoire; et bien plus, il prépare l’en- tendement à recevoir , à classer, à loger, pour ainsë + dire, dans autant de cases formées à l'avance , les i notions, à mesure que le hasard, ou l'étude les procu. {
TE
rent ; elles se coordonnent dans la tête sans effort, et s'y retrouvent au besoin, comme les marchandises dans un magasin bien distribué.
Si l'ouvrage de Mr. Biot étoit un Cours de Dhrrique s Ja réflexion que nous a suggéré celui de Mr. Beudant } lui seroit bien plus applicable ; car, indépendamment d'un grand nombre d'omissions d'articles importans qua ont toujours fait, et nous semblent devoir toujours faire, partie d’un Cours de physique , dans le sens ordi- _naire du mot, tels que les principes élémentaires de la 1 “statique , de la mécanique, de l'hydrostatique, de
‘hydraulique , l'exposé des lois de la pesanteur, et de celles. du mouvement; etc. etc. sans parler, di- » sons - nous , de ces omussions, les objets qui trouvent Place dans ce Traité y sont iutroduits dans un ordre [sont il est difficile de deviner le principe: nous allons À proposer l'énigme à nos lecteurs, dans le simple énoncé
s titres des premiers chapitres. LA lg L De la balance, et de la manière de s'en servir. Chap. IL. De la construcuon du thermomètre, etc. ‘Chap. JL. Sur les destructions et reproductions de cla- G à
88 Paystques
leur qui sobservent pendant le changement d'état des corps. Chap. IV. De la pression atmosphérique et du baromètre. Chap. V. Rapports du baromètre et du ther- momètre. Chap. VE Loi de la condensation et de la dilatation de l'air et des gaz, etc. Chap. VII. Des pom- pes à liquides et à gaz. Chap. VIII Mesure de, la dila- tation des corps solides, etc......»
L'initiative donnée à la balance sur tous les autres appareils du physicien , et en général la priorité ac- cordée à la description détaillée de certains appareils, de préférence à l'exposition régulière et synthétique des principes de la science, ne nous paroît pas suffisam- ment motivée dans le commencement du premier cha- pitre, qu'on peut donner pour exemple de la plupart des transitions qu'on rencontre dans le cours de l'ou- vrage. En voici les premières lignes.
» La première chose qui soit nécessaire au physicien ; c'est une balance. Quoique ce genre d’instrument soit très-commun , la manière de s'en servir n'est pas com- mune. Il faut des précautions particulières pour les ap- proprier aux besoins de la physique ; c'est pourquoi je crois devoir entrer dans quelques détails sur leur théorie , etc. »
Et d'abord, il nous semble que dans l'ordre des con- noissances qui appartiennent aux sciences d'observation, les notions de #resure précèdent naturellement celles de poids; car #étendue est une propriété nécessaire de la matière ; les trois dimensions qui constituent tous les volumes physiques; la dimension linéaire, génératrice des deux autres; l'importance de cette première, les moyens physiques et mécaniques de l'obtenir et d'aider les sens jusques dans les dernières limites perceptibles de la division de la matière , etc. Cette entrée en physique nous sembleroit plus opportune que celle par la ba- lance.
Ge mode de tractation expose encore l'auteur à un autre
PE on do es ts CHE ÉD
EXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE. 8ÿ
inconvénient, qui se reproduit bien souvent dans le cours de l'ouvrage. Dans la première page il s'adresse sans doute au plus novice des commencans; car il lui apprend que « les corps matériels sont constamment sollicités par une force qui tend à les rapprocher du centre de la terre, vers lequel ils tombent en effet lorsqu'ils sont libres; cette force s'appelle la pesanteur terrestre, ou la gravité, etc. » (page 1).
Mais dans la page suivante , décrivant la balance, l’auteur suppose un élève déjà bien habile; car il lui parle d'une « aiguille dirigée dans la verticale du centre de gravité, au-dessus ou au-dessous de ce point.....» «Le centre de gravité du systéme seroit alors situé dans la verticale du point € , etc. » Ces disparates frappent, dans un ouvrage didactique.
Un physicien qui se rappelleroïit d’avoir Ià dans l'ou- vrage de Mr. Biot des détails pratiques sur la ds#il/a- &ion, où iroit-il les rechercher? certainement pas là où ils sont, c’est-à-dire, dans le Chap. IT sur le thermo- mètre , à propos de la nécessité d'employer dans cet instrument le mercure bien pur, condition qu'on ob- tient en le distillant; « on forme, dit l'auteur, un vé-
ritable a/ambic, en plaçant la substance que l’on veut distiller, dans une cornue de verre, ou de porcelaine,
et recevant les vapeurs dans un ballon de verre, que l'on fait communiquer à la cornue au moyen d'un tuyau de verre qu'on appelle une allonge, etc.» Certes tous ces détails sont bons et utiles (en distinguant toutefois
Ha distillation à l'alambic, de celle à la cornue} mais, … non erat hic locus. | à
… L'élève qui aura étudié l’hydrostatique, et celui qui … en ignore les principes , seront également embarrassés - en lisant, pag. 72 (à l'occasion du baromètre ). «C'est
ainsi, par exemple, qu'un navire qui flotte sur l'eau est soutenu et soulevé de bas en haut par la pression latérale de l'eau qui l’environne. » Le premier de cesélèves,
A
_
06 PHys1QuE
qui aura appris ailleurs que les corps flottans sont soutenus
‘par la pression de bas en haut des molécules du liquide sur lesquelles repose leur base, croïra peut-être que cet effet indiqué de la pression latérale , est une décou- verte nouvelle , dont la haute ét juste opinion qu'il a de l'auteur ne lui permettra pas de douter; l'autre, ad- mettra peut-être en principe , que les corps flottans sont soutenus par la pression latérale du liquide, et répondra à toutes les objections qu'on pourra lui faire, par l'avro e@x, et sans vouloir admettre la possibilité d'une air Quant à nous,
Ubi plura nitent in carmine non ego paucis
Offendar maculis. ...…
Ajoutons une seule lettre au titre de l'ouvrage qui
nous occupe; au lieu de Traité, disons : Traites de phy- sique expérimentale, etc., qu'il soit seulement collectif , sans prétention à être complet, alors, presque toutes nos remarques. critiques disparoissent , et font place à une approbation qui, dans certaines parties de l'ou- vrage, approche de l'admiration pour les qualités et les moyens dont l'auteur est doué comme physicien.
Cependant, même sous ce dernier point de vue; nous hasarderons encore une remarque sur l'inégalité rela- tive, en étendue, des divers Traites que renferme l'ou- vrage. Ainsi la lumière seule en occupe près de la moi- tié; et cette modification particulière des rayons lumi- neux , quon a désignée sous le nom de polarisation, absorbe seule un volume presque entier. Nous sommes bien loin de contester l'intérêt de ces deux sujets, comme objets de recherche, intérêt que nous parta- geons vivement; mais, la place qu'ils prennent dans la collection a dû pourtant en exclure d'autres, qu'on nous pardonnera de regretter.
La part de la critique est faite; il nous tarde de tenir un autre langage.
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EXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE. ot
* Les recherches particulières à Mr. Biot occupent une grande place dans Fouvrage; et les physiciens doivent s'en féliciter; ce savant possède un ensemble de moyens rare, et bien utile au progrès des lumières ; activité ét profondeur de l'esprit ; finesse de sens; adresse dans l'observation, vastes connoissances en mathématiques, et grande habitude du calcul ; tous ces titres le quali- fient éminemment comme l'un des hommes les plus propres à faire marcher la science; et il lui à fait faire de grands pas, par ses travaux personnels. *
Dans la partie de l'ouvrage composée de matériaux qu'il a dû recueillir, il montre une grande sagacité dans leur choix ; et ( chose trop rare en France) beaucoup de connoissances des travaux étrangers sur les mêmes objets, recherches auxquelles il sait accorder leur valeur, et la place qu'elles méritent à côté des siennes. Il rend la même justice aux travaux de ses compatriotes ; et
‘entr'autres à ceux de Malus à qui l'on doit la décou-
verte de la polarisation de la lumière. « Ce genre de recherches , dit-il, (x) doit son origine aux travaux de Malus ; c'est lui qui a ouvert aux physiciens une car-
rière nouvelle, si riche et si féconde, qu'une fois qu'on
y est entré et qu'on a saisi le fil des phénomènes, les
découvertes se présentent d’elles-mêmes à chaque pas.
Ainsi, avant tout, j'exposerai les propriétés fondamen- » JEXP Prop
tales qu'il a reconnués dans les actions des corps sur
la lumière; je décrirai les appareils nécessaires pour les
observer , pour les mesurer avec exactitude; je ferai
‘connoître ensuite ce qu'on y a ajouté. »
L'union constante que l'auteur a su introduire et maintenir dans son ouvrage cntre les méthodes expéri-
mentale et mathématique est un des caractères qui le
distinguent , et ïl relève particulièrement son mérite aux yeux des physiciens instruits, et plus ou moins
(1; Tome IV, page 253,
D» PHysique
versés dans l’analyse. Voici comment il justifie la forme qu'il a cru devoir adopter à cet égard; et si nous avions à plaider cette cause, nous ne chercherions , ni ne trouverions pas de plus habile avocat, «Il faut dis- tinguer, dit-il, (1) l'usage raisonné du calcul, de l’a- bus qu'on peut en faire. Il est inutile sans doute, d’ex- primer sous une forme algébrique , des résultats si simples, qu'ils peuvent être énoncés , compris, et me- surés immédiatement. C'est bien pire encore , si l'on cherche à combiner ainsi, des élémens vagues ou hy- pothétiques ; car on ne fait que réaliser l'incertitude et donner un corps à l'erreur. Mais, quand on a observé avec précision les différens modes d'un même phéno- mène et quon en a obtenu les mesures numériques , quel inconvénient y a-til à les lier par une formule qui les embrasse tous? S'ils sont réductibles à quelque loi simple , mais qui , pourtant , ne s'apercoive pas du premier coup-d'œil, n'est-ce pas l'unique voie pour la découvrir? Si au contraire, la nature de leurs rap- ports est essentiellement composée, ce qui est le cas le plus ordinaire , n'est-ce pas là encore le seul moyen qu’on ait pour en former un ensemble et en obtenir une expression commune, que l'on puisse ensuite in- troduire, avec toute la généralité de son indétermina- tion, dans l'analyse des autres phénomènes, où ces pee miers là jouent un rôle P ».......
» Mais (2) pour que cette ah to (de l'analyse et de l'expérience ) soit utile, on doit observer avec le plus grand soin deux conditions indispensables ; c'est que l'analyse sur laquelle on s'appuie soit rigoureuse , et que les expériences auxquelles on la compare , ou qu'on lui confie, soient très-exactes. Je ne sais même si ce dernier point n'est pas le plus important à re-
(:) Introduction , page XI, (2) Zbid, page xVIn,
EXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE. 93
commander. Car , après tout, si l'analyse est fausse, l'observation le fera bientôt apercevoir ; au lieu que, si les données fournies par l'expérience sont fautives , l'analyse n’a presque aucun moyen de le reconnoître ; elle ne fait que les combiner, et en déduire rigidement de fausses conséquences. Puis, qui nous dira jusqu'où peut aller l’égcarement de l'esprit quand il est certain de raisonner juste sur des élémens qu'il sait être faux? » Ici l'auteur donne un exemple presque risible d'une erreur dans laquelle étoit tombé le fameux Daniel Bernouilli en soumettant au calcul une mauvaise ob- servation du P. Feuillée. Cet accident s'est renouvelé plus d’une fois dans des temps plus modernes; et les géomètres ne sauroient mettre trop de précaution dans le choix des faits qu'ils soumettent à l'analyse pour en tirer les formules destinées à prédire d’autres faits ana- logues.
Notre auteur se distingue par sa circonspection dans ces choix, et par les vues d'utilité pour la science dans l'établissement de ses formules, qu'il cherche toujours à mettre sous l’expression la plus simple, et qu'il con- vertit souvent en tables, à l’usage des physiciens , dans les cas où leur application peut devenir fréquente. Une table alphabétique et raisonnée, des matières, mise en tête de l'ouvrage, facilite toutes les recherches et le transforme en quelque sorte en un excellent Dictionnaire de physique ; dénomination qui lui conviendroit peut-être encore mieux que le titre que nous essayions tout à l’heure
. de substituer à celui qu'il porte, et contre lequel nous
avons réclamé.
Mais il est temps de tirer de l'ouvrage des citations qui puissent donner une idée de ses divers genres de mérite; nous les choisirons de préférence dans les ob- jets que nous aurons lieu de croire les plus nouveaux pour nos lecteurs.
Le premier qui se présente dans cette classe est le
7
94 té Prysi1QvE
baromètre portatif de Mr. Gay-Lussac. Cet instrument est à syphon, mais sans robinet ni bouchon pour con- tenir le mercure dans le transport. La courte branche du syphon est hermétiquement fermée au bout; mais la pression de l'air s'y exerce par un très-petit trou pra- diqué latéralement dans cette même branche. Lorsqu'on retourne le baromètre après l'observation, et pour le transport, la colonne se partage au coude du syphon ; et la portion qui tombe dans sa branche courte, quoi- qu'elle dépasse l'orifice en question, ne s'échappe point par là, repoussée comme elle l'est par l'action capil- laire des parois de cet orifice. La division de ce baro- mètre est tracée sur le tube même; et l'on peut en- core, en se réduisant à n'observer que la moitié de l'étendue absoïiue des variations , renfermer à demeure dans une canne cylindrique de bois, la longue bran- che du tube, et ne laisser que la courte branche à la disposition de l'observateur. Il ne paroît guères possible d'amener cet instrument à un plus grand degré de simplicité, et de facilité pour le transport.
En décrivant le mécanisme ei le mode d'action de la pompe pneumatique ordinaire, à deux corps, l'au- teur parle du procédé connu par lequel la soupape d'aspiration placée au fond de chaque corps de pompe , se soulève un peu, comme d’elle-même,au moment où le piston traversé, à frottement dur par une tige mé- tallique qui porte cette soupape , commence là monter ; et cette même soupape redescend dans son trou conique au moment où le piston commencant à redescenére, refoule la tige qui la porte. Tous les praticiens savent qu'au bout de quelque temps , si cette tige qui traverse le piston est de laiton ou d'acier , elle s'oxide, s'use, et devenant trop libre laisse passer l'air avec elle. On peut remédier à cet inconvénient en faisant ces tiges en platine ; trois an nées d'expérience ne nous laissent aucun doute à cet égard, et nous indiquons cette amélioration aux ama- teurs,
Sn A -
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LA EXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE. cs
Le chapitre VIIT, dans lequel l’auteur traite de la di- Zatation des corps solides, est un des plus réellement irm- portans de l'ouvrage; car tout ce qui est mesure en phy- sique À c'est-à-dire, à-peu-près tout ; repose sur la con- noissance très-approfondie des variations occasionnées dans les dimensions des solides par les changemens de température ; changemens auxquels il est impossible de les soustraire , et qui , si leur influence n'est pas rigou-
reusement apréciée , rendent plus ou moins incertaines
et douteuses , des déterminations qu'on veut, et qu'on doit, obtenir exactes , jusques à la limite des sens et de leurs appareils auxiliaires , si l'on se prétend phy-
| sicién.
- Aussi notre auteur regarde-t-il , avec raison, la cir- constance suivante comme très-heureuse pour lui. « J'ai eu, dit-il, pour traiter ce sujet, des secours particu- liers : on sait qu'il existoit, sur la dilatation des corps solides, un grand travail fait avec un soin extrême par MM. Lavoisier et La Place, mais les résultats n'en avoient point été publiés. On ignoroit même s'ils avoient été calculés complétement ; et le coup affreux qui avoit tranché les jours de cet illustre chimiste , nous ôtoit Tespoir de les voir jamais paroître. J'ai eu assez de bon-
. heur pour que Mad. Lavoisier ( comtesse de Rumford ) ait bien voulu me confier le tableau de ces précieux
résultats | dressé par Mr. Lavoisier lui-même; elle m'a
« permis de les comparer avec les manuscrits originaux » qui renfermoient le détail des opérations ; cette compa- + raison m'a convaincu que toutes les réductions que les expériences exigeoient avoient été faités avec le plus grand soin, sur des formules composées par Mr: La P Place ; que tous les calculs étoient entièrement termi- … nés, et qu'enfin il ne manquoit plus à ce travail que
la publication. Je l'offre aujourd'hui aux physiciers, grace aux bontés d’une personne si digne par ses ln- mières d'avoir été la compagne d'un homme de génie.»
6 Pnysique + Nous avons transcrit ce qui préeède, autant pour nous joindre à un juste et honorable hommage de vé- nération et de reconnoissance , que pour donner un exemple du soin avec lequel l’auteur attribue à cha- cun sa part dans les emprunts qu'il se fait un devoir d'avouer. Le mérite de les choisir et de les employer, comme il a sù le faire, tient à nos yeux la première place après celui de l’inventeur, qui brille si souvent dans l'ouvrage. Entrons maintenant dans quelques dé- tails. \
Les divers appareils que les physiciens ont employés pour mesurer la dilatation, ou absolue, ou relative, des solides, par l’action de la chaleur, portent le nom générique de pyromètres ; assez improprement , pour le dire en passant ; car ce mot, d'après ses deux compo- sans grecs, signifie mesure du feu; or, ce n'est pas le feu , mais la dilatation qu'il produit, que l'instrument est destiné à mesurer; et, ce qui est pis encore, la plupart de ces appareils ne 7resurent ni le feu, ni l'ex- pansion qu'il occasioune , mais ils indiquent seulement en gros la présence du calorique libre , et son effet sur les solides; ce ne sont donc que des pyroscopes, et nullement des pyromètres. On doit placer dans cette pre- mière classe tous les instrumens dans lesquels, comme dans celui de Muschembroek, par exemple, on a cher- ché à rendre très-sensible l'effet de dilatation , en le multipliant par des combinaisons de leviers, ou par des engrenages. On perd toujours en précision, par ces procédés amplificatifs tirés de la mécanique, bien plus qu'on ne gagne , en aidant les sens de cette manière: à cet égard, comme à tant d'autres, les moyens les plus directs et les plus simples sont toujours à préfé- rer, lorsqu'on vise à une grande exactitude.
Cette considération , qui est surement dans les prin- cipes de l'auteur, et son érudition connue , relative- ment aux productions des savans étrangers, et en par-
ÆXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE. 97 vulier à celles de notre compatriote De Luc, souvent cité dans l'ouvrage, nous ont fait remarquer, non sans quelque regret, que l’ingénieux et exact pyromètre de De Luc, ou plutôt celui de Ramsden , qui lui fournit l'i- dée mère de cette invention, ne füt pas mis en ligne ( neût-il été qu’indiqué ) entre les appareils pyromé- triques réguliers et rigoureux. Il est décrit, avec figures, _ dans les Tréhéa tons de la Société Royale de Londres pour 1778: et on trouve dans le Mémoire , des résul- tats obtenus par ce procédé , qu'il eût été intéressant de comparer avec ceux qu’ont fourni les expériences postérieures , faites en France avec des appareils très- différens. Smeaton, le général Roy, Sir George Schuck- burg, Borda , et Berthoud, se sont occupés successive- ment, en Angleterre et en France, de recherches du - même genre, par des procédés plus ou moins directs, * et tous avec beaucoup de prétention à l'exactitude. Les tableaux comparatifs de tous ces résultats auroiïent orné utilement l’ouvrage.
L'idée fondamentale de Ramsden est une de ces cond ceptions ( malheureusement trop rares en physique } dans lesquelles la simplicité du procédé , contraste avec l'importance et l'exactitude des résultats qu'il pro- cure. On en saisira facilement l’apercu que nous allons tenter.
Prenons deux ‘baguettes À, et B, d'une même ma- | üère , de verre ,» par exemple; réunissons-les à leur ex- d trémité infériehre par une traverse commune, d’où elles * remontent parallélement , à peu de distance l'une de L1 l’autre, La baguette À est fermement arrêtée par le haut,
à un point fr la baguette B demeure libre; elles sont | égales en RAP
Ce système ès deux baguettes est suspendu , par l’ex- « trémité supérieure de la baguette A, dans une jarre
_ cylindrique de verre , qui le dépasse en haut, et qui | est destinée à recevoir de l’eau, de diverses tempéra-
»
Re he
98- Puysique
tures, à l'influence desquelles le système des deux. bas guettes plongeant dans ceite eau sera soumis. Un mi- croscope , portant à son foyer un fil extrêmement fin, et appartenant à un chassis qui environne l'appareil et en est d’ailleurs indépendant, est dirigé, ou suscepüble de l'être, contre la baguette B, sur tous les points de sa lorigueur.
Supposons le microscope pointé contre l’extrémité su- périeure de cette baguette , pendant qu’on a versé de l'eau chaude dans la jarre; cette extrémité devra paroître immo- bile sous le fil de l'instrument ; car, autant la baguette A s’est dilatée de haut en bas, à partir de son point de suspension , autant la baguette B a dû se dilater de bas
en haut, à partir de la traverse qui la lie en bas à la’
première ; ces deux baguettes sont, par notre supposi- tion, de même nature , et de même longueur; par conséquent , la compensation doit être exacte , à l'extré-
mité supérieure de la baguette B; ce point doit done:
paroître immobile.
Mais, si nous associons à la baguette À, ( toujours sup
posée. de verre } une verge de métal, de laiton, par exemple , bien plus dilatable que le verre, par une même température; alors, la compensation de l'allon- gement de haut en bas par le verre , et de bas en haut par le métal, sera trop forte, si celui-ci est de même longueur que le verre ; et on verra monter tel point de la baguette métallique qui se trouve sous le
fl du microscope vers l'extrémité de celle-ci. On fera alors descendre l'instrument, le long d'une coulisse quille.
porte , jusqu'à-ce qu'en répéiant l'expérience on trouve finalement un point de la verge métallique qui paroisse immobile , par effet de la compensation ; alors, la
distance de. ce point, à la base commune des deux ba- guettes, comptée sur la verge de métal , comparée à la,
longueur totale de la baguette de verre, donnera exac- tement le rapport inverse des dilatabilités des deux ma-
pe
EXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE. 09 tières, Si, par exemple, le point immobile se trouvoit
à moitié longueur de la baguette de laiton, la dilata- bilité de ce métal seroit évidemment double de celle du verre; et ainsi de toutes les matières solides qu'on. voudra comparer au verre. . Tout ce qu'il faut pour l'exactitude , se réduit ici à s'assurer qu'un microscope, et un point de suspension, seront mis à l'abri de tout mouvement , tandis qu'om échauffera les matières comparées; et cela est peu dif. ficile, Et, quant à la mesure de la longueur respective des deux baguettes , lorsque leurs expansions se com pensent , la précision qu'on peut aisément y apporter dépasse de beaucoup celle qui suffiroit à la détermina. üon des petites quantités qu'on cherche. Nous n’irons pas plus loin dans les détails de l’appareil ; mais il im- porte encore de dire que son emploi fit découvrir à De Luc, deux faits importans dans cette recherche, faits , qu’à notre granf-ffonnement , l'appareil de Lavoi- sier ne semble point avoir dévoilés. Le premier est que; par un retour lent à la température initiale, la baguette métallique ne revenoit pas exactement à sa première longueur; elle conservoit encore l’habitude de son états et cette disposition ‘varioit selon la nature du métal: “le plomb, par exemple , y étoit beaucoup plus sujet “que le laiton ; elle paroïît être en général d'autant moin- mdre, que l'élasticité du solide est plus grande; le verre, w exemple, ne l'éprouve pas sensiblement, sans doute, parce que son élasticité est physiquement parfaite. L'autre fait, est une différence qui se manifestoit dans dilatabilité comparative des deux solides associés; selon qu'elle étoit éprouvée dans un intervaile plus ou moins considérable de l'échelle thermométrique. Ainsi , pour un changement de 60° dans la température , il falloit une longueur un peu moindre de laiton, pour com- penser la dilatabilité du verre, que pour un change- gement de 30 degrés. Dans ce dernier cas, pour le dire
7400 | Paysiouer#z
en passant, les longueurs respectives du verre et du laiton étoient comme les nombres 21 et 10. C'est-à-dire, qu'une baguette de laiton longue, par exemple, de 10 pouc. se dilatoit précisément autant de bas en haut, qu'une baguette de verre ‘de 21 pouces , de haut en bas, par une différence de 30 degrés dans la température imitiale et f- nale de l’une et de l’autre plongées dans un même mi- lieu. Tel fut le résultat du plus grand nombre de ses expériences (1). Passons à celles de MM. Lavoisier et La Place , que Mr. Biot a le bonheur de pouvoir citer textuellement, soit dans la description du bel appareil imaginé par ces savans , soit dans les résultats obtenus. Il seroit difficile de représenter bien intelligiblement cet appareil, sans l'aide d’une figure ; mais on peut en faire concevoir aisément le principe. La matière di-' latable étoit mise en expérience sous forme de barre , de six pieds de {long , et couchée horizontalement sur des rouleaux au fond d'une at$e qui recevoit l'eau destinée à faire varier les températures. Une des extré- mités de la barre s'appuyoit contre un obstacle im= muable ; l'autre étoit en contact avec l'extrémité infé- rieure d'un levier disposé verticalement, et attaché par lé haut à un axe ou tourillon horizontal, qui portoit une forte lunette, au foyer de laquelle étoit un fil très- fin, pointé sur une échelle divisée, et placée à cent, ou . deux cents toises de distance. On comprend quelle mul- tiplication dans l'effet apparent de la dilatation doit pro- duire le mouvement angulaire d'une lunette, que cette dilatation fait tourner dans un plan vertical, et qu’on observe sur un rayon de cent à deux cents toises. Voici les résultats généraux dans les termes de l'auteur.
« 1.9 Un corps qui a été échauffé depuis le terme de
k la
(1) Smeaton avoit trouvé les dilatabilités du verre et du fai= ton, en passant de la glace à l’eau bouillante , comme 100 à 232%:
EXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE. 10x la congélation jusqu'à celui de l'eau bouillante , et qui a été refroidi ensuite, de l'eau bouillante à la congé-
» lation , reprend rigoureusement ses premières dimen- sions ».
» 2.9 Le verre et les métaux éprouvent des dilatations sensiblement proportionnelles à celles du mercure ; en- sorte quun nombre de degrés double du thermomè-
| tre, donne une dilatation double ; un nombre de degrés triple , une dilatation triple , etc. »
On voit que ces résultats sont en opposition directe avec ceux indiqués tout-à-l'heure d'après De Luc. A quoi Vattribuer ? nous l’ignorons. Nous dirons seulement que, d'après une recherche expérimentale, qui nous est par- ticulière, et que cette divergence nous engage à publier dans un prochain cahier, nous sommes très - portés à donner gain de cause à De Luc sur le premier point , c'est-à-dire sur l'espèce de paresse des métaux à Fépuene dre leurs premières dimensions , au retour d'une même température. Cette recherche es nous avons parlé avoit pour objet l'examen des circonstances qui accompagnent
la lutte qui peut s'établir, et que la nature établit sou- vent , entre trois forces; la cohésion, qui tend à unir qies molécules intégrantes des solides ; la force expansive du calorique » qui tend à les séparer; et une pression sisi naturelle ou artificielle , qui peut modifier ces “deux actions, et qui , d'après nos expériences, le fait siblement, Mais revenons à celles dont Mr. Biot rend ompte, d'après les auteurs eux-mêmes. L'acier trempé leur présenta seul des écarts extraor- aires; et quoiqu'il ne fût échauffé que depuis la con- tion jusqu'à 65°, sa dilatabilité parut aller en dimi- “Auant , d'une manière sensible. si Le verre donna des résultats très-différens , selon sa qualité, son degré de cuisson , et la proportion de ses _ Gngrédiens, En général, il parut d'autant moins dilatas ble qu'il contenoit plus de plomb. Se. at arts, Nouv, série, Vol. 1, N°, à. Févr. 1816, H
:
-ce tableau peut donner lieu à quelques remarques.
“dilaiabilités présentent des différences notables : en pas- . sant de la glace à l’eau bouillante, deux tubes, portant
“longueur ; et un tube de fntglass anglais, seulement de
102 Paysirouez
La dilatabilité du fer varioit beaucoup suivant les dif. férens états où il se trouve; on a reconnu que l'étain des Indes est beaucoup plus dilatable que celui dé Cornouailles ; et que le plomb est le plus dilatable des métaux.
Suit, le Tableau des résultats obtenus sur vingt-six échantillons différens , de verres, et de métaux. Ges résultats sont présentés sous trois formes , pour la commodité des personnes qui voudront en faire usage,
1.0 La dilatation pour une toise exprimée en fractions décimales de ligne , jusqu'aux cent millièmes, pour la différence de la glace à l'eau bouillante ; et avec deux décimales de plus pour la dilatation correspondante à chaque degré des divisions centésimale, et octogésimale,
2.0 La dimension que prend une règle dont la lon- gueur est de cent millions de parties au degré de la congélation , dans les trois circonstances qu’on vient de distinguer.
3.0 La dilatation , exprimée en fractions vulgaires ,
dont le numérateur est l'unité, et considérée de même dans ces trois circonstances. Rien de plus commode que ‘ce choix offert aux calculateurs.
La table est à double entrée; la première colonne verticale renferme le nom de la substance éprouvée ; la seconde, les dates des expériences (elles sont anté- rieures de 11 ‘ans à l’époque déplorée, et si déplorable} les colonnes suivantes donnent en chiffres les résultats , classés ainsi qu’on vient de l'indiquer. L'inspection de
Il y a eu six variétés de verres éprouvés,; : et leurs la même désignation , tubes de verre sans plomb, se di- latent , l'un de 89, l’autre de 91 cent millièmes de leur
81 de ces aliquotes décimales ; ce fra offre le mi nimum de dilatabilité des verres éprouvés.
EXPÉRIMENTALE ET MATHÉMATIQUE. 103
De Luc et avant lui Smeaton , se sont accordés à trouver que le verre , passant de la glace à l'eau bouil- lante , se dilatoit de —— de sa Lu Cette fraction mise en décimales , répond à 84 + cent millièmes; c’est- à-dire à bien peu près, à la moyenne entre les dilatations indiquées dans le tableau pour le /ntglass anglais, et pour un verre de France , avec plomb ; qui sont, respec- tivement 81, et 87 cent millièmes , dont la moyenne
est 84. 7
. Remarquons, à l'honneur de notre savant conipatriote ;/ y quil avoit deviné cette inégale. dilatabilité des verres différens , que les expériences de MM. Lavoisier et La Place ont si bien constatée. Parlant de l'accord parfait des résultats de Mr. Smeaton avec les siens. « Cependant, dit-il, cette conformité singulière pourroit bien n'être qu'accidentelle ; . car je ne crois pas que les différens verres \ayent tous une égale dilatabilité par la chaleur $ on ne voit que trop souvent, quand on les soude, que leurs dilatabilités peuvent être différentes ; car c’est sans doute par-là, que leurs parties réunies, quand elles sont fondues , se séparent quelquefois en se refroidissant , ce qui n'arrive pas quand c'est exactement le même verre. Il-se pourroit done que cette exacte conformité appa= tente vint de quelque compensation, plutôt que d’une pce réelle. » (1)
« Revenons au tableau ; rappelons-nous que la dilata=
nm moyenne du verre est de 0,00084 soit 84 cent mil-
es, et exprimons, celles des autres matières par le me ordre de décimales ; nous aurons l'extrait suivant, que nous tirons du grand tableau, et qui pourra être ile aux physiciens et aux artistes.
H 2
104 PRysieux
Dilatation , de la glace à l’eau bouillante ,en cent millièmes Substances éprouvées. de la longueur.
Verre (diléti-moys.)t4 » 1901. ROSE
rGtuvre EL) LEURS SERA Fañtons. (2) % LUS UNE RES Pérsclees 2) 10e 2080 VE DEP Acier fon rempé;\525 MCE. 2,4 re Acier trempé, et recuit à 65°, à ne Loupe SRE Plombisn As sion abat 0) à HOME Etain des lndes 270, éiia, uuroh (9 Etain d'Angleterre ; 45.1, 4114. + s 5 227 dates 4h til RAS. ARS ÉRE Ocxpux) -ouude. départ 1. ex. 9, 2.044 Or au titre de Paris non recuit . . . . 159 Li, din. Cri reussi, do: 2e Lab Platine ( selon Borda) . . . . . . . . 86
. Il est assez remarquable que les dilatabilités du verre et du platine soient presque identiques , malgré la diffé-
rence totale de nature entre ces deux substances ( 1 },
Parmi les applications de ces résultats , une des plus
+
(1) D'après les expériences pyrométriques très-exactes faites par le général Roy , à l’occasion de la mesure de la base de
Hounslow-heath, avec des règles de verre ( Trans. phil. 1785. } la dilatation d’un tube de cette substance, en passant de la glace à l'eau bouillante, fut trouvée de 0,00078 (78 cent mil- lièmes ); celle d'une verge solide , de même matière, de o,00081, dans la même circonstance ; la moyenne de ces deux dilatabilités donneroit 79 2 cent millièmes, en passant de la glace à l’eau bouillante ; c’est-à-dire, qu’à un demi degré près sur toute cette étendue , un degré de l'échelle octogésimae; de différence de température, répond à un cent millième de changement sur la dimension linéaire du verre ; rapport bien commode pour les calculs, et qu'on peut regarder comme physiquement éxact,"(R)
————— a à
EXPÉRIMENTALE ET MATMÉMATIQUE. 105
fréquentes dans les recherches physiques qu'on veut ren- dre exactes , est la détermination de l'augmentation de vo- Jume qu'éprouve un vase par l'effet de la dilatation Zinéaire de la matière dont il est composé. L'auteur démontre une règle très-simple , savoir, que la dilatation cubique, eu l'augmentation de volume, est triple de la dilatation ‘Tinéaire ; si donc celle-ci, pour le verre , est de 84 cent millièmes , en passant de la glace à l'eau bouillante , elle sera de 3X84—262 cent millièmes, ou à-peu-près deux millièmes et demi , de la capacité d’un vase de verre , en passant de l’une de ces températures à l'autre. En divisant par cent les nombres qui expriment l'effet linéaire , ou l'effet cubique, on aura respectivement , la dilatation correspondante à un degré du thermomètre centigrade : on la trouvera en nombres ronds, de 126 millionièmes, et on obtiendra ainsi la capacité corres- pondante à toute température donnée , entre la glace et l’eau bouillante.
Une autre application bien importante de la recherche sur les dilatations des solides, a lieu dans lévaluation des changemens de longueur que produisent ceux de la température dans ces règles ou barres de métal, ou de verre , qu'on a employées pour la mesure des bases dans les grandes triangulations géodésiques opérées, soit pour déterminer la véritable figure de la Terre , soit pour se procurer un étalon de mesure invariable.
La mesure exacte de la longueur du pendule simple qui bat les secondes dans une latitude donnée, recher. che intimement liée à la précédente, repose encore entièrement sur la possibilité d'arriver à la dernière précision dans les corrections relatives à la température. # Tous les artifices mécaniques , plus ou moins ingé- mieux , par lesquels on a sû opposer la dilatation à elle- même , en la faisant agir dans des sens opposés, pour “conserver immuable , malgré les variations de tempéra- ture , la distance du centre de suspension au cenire d'os
‘ro6 Pnysreoux cillation des pendules appliqués comme régulateurs aux horloges , tous ces moyens compensateurs, disons-nous, supposent , dans leur exécution, la connoïssance parfaite de la dilatabilité des métaux mis en action. On doit à Harrison l'idée première des pendules à compensation, composés de baguettes de deux métaux , de dilatabilités différentes, et assemblés en forme de grille, de manière que la dilatation de l'un des deux agisse de bas en haut, et celle de l’autre de haut en bas, jusques au centre de la lentille ; alors, si les sommes des longueurs de chacun des deux métaux dans cet assemblage , sont en- tr'elles inversement comme leurs dilatabilités respectives, la compensation est parfaite ; puisqu'ils agissent enf sens opposés. On comprend que pour établir cette proportion exacte , il faut connoître avec la dernière précision les dilatabilités respectives sur lesquelles elle repose. L'opposition de ces mêmes forces, mais très-différem- ment employée , procure la compensation qui , appliquée au balancier des montres , valut à Harrison une grande portion de la belle récompense promise pour la décou- verte des longitudes (1). Nous trouvons dans l'ouvrage qui nous occupe, un exemple de l'application de ce même principe aux pendules des horloges , séduisante par sa simplicité , et par l'éloge qu’en fait l'auteur , qui l'a vue exécutée avec succès. On peut la concevoir sans être horloger ; et sans figures ; et la faire ajouter à tout pendule ordinaire , formé d'une verge de fer, ou de Jaiton. Voiei l'idée. ; * Qu'on imagine deux lames égales, de métaux différem- ment dilatables ( laiton et acier ou fer, par exemple}, soudées ou goupillées l’une à l’autre par leur face plane, et ne formant ainsi qu'une seule lame , mécaniquement parlant ; elle se termine de pa:t et d'autre par un pro-
” (1) Vingt mille livres sterling. Voyez pour la description de
œette invention la Bibl. Bibl. Sc, et Arts. T. XI. p. 375.
PXPÉRIMENTALB ET :MATHEMATIQUE.. 107 longement , faconné en tige cylindrique terraudée et portant vers chaque extrémité une masse métallique en forme de boule , qu'on approche ou éloigne à volonté de la lame en faisant tourner la boule sur la tige à vis par laquelle elle ‘est traversée: |
Supposons , qu'à la température moyenne ( de 12 degrés . par exemple) ce système est plan , ou rectiligne, ét qu'on le suspend horizontalement par son milieu à un point fixe , la lame de fer étant en-dessus , celle de laitou en - dessous.
Qu'on élève alors la température de ce système ; la lame de laiton se dilatant plus que celle- de fer , fera eourber l'ensemble de manière que sa concavité sera en dessus ; les boules remonteront ainsi un peu au-dessus de lhorizontale , et d'autant plus que la température s'élévera davantage.
Refroidissez l'appareil au-dessous de la. température moyenne ; l'effet contraire- aura lieu : la lame composée -se courbera de manière que la concavité sera en des- sous , et que les boules descendront au-dessous de l’ho- rizontale ; et d'autant plus que vous réchaufferez plus Fappareil.
Voilà done un moyen de- Gide remonter d'elles-nômes -des masses pesantes quand la température s'élève , et de les faire descendre quand elle s'abaïsse. - Que produit la variation de température. sur la verge æt par conséquent la lentille: d'une horloge ordinaire ? elle fait descendre cette lentille, quand la verge qui la porte se réchauffe ; et elle la fait remonter ren elle se: refroidit. | 2
Ainsi , voilà des variations dans dise sens opposés y produites par une méme cause sur deux systèmes sépa- rés; unissons-les mainteuant ; faisons+les osciller -ensem-- ble ; attachons transversalement , quelque part sur da longueur du pendule ; la lame compensatrice ; ce pendule composé renfermera alors en lui-même le prin-
108 #1 Parsrique
cipe de sa compensation , qu'on rendra exacte par le raprochement ou l'éloignement des masses compensatri- ces, dans diverses températures artificielles qu'on pro- curera à l'horloge. Rien de plus simple et de plus pra- ticable que cette invention. Mr. Biot l'attribue à un horloger de Paris , nommé Martin ; il est juste de le nommer ici.
Nous terminerons cet extrait par une anecdote mé- canique donnée par l'auteur , en exemple de la force prodigieuse avec laquelle les métaux se dilatent, ou se contractent. Nous citerons ses termes.
« Il y a quelques années , au Conservatoire des arts et métiers de Paris, on s'apercut que les deux murail- les latérales d'une galerie s'écartoient l'une de l'autre, et tendoient ainsi à se renverser en dehors par l'effet du poids des planchers qu'elles supportoient. On perca de part et d'autre dans ces murailles , des trous oppo- sés , également espacés , et l'on y introduisit de fortes “barres de fer terminées par des vis , que l’on serra en dehors avec de gros boulons. Cela suffisoit